Le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, aux Forces combattantes de la région du Centre-Sud : « Nous nous opposerons à tout ce que ces dominateurs veulent nous imposer »

A l’occasion de son séjour à Pô, le Président du Faso, chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a rencontré les Forces combattantes de la région du Centre-Sud au camp Thomas-Sankara. Le capitaine Ibrahim Traoré, chef suprême des Forces armées nationales a adressé un message important aux Forces combattantes et à l’ensemble du peuple burkinabè. Nous vous proposons l’integralité de son discours.

«J’ai tenu ce matin à venir vous adresser mes félicitations à toutes les forces de Pô et de la région par extension. Félicitations pour le travail abattu. C’est l’une des régions les plus pacifiées et cela ne veut pas dire que c’est fini. Vous encourager aussi à continuer le combat. C’est une zone très dense avec assez de forêts. Certes vous avez pu faire reculer l’ennemi qui avait tenté de s’implanter ici, et je souhaite que vous continuiez à patrouiller dans ces forêts, à vous assurer qu’il n’y a pas cette velléité de retour. Donc, je vous dis félicitations. Mes encouragements pour la suite.

J’espère que je me fais comprendre. Ce n’est pas parce que l’ennemi n’arrive plus à pénétrer que c’est fini. C’est une guérilla et ici nous sommes au Centre national d’entraînement commando. Un commando sait ce que veut dire les infiltrations. L’ennemi est capable d’infiltrer. Il faut prendre cette donnée en compte et rester donc en permanence en veille. Après cela, je souhaite que chacun médite encore sur son engagement. Son engagement parce que nous avons une guerre qui nous a été imposée et aujourd’hui plus que jamais je pense que toutes les forces qui combattent doivent comprendre pourquoi nous nous battons. Je dis souvent aux chefs d’éléments d’expliquer aux hommes pourquoi on se bat. On ne se bat pas parce qu’on veut se battre. On se bat parce qu’on nous a agressés. On est venu nous imposer une guerre. Pourquoi nous-a-t-on imposé cette guerre ? Je pense que tout le monde doit le comprendre parce qu’on veut de nos terres sans nous. Cela n’a pas commencé aujourd’hui. Cela a toujours été ainsi pour l’Afrique. Souvenez-vous de l’esclavage où on est venu déporter beaucoup d’Africains, les bras valides d’ailleurs, ceux qui étaient en l’âge de procréer. Beaucoup sont morts et l’Afrique a été vidée. Puis est venu l’époque de la colonisation où ils se sont déportés chez nous. Ils nous ont massacrés.

Ils ont massacré nos ancêtres. Ils ont tué au maximum. L’Afrique a été colonisée plusieurs fois et aujourd’hui plus que jamais c’est une nouvelle forme de colonisation. Et pourquoi, l’Afrique souffre-t-elle tant ? Parce que nous avons des richesses qui intéressent les impérialistes. Et je pense que tout un chacun de vous doit le comprendre. Si vous êtes en mesure de vous mettre en première ligne, de vous battre jusqu’au sacrifice suprême comme on l’a dit, c’est que vous comprenez le sens de votre engagement. Vous êtes venus pour défendre la Nation, pour protéger cette terre que nous ont léguée nos ancêtres. Les devanciers nous ont écrit l’hymne. Je pense que quand vous écoutez l’hymne du Burkina, ça commence par « contre ». Parce qu’ils se sont opposés à plusieurs formes de colonisation. Le Burkinabè est contre l’humiliation. Nous sommes contre toute forme de domination. Le Burkinabè est contre le néocolonialisme. C’est tout cela que vous devez comprendre. Ils ont écrit l’hymne pour s’opposer à un certain nombre de faits dans ce monde. Ils ont défendu cette terre. Ils nous ont légué la terre et notre devoir, c’est de nous battre et de la défendre également pour la léguer à nos enfants. Aujourd’hui, nous nous battons, mais pas forcément pour nous, mais pour nos enfants. Qui, ici, n’aime pas son enfant pour ceux qui en ont ?
Tout le monde aime son enfant. Si, un danger devait arriver à un enfant, le papa préfère l’affronter pour épargner l’enfant. C’est pour dire que le père préfère mourir pour que son enfant survive.

« Il n’y a pas de raison que nous restions à la traîne »

Nous nous battons aujourd’hui pour les générations à venir, pour leur léguer de meilleures terres et qu’ils puissent vivre à l’aise. Donc, il n’y a pas de réserve dans ce combat. Nous nous opposerons à tout ce que ces dominateurs veulent nous imposer et vous devez continuer à vous battre pour cela. Ecoutez bien notre hymne. Et cela doit vous donner plus de motivation. Engagez-vous parce que, je le dis souvent, le Burkina est très riche. Aujourd’hui, nous
avons grandi en effectif dans les forces armées, dans les forces de sécurité intérieure. En termes d’équipements également, nous avons fait beaucoup d’efforts. Mais où avons-nous eu ces ressources ? Comprenez qu’il y avait de la richesse mal gérée. Et, il y en a encore plus, parce que, comme certains le pensent ou bien peuvent l’imaginer, il n’y a pas cette banque où vous pouvez aller prendre un prêt dans ce monde pour payer de l’armement. Si vous voulez vous armer, vous devez utiliser vos propres fonds. Mais dans un passé récent, nous n’étions pas protégés, nous n’étions pas armés comme eux.

Aux Forces combattantes, le Président Traoré a demandé de se départir des comportements qui mettent en danger leur vie.

Très loin de là. Je pense qu’il y a beaucoup d’anciens ici qui ont vécu la même chose, qui peuvent conseiller aux plus jeunes ce que nous vivions hier seulement et ce que nous vivons aujourd’hui. Et cela doit vous donner de la motivation à vous battre. Cela est très important. Battez-vous pour vos terres. Battez-vous pour léguer un Burkina meilleur aux générations à venir. Battez-vous pour que nous puissions exploiter décemment nos ressources et que cela nous profite. Nous avons lancé plusieurs initiatives. Nos parents au village sont en tous les cas plus ou moins contents de tout ce que nous faisons pour eux en matière d’agriculture, parce que notre population est en majorité agricole, pour tout ce que nous sommes en train de réaliser en termes d’infrastructures routières pour qu’ils puissent se déplacer. Mais tout cela, c’est avec nos ressources. Vous regardez les images des autres pays. Vous aimeriez que votre pays aussi ressemble à ces pays soi-disant développés. Vous pensez que c’est impossible ? Eh bien c’est possible. Je disais à quelqu’un, il y a deux ans de cela, que chez les autres, même les hôpitaux pour les animaux sont mieux équipés souvent que les nôtres ici qui nous soignent, en termes d’équipement. Mais qu’avons-nous fait pour que nous soyons à ce niveau ? Nous allons rattraper et dépasser.

C’est ce qui nous a amené à lancer des programmes également pour pouvoir construire des centres de santé modernes et équipés. Il n’y a pas de raison que nous restions à la traîne. C’est pour dire que tout ce que nous entreprenons, il y a la possibilité de le réaliser. Voilà pourquoi nous le faisons. Et nous allons continuer dans ce sens. Ceux-là qui ont la chance d’aller en stage à l’extérieur, qui font des photos au bord des jolies rues, des jolis immeubles, c’est possible ici au Burkina. Et c’est ce que nous allons faire pour que vous viver à l’aise et bien. Mais pour cela, il faut se battre d’abord. Voilà pourquoi, je dis qu’il faut méditer son engagement, écouter notre hymne et se battre. Vous êtes très courageux, très combattants. Mais souvent, il y a de ces attitudes qui viennent vous causer des pertes inutiles, notamment l’utilisation des téléphones portables. Ceux-là qui vont se montrer incapables de changer, de laisser tomber les téléphones en opération, nous allons les chasser de nos rangs et nous allons les punir sévèrement. Parce que nous n’allons pas permettre que par la faute de quelqu’un qui a une addiction aux téléphones soit la vie des autres en danger.
Vous imaginez, vous êtes en détachement sur votre position, de bons soldats montent la faction, concentrés à leur poste, ils finissent, ils descendent, ils doivent se reposer. Et un saboteur se retrouve au poste avec son portable sur TikTok, 1Xbet, jusqu’à ce que l’ennemi approche, attaque et les bons soldats peuvent mourir dans leur repos.

« Identifier ceux qui ne peuvent pas se séparer de leurs téléphones »

Vous voulez qu’on les laisse dans nos rangs ? C’est ce que vous voulez ? Alors, nous allons les chasser de nos rangs et nous allons les punir. J’ai déjà donné instruction aux chefs militaires d’identifier autant que possible ceux qui ont cette addiction, qui ne peuvent pas se séparer de leurs téléphones. Parce que ce qu’ils font est criminel. On ne peut pas tolérer cela. Certes nous sensibilisons, mais nous ne pouvons pas tolérer. Vous garderez les petits téléphones, cela juste pour appeler la famille, mais s’il n’y a pas de raison, on fait avec. Ceux qui ont des parents magistrats ou autres qui participent au procès des terroristes peuvent se renseigner avec eux. Que ce soit dans les tribunaux, que ce soit les terroristes qu’on prend au combat comme prisonniers, que ce soit ceux qui se rendent, tous à l’unanimité nous disent qu’ils arrivent à réussir certaines attaques à cause de l’emploi excessif du téléphone de nos soldats. Donc, s’il n’y a pas cette conscience de s’en débarrasser, nous allons sévir. Dans peu de temps vous verrez des gens radiés, sûrement en prison, parce qu’ils mettent la vie des autres en danger parce qu’ils ne peuvent pas se séparer de leur téléphone. De toute façon, c’est assez clair. Il y a une note de la hiérarchie militaire qui interdit les téléphones en opération. Après la phase de sensibilisation vient la phase de répression. Nous n’allons pas tolérer que des gens mettent la vie des autres en danger. Même votre propre vie que vous mettez en danger avec le téléphone, vous n’avez pas le droit parce que vous ne vous appartenez pas. Un militaire appartient à l’armée. Vous n’avez pas le droit de faire ce que vous voulez. Vous faites ce que l’armée veut. Aussi, chacun doit pouvoir passer le message pour que nous puissions combattre ce phénomène. Si je le dis avec insistance, c’est parce que c’est assez grave. Ce comportement vient annuler votre courage et nous fait perde souvent de bons combattants parce qu’ils étaient au repos et un faux combattant a fait en sorte que l’ennemi s’approche et attaque, trouvant qu’ils ne sont pas prêt.

Donc, combattez cet usage excessif du téléphone et passez le message aussi clair que je vous le passe à vos camarades et à ceux que vous trouverez, des soldats de toutes les classes. Passez ces messages aussi clairement. A ceux-là aussi qui sont intoxiqués dans les rangs, parce qu’ils sont peut-être aussi intoxiqués par les apatrides qui sont sûrement à l’extérieur et qui continuent de combattre le Burkina sur les réseaux sociaux, à travers les médias… Il faut faire très attention. Lorsque quelqu’un vous dit de ne pas vous battre, il veut vous soumettre. Vous voulez être esclaves ? Vous voulez être dominés ? Donc, il faut vous battre. Il n’y a pas une seule solution. Le Burkinabè ne négociera pas avec son ennemi. Nous allons nous battre et nous allons vaincre. C’est la seule chose qui puisse prévaloir. Il n’y aura pas une seule once de négociation avec qui que ce soit. Ce sont nos terres ; nous allons nous battre. Ceux qui sont venus nous attaquer, mourront sur ces terres.

« Les civils croient en vous »

Nous ne lâcherons rien, absolument rien. Même pas un seul centimètre carré. Donc, je vous souhaite de continuer à vous préparer, de rester toujours en état d’alerte. Même si vous n’êtes pas en opération, il faut rester en état d’alerte. Parce qu’à tout moment, vous pouvez être en opération. Il faut se préparer au combat et cette guerre ne doit pas durer encore. Parce que nous mettrons tout en œuvre pour que le combat reprenne une certaine intensité et anéantir cet ennemi. Félicitations à toutes les forces qui se battent. Nous souhaitons que vous continuiez à faire corps avec la population civile parce que c’est très très important. Nous, on n’a pas connu forcément cet amour entre l’armée et la population civile, il y a des années de cela.

Ce n’était pas facile, c’était des petites bagarres, àn’en pas finir au maquis, au quartier. Mais aujourd’hui, l’armée et la population sont unies et c’est le facteur essentiel du succès des opérations. Vous avez les informations, les renseignements comme il le faut. Vous êtes soutenus moralement. Vous êtes soutenus psychologiquement. Donc, il n’y a pas de raison d’avoir mal au moral. Il n’y a pas de raison de ne pas foncer, de ne pas continuer. Continuez à cultiver cet amour avec la population, continuez à les aider, continuez à participer à les unir aussi parce que notre passé de quelques décennies de mauvaise politique a contribué à fragiliser nos différentes couches sociales, à diviser les gens souvent sur des questions futiles. Parce que vos voix portent. Les civils croient en vous. Aujourd’hui, lorsqu’un soldat se met debout et parle à une dizaine de civils, ils l’écoutent. C’est plus facile pour les civils de mettre en exécution ce que vous êtes en train de leur dire. Donc chacun, autant que vous êtes, doit être un ambassadeur de paix, de cohésion pour nos frères civils.

Continuez à jouer ce rôle également, à profiter de ces instants d’amour entre nous, leur parler, les amener à s’unir, à laisser tomber certains clivages qui sont nés rien que du fait de la politique. Vous devez contribuer à cela parce qu’être militaire, ce n’est pas juste tenir l’arme, courir, tuer. Non, vous êtes formés au-delà de cela. Si, vous défendez une patrie c’est qu’il y a toutes ces valeurs que vous incarnez et que vous devez pouvoir aussi exploiter pour unir vos populations civiles. Bonne formation pour ceux qui sont toujours en stage. Bon courage, on ne lâche pas le moral. C’est dur ici, mais seul les durs passent. Vous êtes durs et vous devez passer. Pour ceux qui sont sur le terrain, je vous souhaite une très bonne chance dans les opérations. Continuez donc à écumer les différentes forêts pour déceler d’éventuelles infiltrations. Continuez à protéger ces populations qui ne croient qu’en vous, qui ne comptent que sur vous. Que Dieu vous accompagne dans vos différentes missions. Que Dieu vous protège tout au long de vos différents combats. Que vous reveniez sains et saufs nous raconter les batailles et que nous puissions construire notre Burkina que nous souhaitons. La patrie ou la mort nous vaincrons ! »

 

Propos retranscris par la Rédaction

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