Configuration circonstancielle

Comme il fallait s’y attendre, les résultats des élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020 ont donné lieu à une reconfiguration de la scène politique nationale. Bien plus, il s’agit d’un chamboulement, tant les changements sont notables, donnant à la scène politique nationale, un visage nouveau. « En politique tout peut arriver. On ne peut jamais dire jamais », affirmait le président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Simon Compaoré, aux lendemains de la proclamation des résultats de la présidentielle, sur une possible alliance de son parti avec l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré.

Avec la nomination de celui-ci au gouvernement, il fallait s’attendre à ce qu’il débarque, « paquetage complet », dans l’Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP). En plus de son parti, de nombreux autres ont annoncé leur départ du Chef de file de l’opposition politique (CFOP) pour la majorité présidentielle. Même si l’opposition ne tient pas aux partis qui ont obtenu des députés à l’Assemblée nationale, il est évident qu’elle sort « très amaigrie » des dernières élections. Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui devient, de fait, le CFOP, va devoir composer avec quelques partis dont les voix ne portent pas loin. Avec l’existence de l’Opposition non alliée (ONA), dirigée par le Pr Abdoulaye Soma, il serait risqué de prédire si vite la « mort » de l’Opposition, malgré la saignée qu’elle enregistre après ces consultations électorales.

La majorité très confortable que le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, souhaitait à l’Assemblée nationale est désormais acquise, pour dérouler « tranquillement » son programme quinquennal 2021-2025. Toutefois, cette tranquillité pourrait être confortée ou perturbée par les élections municipales à venir, au regard des enjeux de la formation des exécutifs locaux qui vont en découler. En effet, même alliés, les partis politiques ont des ambitions individuelles et les élections législatives du 22 novembre dernier en ont donné la preuve. Le président Kaboré étant à son dernier mandat, nul ne peut enlever aux membres de son parti, le MPP, d’avoir des ambitions présidentielles. Les guerres de positionnement ne vont donc pas manquer surtout qu’elles sont signe de vitalité et de démocratie.

Au-delà, c’est la personne du président Kaboré qui a rassemblé ce beau monde dans l’APMP. Etant donné qu’il ne sera pas candidat en 2025, ses alliés peuvent se révéler comme des concurrents sérieux du candidat du MPP à la prochaine élection présidentielle.
L’un dans l’autre, le nouveau visage de la scène politique nationale est très circonstanciel et pourrait se résumer à la personne du chef de l’Etat, qui dégage une unanimité quasi-générale sur ses qualités de rassembleur, d’homme humble, d’écoute et de dialogue.

Jean-Marie TOE

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