Formation aux métiers: Ces élèves qui concilient vacances et apprentissage

Le ministre Boubakar Savadogo est entrain de suivre une séance de réparation en plomberie.

Trouver une occupation saine pour les élèves pendant les vacances est une préoccupation pour certains parents. Burkina Suudu Bawdè ou la Maison des compétences du Burkina a désormais la solution à travers son concept « Vacances utiles ». La phase pilote de cette première édition s’est déroulée, du 15 juillet au 15 septembre 2025, à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Immersion dans cette autre école où des apprenants de la 2e vague de Ouagadougou livrent leurs sentiments.

Djémilatou Zongo est passionnée du téléphone portable. A chaque fois que celui-ci tombe en panne, elle est obligée de faire recours à un réparateur. Elle espérait avoir l’opportunité d’apprendre le fonctionnement de cet outil qui l’accapare tant. Eh bien, elle l’a eue grâce à Vacances utiles, initié par Burkina Suudu Bawdè (BSB) ou la Maison des compétences du Burkina. « Je suis ici pour apprendre à détecter les pannes et à réparer les téléphones portables. Je n’avais aucune notion de tout cela.

C’est passionnant et peut-être j’en ferai un métier plus tard », déclare-t-elle. En effet, en cette matinée du 5 septembre 2025 au siège de BSB à Ouagadougou, nous trouvons Djémilatou Zongo et d’autres apprenants en atelier dirigé par Rachid Kaboré et assisté de Charlemagne Diendéré. Devant eux, se trouvent des appareils démontés. Selon M. Kaboré, lui et son collègue sont chargés durant un mois, d’instruire les apprenants sur l’essentiel dans la réparation des téléphones. Il s’agit de savoir bien monter un écran, remonter une batterie, redémarrer un appareil tombé dans l’eau… Pour M. Kaboré, les élèves arrivent à bien assimiler les cours, car ils sont assidus.

En plus, il remarque un engouement chez eux. A l’entendre, la réparation des téléphones portables est un métier qui nourrit son homme. Pour M. Diendéré, on ne peut pas évoluer aujourd’hui sans quelques notions électroniques.
Noura Tabouré et Adora Dakissaga font également partie des bénéficiaires de Vacances utiles. Toutes deux sont des élèves en classe de 4e. Elles apprennent la coiffure féminine comme la tresse, le tissage, les nattes, en plus des soins d’entretien des cheveux. Elles sont formées à ce métier par Fatou Zongo et Patricia Bonégo. A entendre Noura Tabouré, c’est elle qui a demandé à ses parents de l’inscrire à Vacances utiles.

Le DG de BSB, Kèrabouro Palé : « Vacances utiles permet aux élèves de pouvoir s’initier aux métiers pendant les vacances afin de susciter des vocations ».

« J’aime faire la coiffure. J’arrive à faire ce qu’on nous montre. Je compte revenir l’année prochaine pour me perfectionner », dit-elle. Elle croit faire de la coiffure une source de revenus plus tard. Quant à Adora Dakissaga, elle se voit déjà coiffeuse dans quelques années. « Je compte en faire un métier. Beaucoup de mes proches en font déjà. Il y a de l’argent dedans », affirme-t-elle. Les formatrices pensent que les élèves sont motivées et apprennent avec plaisir. Elles les encouragent à persévérer. Elles pensent que savoir faire quelque chose de ses doigts, n’empêche pas la poursuite des études.

L’apprentissage en informatique fait aussi partie des métiers proposés à Vacances utiles. Gaël Palé, Romaric Nacro, Landry Birba… en sont des bénéficiaires. Ceux-ci sont outillés
en Windows, Word, excelle, Power point par Abou Traoré, professeur certifié en maintenance informatique bureautique. Landry Birba, élève en classe de 5e, se dit passionné par l’informatique. Il s’est inscrit à Vacances utiles pour avoir quelques notions qu’il a l’intention d’exploiter plus tard. Satisfait des conditions d’apprentissage, il envisage revenir l’année prochaine pour apprendre plus.

A entendre le professeur, il arrive à prendre en compte les préoccupations de chaque apprenant. Il sent de la motivation et le message passe. Vacances utiles est une innovation du ministère en charge de la formation professionnelle mise en œuvre à Burkina Suudu Bawdè pour la première fois à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Il est question de permettre aux élèves de pouvoir s’initier aux métiers pendant les vacances afin de susciter des vocations. Ils reçoivent une formation modulaire qualifiante d’un mois, sanctionnée par une attestation de formation. Ceux-ci peuvent bénéficier d’une formation en 13 métiers à savoir, la réparation du téléphone portable, la coiffure, la manucure-pédicure, la pisciculture, l’énergie solaire, l’électricité, l’informatique…

L’inscription se fait en ligne et une contribution financière allant de 15 000 à 35 000 F CFA est demandée. Pour le Directeur général (DG) de BSB, Kèrabouro Palé, des motifs de satisfaction existent.
« Même si nous n’avons pas obtenu l’effectif escompté, l’important était de commencer. Les

Des parents assistent les enfants en activité.

parents sont rassurés de savoir que leurs enfants sont occupés à apprendre un métier », se satisfait-il. Il voit désormais aux bénéficiaires des ambassadeurs qui, au vu de la qualité des formations reçues, pourront donner la bonne adresse de BSB. Il encourage les parents à donner la chance aux enfants de pouvoir apprendre à faire quelque chose de leurs doigts. Pour lui, c’est une façon de leur donner l’opportunité de comprendre que le travail manuel peut-être allié au travail du bureau.

Burkina Suudu Bawdè

Burkina Suudu Bawdè, en langue nationale fulfuldé, la Maison des compétences du Burkina, a été créé en juillet 2023. C’est un Etablissement public de l’Etat. Selon son DG, il est la concrétisation d’une vision du Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, qui souhaite reformer le système éducatif en mettant l’accent sur la formation professionnelle. A l’origine, la structure est une fusion de quatre Etablissements publics de l’Etat qui intervenaient dans la formation professionnelle. L’union a donné une entité plus vaste avec des capacités plus grandes, capable d’intervenir de façon décisive dans le domaine de la formation professionnelle. M. Palé révèle que le réseau de Burkina Suudu Bawdè compte aujourd’hui 31 centres à travers le pays dont (celui de Ziniaré qui est bien connu), 3 centres nationaux, 13 régionaux et 15 centres provinciaux.

Aux dires du premier responsable, près de 144 métiers sont proposés avec diverses modalités. Il existe des formations initiales sanctionnées par un Certificat de qualification professionnelle, un brevet professionnel de technicien… Il y a, en plus, des formations continues pour le renforcement des capacités des travailleurs. La mission globale de la Maison des compétences du Burkina est axée sur la formation des Burkinabè avec l’accent mis sur la jeunesse, surtout ceux qui sont en fin d’études universitaires. Bien que nantis de diplômes, ceux-ci ont du mal souvent à trouver un emploi. C’est pourquoi, BSB leur propose des reconversions, des offres pour prendre un autre chemin. M. Palé annonce que BSB est le principal opérateur public de développement des compétences professionnelles et techniques au Burkina Faso, avec 304 formateurs.

Plus d’engagements

Les élèves peuvent, désormais mettre à profit les vacances pour apprendre l’informatique à BSB.

L’orientation actuelle du pays est de mettre l’accent sur l’enseignement et la formation technique et professionnelle. Il est question de l’initiation aux métiers pour tout le monde depuis le primaire. « C’est pourquoi, nous allons développer de plus en plus des offres adaptées à chaque situation. Le travailleur pourrait profiter de ses congés administratifs pour faire de l’apprentissage à BSB », suggère le patron. Des week-ends d’apprentissage de métiers dans les écoles pendant l’année scolaire sont également envisagés. « Notre mission, cette année, est de former aux moins 50 000 personnes aux métiers », confie-t-il. La maison des compétences du Burkina a l’ambition d’ériger des centres autant qu’il y a de lycées au Burkina Faso. Elle compte sur son dispositif mobile de formation pour assurer des formations de courte durée là où il n’y a pas de centre.

Au besoin, celles-ci pourraient se faire en langues nationales. Aux agents publics et privés qui, en fin d’engagement, veulent faire une reconversion au métier de courte durée, foi du DG, BSB saura combler leurs attentes. « Notre structure compte marquer sa présence dans

Une attestation de formation est remise par le directeur général de BSB, Kèrabouro Palé, à une initiée.

beaucoup de secteurs. Ainsi, par rapport aux Initiatives présidentielles, notamment dans le secteur agricole, nous avons reçu des instructions de pouvoir concevoir des machines pour des transformations », déclare le DG Palé. Il souligne, par ailleurs, que des table-bancs pliables, démontables ont été conçus à Burkina Suudu Bawdè. Ils sont faciles à transporter et occupent moins d’espace que ceux classiques. « BSB doit être un ensemble de solution aux problèmes de développement. Nous avons une équipe déterminée à assurer cette mission », atteste M. Palé.

Habibata WARA