Grand prix littéraire d’Afrique noire, l’écrivain congolais, Jean Bofane, dénonce, dans son roman policier « La belle de Casa », la corruption immobilière, et la précarité des migrants dans un quartier populaire de Casablanca, au Maroc.
Après « Mathématiques congolaises » et « Congo Inc., le testament de Bismarck », l’écrivain congolais, Jean Bofane, entraîne cette fois-ci, le lecteur dans une intrigue policière à travers son troisième roman « La belle de Casa ». L’histoire se déroule à Casablanca, célèbre ville marocaine, où un fait divers, loin d’être banal, retient l’attention des habitants du quartier Cuba, à Casablanca. Qui a bien pu tuer Ichrak, la demoiselle aux courbes sublimes qui ne laissaient aucun homme indifférent? Elle était à la fois convoitée et crainte par la quasi-majorité des hommes du quartier Cuba, sauf Sese Tshimanga, un clandestin congolais. Venu du Congo pour immigrer en France ou en Belgique, celui-ci est abandonné par son passeur au large du Maroc, en plein océan Atlantique. Il deviendra quelques temps après son arrivée dans le royaume chérifien, l’associé de Ichrak dans des affaires louches. Elle est l’héroïne de ce récit, livré par Jean Bofane. Belle, attirante, elle est cependant révoltée par les désirs voluptueux des hommes. Elle déteste être perçue comme un simple objet sexuel, du fait de sa belle silhouette. Elle tient avant tout à se faire respecter dans un monde masculin. Ambitieuse, indépendante, Ichrak est cependant en proie à des angoisses existentielles. Elle est, en effet, tourmentée par la disparition de son père, à sa naissance : « Est-ce qu’il habite le quartier Casablanca ou était-il un étranger de passage? ». Lorsque « la plus belle fille du quartier Cuba » est retrouvée assassinée, le commissaire Mokhtar Daoudi ouvre une enquête. Mais, l’officier de police finira par abandonner ses investigations. Résoudre le meurtre d’une séductrice, vivant avec sa mère, folle (Zahira) ne fera pas avancer ma carrière de policier, se dit-il. A travers les 204 pages de son œuvre, Jean Bofane dresse un portrait haut en couleur des habitants des quartiers Cuba et ensuite Derb Taliane à Casablanca. Conteur hors pair, doublé de son sens du dialogue et de l’humour, il développe, au fil des pages, des thèmes d’actualité, notamment la situation précaire des migrants, la corruption immobilière, la sexualité débridée masculine… Installé au début des années 1990 en Belgique, In Koli Jean Bofane publie, en 1996, « Pourquoi le lion n’est plus le roi des animaux ? » Traduite dans plusieurs langues, cette œuvre lui vaudra le prix de la critique de la communauté française de Belgique. En 2000, il sort « Bibi et les Canards ». Il remportera le prix littéraire de la SCAM et le Grand prix littéraire d’Afrique noire en 2009 avec son roman « Mathématiques congolaises ».
W. Aubin NANA