Elections au Niger: Les Niaméyens rêvent d’un  président proche du peuple

Les élections présidentielle et législatives ont, effectivement eu lieu, le dimanche 27 décembre 2020 à Niamey, la capitale, tout comme dans le reste du Niger. Les Niaméyens, sortis nombreux pour accomplir leur devoir citoyen, ont dit rêver d’un homme d’Etat très proche du « bas peuple ».

La ville de Niamey, capitale de la République du Niger, s’est réveillée dans le calme et la sérénité, ce dimanche 27 décembre 2020, jour des élections présidentielle et législatives. Prévus pour ouvrir à 8 heures pile, certains Bureaux de Vote (BV) ont démarré avec 30 à 50 minutes de retard. C’est le cas de l’école Wright qui en abrite trois. Les électeurs s’y rendaient au compte-gouttes. Même constat au Collège d’enseignement général n°1, sis au quartier Lacouroussou, en cette matinée légèrement froide. Le soleil montait progressivement et se trouvait au zénith lorsque nous mettions le cap sur l’école Zongo, au quartier du même nom. Dans cet établissement d’enseignement primaire, quatre bureaux de vote étaient opérationnels. Selon le président du BV n°229, Abdoul Fataou Mamoudou, l’évènement électoral se déroule sans difficultés majeures. « Tout se passe bien. Pour l’instant, il n’y a rien à signaler », a-t-il rassuré avant d’indiquer que 50% des 487 personnes inscrites ont déjà accompli leur devoir citoyen. C’est le cas de Hamani Abdou et de ses amis qui épiloguaient dans leur grain de thé habituel, non loin du bureau de vote. M. Abdou a dit rêver d’un président rassembleur pour le Niger et qui sera accepté de tous. « Le prochain président doit œuvrer à réconcilier tous les Nigériens. Nous voulons d’un pays où tous les Nigériens, quelles que soient leurs apparences politiques, ethniques et religieuses, vivent en parfaite harmonie », a-t-il souhaité. Abdramane Mindina, sirotant un verre de thé, a renchéri que le pays a besoin d’un dirigeant qui viendra défendre la cause des plus démunis. Pour lui, celui-ci se doit d’être très proche du « bas peuple » pour réduire les inégalités sociales. Car, a-t-il soutenu, quelles que soient les infrastructures routières, scolaires, hôtelières… réalisées, si le peuple a faim, tout le reste n’a pas de sens.

« Ressusciter les projets du défunt président Tandja »

Pour sortir le Niger de l’ornière, sur les plans socio-économique, politique et sécuritaire, Abdoulaye Abaché a indiqué qu’il faut un président patriote. Ce « messie », de son avis, devra relever le classement du Niger en termes d’Indice de développement humain (IDH). « Nous avons honte de savoir que nous occupons, depuis plus de dix ans, les dernières places selon l’ IDH », s’est-t-il offusqué.

Me Barry Bibata Gnandou qui venait de voter dans le BV n°229 de l’école Zongo est visiblement une nostalgique de l’ère Mamadou Tanja, le défunt président qui a dirigé le Niger de 1999 à 2010. A l’entendre, l’héritage légué par le président Tandja a été « saboté » par le président sortant, Mahamoudou Issoufou. « Il y avait des projets pour l’autonomisation des femmes sous l’ère Tanja. Si ces projets avaient été maintenus, certainement qu’il y aurait moins de mendiants dans nos rues. Nous souhaitons que le nouveau président fasse en sorte que la population puisse sortir de cette paupérisation en ressuscitant les idées du président Tanja», a-t-elle suggéré. A l’école Kombo, un établissement d’enseignement qui jouxte le fleuve Niger, l’horloge indiquait 13h30, quand nous nous y arrivions. Les membres des trois BV ne chômaient pas. Les uns après les autres, des Niaméyens, sous le regard des représentants des partis politiques et des observateurs nationaux et internationaux, votaient pour choisir les hommes et les femmes qui vont présider aux destinées du pays. A en croire la présidente du bureau de vote n°103, Abdoulaye Daouda, les opérations électorales suivent leur cours normal.

« Pris la main dans le sac »

Les BV de l’école Diori 2 grouillaient, également, de monde. Des jeunes ont exprimé leurs attentes du chef de l’Etat qui sera élu. « En tant qu’étudiant, nous attendons du nouveau président qu’il améliore nos conditions d’études en prenant ses responsabilités. Il y a trop de grèves sur les campus, les amphithéâtres sont insuffisants et sous-équipés », a laissé entendre Oumoulkaire Hassane, étudiante en 2e année de faculté des Sciences juridiques et politiques, à l’université Abdou Moumouni. L’autre problème des étudiants, pour elle, c’est le retard dans le paiement des bourses et aides sociales. Tahirou Doussouley, un ingénieur en électromécanique à la retraite a accompli son devoir citoyen au bureau de vote n°217 à l’école Amirou Djobo, en cet après-midi où l’affluence se ressentait. Le vieux Doussouley a dit aspirer à un changement « profond ». « Si après la retraite, nous devons continuer de travailler pour survivre. Dans les années passées, nous n’avons pas constaté d’amélioration dans les domaines vitaux. Nous souhaitons que le quotidien des Nigériens change », a-t-il espéré. Au demeurant, il a appelé le futur vainqueur de l’élection présidentielle à prendre à bras-le-corps la question sécuritaire.

A l’école Diori 2, Zenabo Diallo, superviseur pour le compte de la Cap 20-21, une coalition de partis de l’opposition, a dénoncé ce qu’elle a qualifié de tentative de fraude. « Nous venons de prendre en flagrant délit un membre du PNDS Tarayya, le parti au pouvoir, avec cinq enfants de moins de 14 ans, présentés comme des superviseurs, et qui allaient voter. Nous les avons pris la main dans le sac et les avons remis à la sécurité », s’est-elle indignée.

Joanny SOW (depuis Niamey au Niger)

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