
Spectaculaire et pourtant encore méconnu du grand public, le hockey sur gazon mérite d’être découvert. Loin de la glace et des contacts physiques du hockey nord-américain, cette discipline olympique de plein air est un ballet fascinant de vitesse, de finesse technique et de stratégie collective. Au Burkina Faso, ce sport fait son bonhomme de chemin, comme nous le confirme le Directeur technique national, Anassé Koanda.
Le hockey sur gazon est un sport collectif qui oppose deux équipes de 11 joueurs (10 joueurs de champ et 1 gardien de but) sur un grand terrain synthétique. L’objectif est simple : envoyer la petite balle dure dans le but adverse à l’aide d’une crosse incurvée (stick). Le jeu est incroyablement intense et rythmé car, il n’y a pas de hors-jeu, les remplacements sont illimités et peuvent s’effectuer à tout moment, comme au handball. Un match se déroule en quatre périodes de 15 minutes chacune.
La spécificité la plus importante du hockey sur gazon réside dans l’utilisation de la crosse (bâton de jeu). Un joueur ne peut propulser ou contrôler la balle qu’avec la face plate de sa crosse. Utiliser le côté arrondi est strictement interdit (faute de « back-stick ») et immédiatement sanctionné. Pour marquer un but, l’équipe attaquante doit obligatoirement frapper ou dévier la balle à l’intérieur du « cercle de tir » (une zone en demi-cercle devant le but) avant qu’elle ne franchisse la ligne.

Toute action décisive en dehors de ce cercle ne comptera pas. Le hockey sur gazon est un sport de non-contact qui met l’accent sur l’adresse et la discipline. Il est interdit d’obstruer le passage d’un adversaire, de retenir sa crosse, ou de provoquer un contact physique. Seul le gardien est autorisé à toucher la balle avec son corps dans son cercle de tir. Les fautes commises par la défense dans le cercle de tir donnent lieu à deux actions cruciales. Soit un pénalty corner (ou petit Corner). Il est accordé pour la plupart des fautes défensives.
C’est une phase de jeu spectaculaire où un attaquant envoie la balle depuis la ligne de fond vers ses coéquipiers à l’entrée du cercle, qui tentent une frappe puissante. La défense est limitée en nombre pour contrer le tir. Soit le stroke. Il est l’équivalent du penalty au football. Il est sifflé en cas de faute défensive volontaire dans le cercle qui a empêché un but certain. C’est un tir direct au but face au gardien, à 6,40 mètres de distance. Au Hockey sur gazon, en cas d’égalité lors des matchs à élimination directe, le vainqueur est déterminé par une séance de Shoot-Out, un face-à-face palpitant entre un attaquant et le gardien avec une limite de temps de 8 secondes pour marquer.
Le Burkina Faso s’initie en 2014
Le hockey sur gazon burkinabè, bien qu’encore jeune, connaît un développement spectaculaire. Pour mieux comprendre cette progression, nous avons rencontré Anassé Koanda, le Directeur technique national (DTN) de la Fédération Burkinabè de Hockey sur Gazon (FBHG). A le croire, « l’histoire du hockey sur gazon au Burkina Faso est récente mais passionnante ».
Selon Anassé Koanda, la discipline a été officiellement lancée en décembre 2014, sous l’impulsion de Jean Yaméogo, alors président du Comité national olympique et des sports burkinabè (CNOSB), et de Idrissa Kaboré, président de fédération depuis lors. « Dès janvier 2015, nous avons obtenu la reconnaissance officielle du ministère chargé des Sports et du CNOSB », a-t-il indiqué. Le DTN a souligné une étape cruciale en 2016 : « Nous avons bénéficié d’une formation en administration du sport qui nous a permis d’améliorer nos textes fondamentaux.
Une fois nos documents en ordre, nous avons demandé et obtenu
la reconnaissance officielle de la Confédération africaine de hockey (CAH) et de la Fédération internationale de hockey (FIH) ». Dès 2016, la FBHG a misé sur le capital humain. « Cette année-là, nous avons organisé une grande formation d’entraîneurs niveau 1 avec l’accompagnement d’un expert suisse-belge. Ce sont 35 entraîneurs qui ont été formés, ce qui a permis la création immédiate de clubs et le lancement de notre premier championnat national », a expliqué le DTN.
L’année 2017 a été marquée par des échanges intenses. Des formations de formateurs organisées par la FIH/CAH, un bel échange de compétences avec de jeunes Belges à Ouagadougou, Koudougou et Bobo-Dioulasso, et un stage en Belgique et aux Pays-Bas pour le président et l’entraîneur national. Aujourd’hui, cet investissement porte ses fruits. « Nous avons formé 100 entraîneurs niveau national, 50 arbitres niveau national, et nous comptons déjà trois arbitres et 70 entraîneurs de niveau international de différents niveaux, sans oublier cinq formateurs de formateurs », s’est réjoui M. Koanda. L’année 2018 a marqué un tournant. « Notre première participation à une compétition internationale au Ghana a été un moment clé.
C’est là que nous avons été choisis par une organisation anglaise pour bénéficier d’un don de matériel composé de 1150 crosses et plus de 300 balles estimées à 60 millions FCFA », a révélé le DTN. « Ce don a été le levier de notre expansion. Il a permis à la fédération d’étendre la pratique du hockey partout au Burkina Faso, couvrant désormais toutes les régions, sept provinces et regroupant plus de 1500 pratiquants et pratiquantes », a-t-il affirmé. Malgré ces succès, le DTN Koanda n’a pas caché les défis.
« Le niveau actuel de nos jeunes joueurs est très appréciable. Ils s’informent beaucoup via les réseaux sociaux, ce qui les rend très compétitifs. Cela nous motive à vouloir affronter les grandes nations africaines », a-t-il expliqué. Il a conclu par un appel pressant : « Les besoins sont énormes. Nous avons besoin en priorité d’un terrain de hockey à part entière au Burkina Faso, aux normes internationales, ainsi que de matériel de formation et de compétition pour continuer à améliorer et à étendre le hockey sur
gazon. »
Pengdwendé Achille OUEDRAOGO
