FRSIT 2025 : des récompenses à la hauteur des attentes

Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Adjima Thiombiano, remettant le « Bangré d’or » à Boubakar Zongo (gauche).

La 15e édition du Forum national de la recherche scientifique et des innovations technologiques (FRSIT) s’est tenue, du 22 au 26 octobre 2025, à Ouagadougou. Placée sur le thème : « Quelles contributions des technologies, inventions et innovations dans un contexte de relance d’industrialisation ? », elle a été marquée par des communications et des expositions sur des innovations et des inventions. La promesse de la multiplication par cinq de la valeur des prix récompensant les meilleurs chercheurs et innovateurs par le Président du Faso, Ibrahim Traoré, a été respectée.

Boubacar Zongo (Bangré d’or), Mariam Coulibaly (Bangré d’argent) et Abdoul Karim Coulibaly (Bangré de bronze), sont les lauréats du Grand prix du président du Faso de la 15e édition du Forum national de la recherche scientifique et des innovations technologiques (FRSIT). Ils ont reçu respectivement 25 millions, 15 millions et 10 millions F CFA, récompensant leurs prouesses. Contrairement aux années précédentes, leurs gains ont été multipliés par cinq. C’est la concrétisation de la promesse faite par le Président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, à la cérémonie d’ouverture du Forum.
L’innovation qui a consacré Boubacar Zongo, « Bangré d’or » à cette biennale, est un moteur à synergie solaire.

L’auteur est le responsable de l’Atelier de recherche et de réalisation technologique (ARRET), membre de l’Association burkinabè des inventeurs et innovateurs (AB2I). Il en fait une description : « c’est un moteur électrique innovant qui fonctionne uniquement à l’énergie solaire sans accumulateur pendant la journée. Il peut être adapté à des équipements comme des égraineuses, des vanneuses, des moulins à céréales… Il est utile pour broyer les aliments (céréales et tiges) de bétail et de volaille ». M. Zongo affirme que son outil est rapide, résistant utilisable pour les chambres froides. Les pièces de rechange sont disponibles. Pour l’acquisition de cette machine multifonctionnelle, il faut débourser la somme de deux millions six cent mille F CFA.

Le moteur à synergie solaire de Boubakar Zongo.

Sur le parcours du lauréat du « Bangré d’or », il faut retenir que celui-ci s’est limité en classe de Troisième. Car, il a compris que pour gagner sa vie, il lui fallait savoir faire quelque chose de ses doigts. C’est pourquoi, il s’est orienté vers la formation technique. Il se perfectionne auprès de certaines structures comme le Centre écologique Albert Schweitzer et le Lycée technique de Ouagadougou.

Le deuxième prix, « Bangré d’argent », d’une valeur de 15 millions F CFA est allé à Mariam Coulibaly, de l’Institut de recherche en sciences appliquées et technologies (IRSAT) du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST). Son travail porte sur le développement d’une technologie de production de farine et de pain à base de manioc et de patate douce à chair orange. Cette innovation vise à améliorer la qualité nutritive du pain.
Le 3e prix, le « Bangré de bronze » de 10 millions F CFA est revenu à Abdoul Karim Coulibaly de CTEC Burkina. Il a inventé un tracteur TR1 pratique et économique. Plusieurs autres prix et des attestations de reconnaissances ont été attribués au cours de cette « Nuit de valorisation ». Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Adjima Thiombiano, a félicité l’ensemble des lauréats pour la qualité de leurs œuvres. Il a exhorté tous ceux qui s’investissent dans la recherche et l’innovation à persévérer. Selon les organisateurs, la 15e édition du FRSIT a connu la participation de 357 élèves, 140 étudiants et 50 enseignants-chercheurs, 90 inventeurs et innovateurs technologiques (dont 58 étaient en compétition) et 125 stands ont été dressés.

La participation de l’AES

Le FRSIT de cette année a connu la participation des deux autres pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), à savoir le Mali (pays invité d’honneur) et le Niger. Ils ont pu exposer les résultats de leurs recherches au stand AES. Le Mali a été représenté par des chercheurs du laboratoire de technologie alimentaire de l’Institut d’économie rurale (IER) et de l’Institut polytechnique rurale de formation et de recherches appliquées. Selon Dr Fanta Guindo, les résultats présentés au FRSIT portent sur des recherches du laboratoire de technologie dans le domaine de l’agroalimentaire.

Mariam Coulibaly, « Bangré d’argent » a développé une technologie de production de la farine du pain à base du manioc et de la patate douce à chair orange.

Notamment des couscous de céréales améliorés aux légumes-feuilles, des farines locales enrichies à l’arachide, au soja et à la poudre de baobab. A entendre la chercheure, toutes ces découvertes ont une haute valeur ajoutée. Elles sont des solutions locales visant à améliorer la qualité nutritionnelle et peuvent contribuer à la sécurité alimentaire des populations. Elles sont déjà entrées dans les habitudes alimentaires des Maliens. L’enseignant-chercheur à l’Institut polytechnique rural de formation et de recherches appliquées, Amidou Senou, faisait aussi partie de la délégation du Mali.

Grâce à la biotechnologie, le laboratoire d’agro fusion génétique et de biotechnologie végétale de son institut, a travaillé sur la recherche de la production végétale. Aux dires de M. Senou, la technique permet d’assainir le matériel végétal et de faire une production locale de semences de bananier et de pomme de terre. Pour lui, le fait que ces éléments soient des plantes à multiplication végétative (on utilise un morceau de la plante pour faire pousser), il y a risque de prolifération de bactéries.

C’est pourquoi, il faut un traitement spécifique. « Cette technique consiste à débarrasser les germes des plantes de leur maladie, à les régénérer au laboratoire pendant un certain temps. Ensuite, on les ressort pour les acclimater, les adapter au milieu réel », explique le chercheur. Ce procédé rend tout le pouvoir de la plante par l’élimination de toutes les maladies. « Le rendement qui était affaibli à cause des agressions de virus est restauré », révèle-t-il. Il ajoute que la possibilité de l’application de cette technique concernant la pomme de terre a été démontrée, depuis 2007, au Mali.

Environ mille coopératives ont été formées pour sa vulgarisation. Le laboratoire d’agro fusion génétique et de biotechnologie végétale a également travaillé sur des graines de sorgho, sur les feuilles de neem, des charbons écologiques…

Le 3e prix, le « Bangré de bronze » de 10 millions F CFA est revenu
à Abdoul Karim Coulibaly de CTEC Burkina.

Quant au Niger, il a présenté les résultats de ses trouvailles sur l’oignon blanc et le riz. Le premier est séché et transformé en épices. Pour Moussa Bakary Sabio, étudiant nigérien à l’université Joseph-Ky-Zerbo de Ouagadougou, l’oignon blanc est plein de vertus. Il est riche en antioxydant et facilite la digestion. D’où l’intérêt de travailler à le faire adopter par les producteurs en vue de sa vulgarisation.
Le riz a été transformé en différentes variétés de semoule.

L’hydrogène en remplacement du gaz butane

Plusieurs innovateurs ou inventeurs burkinabè ont pris part au Forum. Certains ont impressionné les visiteurs par la qualité de leurs œuvres. Le groupe Lafinat dont le siège se trouve à Manga, chef-lieu de la province du Zoundwéogo, en fait partie. Il a mené des recherches sur le balanites, une plante sauvage dont les amandes ont été transformées en bouillon alimentaire. Le soja a été enrichi aux épices locales. Idi Ousseini Bah étudiant en nutrition humaine et stagiaire au groupe Lafinat souligne que ces produits riches en acides aminés essentiels pour le fonctionnement de l’organisme sont peu valorisés.

Il confie que le balanites, par exemple, est plein de vertus. Les racines, les feuilles, les graines, les écorces sont utiles. « Actuellement, nous sommes en phase de formulation. La phase de production et de commercialisation sont pour bientôt », dit-il. L’étudiant en nutrition a saisi l’occasion pour inviter les populations à consommer les produits locaux. Joseph Millogo, ingénieur en génie mécanique et chercheur se dit sensible à la souffrance des Burkinabè face aux pénuries périodiques du gaz butane.

Dr Fanta Guindo du Mali a confié que les couscous de céréales enrichis aux légumes-feuilles visent à améliorer la qualité nutritionnelle
des populations.

Il veut aider l’Etat à réduire les grosses subventions sur le gaz butane. C’est pourquoi, grâce au procédé de l’électrolyse, il a mis au point un appareil capable de produire de l’hydrogène en remplacement de ce gaz. L’énergie produite est consommée directement. « Au fur et à mesure que le système fonctionne, la principale source d’énergie qui est l’eau diminue et doit être complétée. Nous pensons que c’est une technologie qui peut faire une différence », affirme l’inventeur.

Habibata WARA

 

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