Le Conseil national des énarques du Burkina Faso (CNEBF) est une nouvelle association qui a vu le jour en mars 2019. Dans cette interview accordée à Sidwaya, le président dudit conseil, Issa Démé dévoile les objectifs de sa structure.
Sidwaya (S) : Présentez-nous votre association.
Issa Démé (I.D.): Le Conseil national des énarques du Burkina Faso (CNEBF) est une association apolitique, laïque et à but non lucratif qui regroupe des anciens élèves de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM). Créé le 1er mars 2019, il intervient dans le domaine de la gouvernance administrative. L’Assemblée générale (AG) et le Bureau exécutif national (BEN) sont les instances du CNEBF conformément aux statuts et règlements intérieurs. Le BEN compte 15 membres issus de plusieurs promotions de l’ENAM. En outre, il est prévu la mise en place de coordinations régionales et provinciales ainsi que de points focaux dans les ministères et institutions.
S : D’où est venue l’idée de création d’une telle association ?
I.D. : L’idée de création de cette association remonte aux années 2010, lorsque j’étais en formation à l’ENAM. En effet, des aînés et moi avions pensé sans pouvoir le réaliser, en son temps, à un cadre qui permettra aux énarques de se concerter régulièrement et de collaborer avec leur école formatrice. Ainsi, il était question de développer des initiatives permettant de mettre les apprenants dans les meilleures conditions d’étude. En outre, la majorité des acteurs du développement de notre pays notamment les partis politiques, les Organisations de la société civile (OSC), le secteur privé et les Partenaires techniques et financiers (PTF) réclament sans cesse aux dirigeants la bonne gestion des ressources publiques, la redevabilité, la satisfaction des besoins des populations et l’écoute du citoyen. Nous sommes convaincus que la réalisation de ces objectifs dépend en grande partie de la qualité ainsi que de la conscience professionnelle des agents de l’Etat, en général et, en particulier ceux formés à l’ENAM. La contribution des énarques est considérable dans l’édification d’une administration publique moderne, performante, respectée et au service du développement. C’est au regard de la nécessité de revaloriser l’image des fonctionnaires issus de l’ENAM que le CNEBF est créé. Il se veut être une instance de culture de l’excellence au profit de l’administration.
S : Quels sont les objectifs poursuivis par le CNEBF ?
I.D. : Le CNEBF a pour objectif général de renforcer les capacités de l’énarque et de promouvoir l’excellence dans l’administration. De façon spécifique, il vise à contribuer à la valorisation de l’image des énarques, à l’amélioration de l’action administrative et au renforcement des capacités des agents publics et privés. Il a également pour but de veiller au respect de la déontologie du service public, de promouvoir la solidarité au sein de ses membres et d’accomplir toute autre activité pouvant concourir à la promotion de la bonne gouvernance. Enfin, le CNEBF entend apporter sa contribution à la restauration et au maintien de l’autorité de l’État et à la promotion de la cohésion sociale.
S : Quelles sont les activités que compte mener votre association pour l’atteinte de ses objectifs ?
I.D.: Au regard de nos objectifs, nous projetons de mener des activités de renforcement de capacités telles que des conférences publiques, des formations continues, des études, etc. En outre, nous entendons produire des manuels de rédaction administrative au profit de nos membres et de l’administration publique et privée à travers l’organisation de symposiums. Le premier du genre prévu pour le mois de novembre 2019 à Ouagadougou connaîtra la participation des énarques de la sous-région. Nous aurons également des activités d’émulation entre les membres et les élèves de l’ENAM. Cette année par exemple, nous prévoyons de décerner un prix au meilleur élève de l’ENAM. En perspectives, nous envisageons d’adopter notre plan d’actions triennal en début d’année 2020 lors de l’Assemblée générale ordinaire.
S : Vous organisez le 27 juillet prochain une conférence publique sur le thème : «Rôle et place des énarques dans l’administration publique». Pourquoi le choix de ce thème ?
I.D. : Cette conférence entre dans le cadre de la mise en œuvre de notre programme d’activités de 2019. Le choix de ce thème a été motivé par un constat. En effet, l’évaluation annuelle des performances de l’administration fait ressortir des insuffisances techniques dans la conduite de l’action administrative par les agents publics. De ce fait, le renforcement continu de leurs capacités est nécessaire pour l’amélioration de la performance de l’administration au bénéfice des populations. Cette conférence va permettre de définir le rôle et la place des agents publics formés à l’ENAM dans le management administratif. Au regard de l’importance du thème, je lance un appel à l’ensemble des énarques tant dans le public que dans le privé à une participation active à ce premier panel qui sera animé par Pascal Benon, ancien Directeur général de l’ENAM et ancien gouverneur, Kalifara Séré, ancien Secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD) et Abdoul Karim Sango, enseignant à l’ENAM et actuel ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, tous pétris d’expériences en matière de gouvernance administrative.
S : Le Burkina Faso s’est engagé dans une dynamique de modernisation de l’administration publique. Que revêt ce concept selon vous ?
I. D. : La modernisation de l’administration publique est un processus de réforme institutionnelle et organisationnelle qui devra, à terme, permettre de rendre l’administration publique plus accessible, performante et à même d’offrir des services publics de qualité aux usagers. Elle répond au principe d’adaptation et de mutabilité du service public qui se veut dynamique et de qualité. A cet effet, le gouvernement du Burkina Faso s’est doté d’une stratégie de politique de modernisation de l’administration pour la période 2011-2020. Le CNEBF compte jouer sa partition dans le cadre de l’élaboration de la nouvelle stratégie de modernisation de l’administration. Pour ce faire, nous demandons à tous les agents publics et privés en activité et même ceux à la retraite d’accompagner cette jeune structure car le CNEBF n’est pas une affaire de jeunes seulement, mais aussi et surtout celle des anciens afin de bénéficier de leur savoir-être, de leur savoir-faire et surtout de leur savoir-faire-faire.
Interview réalisée par Nadège YAMEOGO