Décidément ! La crise politico-militaire que connait actuellement la République démocratique du Congo (RDC) n’est pas prête de s’estomper. C’est du moins l’impression qui se dégage, au regard du statu quo sur le terrain. En effet, depuis que les rebelles du Mouvement M23 ont pris, avec leurs alliés Rwandais, le contrôle de Goma, la capitale du Nord-Kivu, le 28 janvier dernier, la situation ne semble pas avoir bougé, même d’un iota, dans le sens d’une résolution.
Sur le plan diplomatique et de la médiation, de Luanda à Lomé et passant par Doha, tout semble au point mort. C’est à se demander ce qui peut encore être fait pour la résolution de cette guerre. Une guerre qui, nonobstant les multiples actions susceptibles de trouver un consensus, continue de causer du tort au peuple congolais . Les acteurs directs impliqués dans cette guerre trouveront-ils, un jour, un terrain d’entente pour le bonheur de la population ? En tous les cas, pour l’heure, l’Est du pays, fief du M23, demeure assez critique avec ses milliers de déplacés qui, à leur corps défendant, vivent des conditions humanitaires toujours exécrables.
Cette situation quasi stationnaire, en raison de l’inaction et de « l’impotence » du Président Félix Tshisekedi à pacifier son pays, inquiète bien d’acteurs politiques nationaux. Ceux-ci, et c’est à juste titre, craignent une éventuelle partition du pays. Le leader du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECIDE), Martin Fayulu, candidat malheureux aux dernières consultations électorales, a déjà sonné l’alarme. Il a alerté sur les risques de fragmentation et de « balkanisation » du pays, appelant à un dialogue sincère.
A l’analyse, cette crainte est bien fondée ce d’autant plus que l’instabilité persistante dans l’Est du pays, les tensions ethniques et les ingérences étrangères rendent complexe toute tentative de conciliation des parties belligérantes. Par voie de conséquence, pour éviter d’arriver à une partition du pays telle que redoutée, les acteurs majeurs du conflit que sont Corneille Nangaa, chef du groupe armé AFC/M23, accusé d’être complice de massacres, Joseph Kabila, ancien Président, dont la présence à Goma laisse planer le doute sur son impartialité et Félix Tshisekedi devront tout faire pour taire leurs égos respectifs et aller au dialogue, condition sine qua non, pour une solution durable.
Au nom de l’intérêt supérieur de leur Nation, il importe qu’ils prennent leurs responsabilités, dépassent les rivalités politiques et œuvrent sincèrement à la préservation de l’intégrité territoriale du pays. Car, après autant d’années de guerre civilo-militaire sans résolution apparente des dissensions, c’est le dialogue qui, au-delà de tous, se révèle être l’unique voie plausible. A ce propos, les organisations sous-régionales telles la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), ne devront pas se faire prier pour accompagner la RDC à sortir, ad vitam aeternam, de son bourbier.
Soumaïla BONKOUNGOU