En sonnant le clap de fin après les championnats du monde d’athlétisme de Tokyo avec une 7e place mondiale, Hugues Fabrice Zango laisse un lourd héritage à porter par la jeune génération. Dans cet interview du champion du monde en salle de triple-saut, il dit tout sur sa carrière.

Quel sentiment t’anime de savoir que tu quittes définitivement le triple saut ?

Je quitte cette discipline avec beaucoup de fierté. En commençant en 2011, je n’aurais jamais pensé arriver où je suis aujourd’hui. J’ai maintenant une certaine pression pour la suite de ma vie et de mes objectifs qui doivent être à l’image de mon succès sportif.

Pour ces championnats du monde, est-ce tes adversaires qui étaient les plus forts ou bien c’est ta préparation qui n’a pas été à la hauteur ?

(Rires !) Avec 16,92 m, je pense que je ne gagne aucune compétition internationale. Donc, ce n’est pas un problème d’adversaires. Je me suis préparé comme je pouvais. Pour gagner le championnat, je devais concourir avec la faim de mes débuts, alors même que je disais que c’était ma dernière apparition. C’est un paradoxe qui ne m’a pas réussi !

Pourtant après ta qualification pour la finale, tu avais laissé planer un certain optimiste pour une médaille. Qu’est ce qui n’a pas marché ?

Une fois de plus, il ne s’agit presque jamais de jambes quand on arrive aux mondiaux. J’avais de bonnes sensations. Ce corps au début de ma carrière m’aurait fait sauter très loin, mais, le paradoxe avec la fin de ma carrière ne m’a pas réussi.

Quel est le plus beau souvenir de ta riche carrière ?

J’ai beaucoup de moments qui m’ont fait vibrer. C’est assez difficile de choisir. J’ai atteint tous mes objectifs le jour où je suis devenu champion du monde. Je pense que depuis ce jour-là, j’étais prêt à quitter l’athlétisme sans regret.

Et le plus mauvais ?

J’ai beaucoup souffert dans certaines compétitions parce que diminuer physiquement. Entre les œdèmes osseux, les tendinites, j’ai souvent eu à douter de la suite. Ce sont les moments les plus douloureux de ma carrière. Pour le reste, j’ai pris les problèmes et contre-performances comme un succès.

Qu’aurais-tu voulu faire dans ta carrière que tu n’as pas pu ?

J’ai atteint mes rêves de début. S’il y a un bonus que je voulais faire, c’était de réaliser le record du monde en plein air à 18,29 m. 18,07 m, je n’étais pas très loin. J’en avais le potentiel physique, mais, je n’avais pas les réflexes de coordination nécessaire pour le faire. Une lacune due à ma venue tardive dans le game.

Si c’était à recommencer, qu’est-ce que tu n’aurais pas fait ?

Je ne changerais rien de mon histoire.

Penses-tu que la relève est assurée ?

Pas encore mais nous avons des espoirs. Il faudrait développer un certain nombre de projets de relève pour que la jeunesse puisse exploiter son potentiel.

Qui peut hériter du flambeau ?

Tous les jeunes hommes et jeunes femmes de notre pays le Burkina Faso sont mes héritiers. Mon héritage n’est pas que sportif, il est aussi humain. J’ai porté des valeurs d’intégrité et de travail, chère à notre pays.

Quel sera l’après Hugues Fabrice Zango ?

Je vais me concentrer sur le présent et ne pas trop anticiper le futur. Dans ce présent, je travaille à placer de jeunes athlètes dans le circuit, à transmettre mon savoir à l’université et à développer mon pays avec mes compétences d’ingénieur.

Que souhaites tu qu’on garde de toi ?

Je souhaite que chacun garde ce qui lui a le plus ému dans mon histoire.

Un conseil à ceux qui veulent emboîter tes pas ?

Rêvez, essayez, persévérez ! C’est souvent sur un montage d’échecs qu’on construit le succès. Acceptez aussi qu’on souffre 90% du temps pour 10% de temps de bonheur. Cela en vaut la peine. Quant au peuple burkinabè, j’ai un seul message pour lui. Elevez-vous au niveau de vos ambitions, qu’elles soient physiques ou financières.

Interview réalisée
par Yves OUEDRAOGO

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