Assurer la survie

Ce samedi 21 juin 2025, le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, représentant le chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a donné le top départ de la campagne nationale de reforestation. Après le ton donné à Guiba, dans la province du Zoundwéogo, le 14 juin dernier, une semaine plus tard, des vagues humaines venant d’institutions, de ministères et de sociétés d’Etat, de la société civile ont investi divers sites dans les périmètres urbains et les zones rurales pour les reverdir. Des mains noires de terre, des visages ruisselants de sueur et des cœurs battants pour une même cause : celle de participer activement et efficacement à la restauration de la nature pour un pays plus boisé, plus respirable, plus vivable.

Cinq millions de plantes à mettre en terre en une heure ! Pari tenu, est-on tenté de dire quand on s’en tient à la mobilisation et la disponibilité des plants sur les sites de reboisement. Toutefois, cet enthousiasme ne devrait s’estomper dès le coucher du soleil. Les parties prenantes de la Journée nationale de l’arbre 2025 sont interpellées sur leurs responsabilités dans les différentes opérations de reboisement en cours actuellement sur le territoire national. Elles doivent se rendre à l’évidence : « une plante ne parle pas. Elle ne crie pas. Elle ne se plaint pas. Seulement elle meurt, en silence, faute d’eau, de soins, d’attention ».

C’est malheureusement le triste constat quand le bilan des années précédentes de reforestation est dressé avec des taux de survie qui laissent à désirer. La Journée de l’arbre 2025 veut rompre avec cette réalité inhibitrice de tant d’effort pour voir ensuite les arbres mourir dans l’indifférence générale du fait de leur abandon par ceux-là mêmes qui les ont fièrement plantés devant caméras et micros. Les plus hautes autorités ont donné de la voix cette fois-ci :  planter ne suffit plus. Planter est un geste. Entretenir est un engagement. Protéger est une responsabilité. La présente édition s’inscrit désormais sous ce triptyque exigeant.

Elle refuse d’être une simple formalité verte pour se donner bonne conscience. Les enjeux sont ainsi clairement posés. Il revient à tous les Burkinabè de s’engager individuellement ou collectivement à travers un comportement éco-citoyen pour réaliser le rêve d’un « Burkina Faso vert ». L’objectif national est audacieux et mobilisateur. Il affiche sans ambages l’ambition de tout un peuple décidé à lutter contre l’avancée du désert et les effets de serre : parvenir à cinq millions de plants en une heure avec un objectif de 20 millions de plants a la fin de la campagne.

Loin d’être de simples chiffres, c’est un élan national qui est entrepris avec une adhésion tous azimuts pour la régénération du sol, de la biodiversité, de l’avenir. Seulement, à quoi bon de planter autant d’arbres, si beaucoup meurent dans l’oubli ? Les autorités chargées de l’Environnement ont mis les bouchées doubles la campagne passée pour améliorer les taux de survie sur certains sites. Même si le taux de réussite de la dernière édition est appréciable sur l’ensemble du territoire national, la préoccupation demeure. Il faut veiller à la survie des plants.

Il appartient à chacun de devenir un éco-citoyen comme il est patriote. Les opérations de reboisement doivent être entourées de toutes les attentions jusqu’à la maturité des arbres. Il faut en prendre soin de façon constante et permanente. Avec la même ferveur que l’on cotise au Fonds de soutien patriotique (FSP), que l’on adhère à l’Initiative présidentielle « Faso Mêbo », chaque Burkinabè doit veiller à ce que le plant qu’il a mis en terre ait droit à l’eau, à la protection, à la vie.

Cela commence par un geste simple : retourner sur les sites de reboisement pour vérifier, arroser, protéger les plants. Désormais, mettre en terre un arbre ne suffit plus au Burkina Faso. On doit l’adopter un arbre et l’aimer comme un enfant fragile, le protéger comme un bien très précieux. Si chaque citoyen opinait une telle recommandation comme un devoir personnel, alors le pays aurait vraiment lancé et réussi sa révolution verte.

Par Assetou BADOH
badohassetou@yahoo.fr

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