Sachets plastiques: des dangers chimiques pour la santé détectés dans des articles sur le marché au Burkina Faso

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Un nouveau rapport révèle que de nombreux jouets et autres articles fabriqués à partir du plastique recyclé et vendus au Burkina Faso et dans d’autres pays africains et arabes contiennent des dioxines à des niveaux équivalents à ceux des déchets dangereux. Les groupes défenseurs de l’environnement appellent à soutenir des limites strictes sur les produits chimiques toxiques dans les déchets, telles que proposées par les pays africains.

Ouagadougou, 25 mai 2022 – Des analyses de laboratoires indépendants ont révélé des niveaux élevés de produits chimiques ignifuges toxiques et de dioxines bromées dans des jouets, des ustensiles de cuisine et des accessoires de cheveux, fabriqués à partir de plastique recyclé.

Ce sont des produits chimiques interdits par des accords internationaux.

Selon un nouveau rapport publié en mai 2022 par Arnika et IPEN, les analyses d’articles achetés au Burkina Faso et dans 10 autres pays africains et arabes au 1er trimestre de l’année 2022 ont montré que 7,11 % des articles contenaient des concentrations en Retardateurs de Flamme Bromés (RFB). Ces concentrations sont supérieures aux limites de protection appelées niveaux de faibles concentrations de POP (LPCLs) proposées par les pays africains pour définir les déchets dangereux dans le cadre de la Convention de Bâle.

Le cas du Burkina Faso

Au Burkina Faso, 32 articles en plastique ont été achetés dans une dizaine de boutiques et de supermarchés. Ces articles sont constitués de jouets, d’accessoires pour cheveu et d’ustensiles de cuisine. Les articles ont été préalablement scannés et examinés en vue de détecter la présence de marqueurs chimiques de RFB.

Les résultats indiquent que 6,4 % des produits achetés contiennent des marqueurs chimiques de RFB. Ces articles ont ensuite été envoyés à un laboratoire à Prague en République Tchèque pour rechercher les RFB.  Les résultats des analyses de laboratoire ont révélé la présence de différents types de RFB avec des concentrations variées :

  • des concentrations de décaBDE RFB allant de 16 à 105 ppm.
  • de l’octaBDE RFB à des concentrations de 2 à 9 ppm.
  • six (­6) nouveaux RFB ont des concentrations de 5 à 54 ppm.
  • Le tétrabromobisphénol A (TBBPA), le RFB le plus largement utilisé, a été trouvé à des concentrations de 1 ppm à 14 ppm.

Ces résultats sont supérieurs à la limite de sécurité en RFB de l’Union Européenne pour le plastique vierge qui est de 10 ppm.

Aussi, un accessoire capillaire a été analysé pour les dioxines bromées et s’est avéré contenir 774 pg TEQ / g, un niveau comparable aux concentrations observées dans les cendres d’incinération des déchets. Cela confirme que ces dioxines hautement toxiques se trouvent dans des produits de consommation fabriqués à base de plastique recyclé.

« Les retardateurs de flamme bromés et les dioxines sont des produits chimiques hautement toxiques qui n’ont pas leur place dans les jouets de nos enfants ou dans nos objets utilitaires », a déclaré M. Roger Baro, Inspecteur de l’Environnement et expert au compte du Centre pour la Gouvernance Environnementale et le Développement Durable (CGEDD) au Burkina Faso.

Que retenir de l’analyse des articles fabriqués à base de plastique recyclé ?

IPEN, ARNIKA et leurs partenaires ont acheté un total de 434 jouets, accessoires pour cheveux et ustensiles de cuisine en plastique de couleur noire dans 11 pays : Burkina Faso, Cameroun, Égypte, Éthiopie, Gabon, Jordanie, Kenya, Maroc, Syrie, Tanzanie et Tunisie.

Les résultats de laboratoire ont révélé que les RFB interdits, du fait qu’ils sont des polluants organiques persistants (POP) en vertu de la Convention de Stockholm, sont présents dans des produits de consommation à base de plastique recyclé en provenance des marchés d’Afrique et de la région arabe. Ces produits contiennent également d’autres substances nocives à des concentrations élevées.

« L’Afrique est devenue une destination d’exportations illégales de déchets toxiques et, comme le montre cette étude, des produits chimiques toxiques sont également présents dans les jouets, les ustensiles de cuisine et d’autres produits de consommation vendus sur les marchés des régions africaine et arabe », a conclu Dr. Gilbert Kuepouo, Directeur Exécutif du Centre de Recherche et d’Education pour le Développement (CREPD) au Cameroun.

« Des dizaines d’études ont associé ces produits chimiques au cancer, aux affections sur le développement du cerveau des enfants, à l’infertilité et à d’autres problèmes de santé graves. Nos résultats montrent comment le plastique peut empoisonner l’économie circulaire et démontrent le besoin urgent d’adopter des limites plus strictes des POP dans les déchets à l’échelle mondiale pour s’assurer que ces produits chimiques dangereux ne contaminent pas la chaîne de recyclage », a déclaré Me. Semia Gharbi, professeur d’université à Tunis et responsable de l’Association d’Education Environnementale pour les Futures Générations (AEEFG).

Il n’y a actuellement aucune limite officielle sur la teneur en RFB dans les produits ou les déchets dans les pays africains et arabes. Cependant, la région de l’Afrique a plaidé en faveur de limites plus strictes pour les polybromodiphényléthers (PBDE) dans les déchets en vertu de la Convention de Bâle, afin d’arrêter les importations de déchets électroniques dangereux contenant du PBDE dans leurs pays et de mettre fin à leur recyclage en de nouveaux produits de consommation.

IPEN, ARNIKA et les 11 (onze) organisations co-auteures de la présente étude recommandent :

  • Des niveaux de faible teneur en POP (LPCLs) plus stricts devraient être appliqués aux déchets afin d’arrêter le flux de déchets électroniques et de plastiques issus des véhicules en fin de vie (ELVs) vers de nouveaux produits en plastique recyclé. Les pays du monde entier devraient demander des limites plus strictes pour les POP des déchets dans les Conventions de Bâle et de Stockholm. Cela contribuera à la prévention de l’utilisation de plastiques recyclés contenant des RFB et des dioxines.  L’IPEN, ARNIKA et les onze organisations impliquées dans cette étude soutiennent le faible niveau de POP de 50 ppm proposé pour la Convention de Bâle par les pays de la Région Afrique.
  • Les déchets électroniques et les plastiques issus des ELVs contenant des niveaux élevés de retardateurs de flamme toxiques devraient être interdits d’entrer dans la chaîne de recyclage. La lacune qui permet l’exportation d’appareils électroniques non fonctionnels en vertu de la Convention de Bâle doit être comblée et des normes plus strictes pour la définition des déchets dangereux doivent être établies dans le cadre des Conventions de Bâle et de Stockholm.
  • Les RFB devraient être répertoriés comme une classe en vertu de la Convention de Stockholm. L’ajout de ces produits chimiques en tant que substances individuelles pourrait continuer à mettre la santé humaine en danger pendant des décennies.
  • Les dioxines bromées devraient être ajoutées à la liste des POP produits qui sont involontairement réglementés par la Convention de Stockholm. Des dioxines bromées ont été trouvées dans divers échantillons environnementaux. Leurs niveaux dans des produits de consommation sont inquiétants et montrent la nécessité d’une réglementation au niveau mondial à l’instar des dioxines chlorées inscrites à l’Annexe C de la Convention de Stockholm.

RNDr. Jindrich Petrlik, Directeur de programme, Arnika – Programme substances toxiques et déchets, Conseiller de l’IPEN sur les dioxines et les déchets +420.603582984 jindrich.petrlik@arnika.org

Personne-ressource : Roger BARO, Inspecteur de l’Environnement, +226 70 75 52 36 baro.roger@gmail.com

* Le titre est de la rédaction.

* Le titre originel est : Dangers chimiques pour la santé détectés dans des articles en plastique recyclé sur le marché au Burkina Faso et dans 10 autres pays

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