Il connait tous les rouages du football burkinabè pour avoir servi 12 ans la Fédération burkinabè de football. Grand passionné de la chose footballistique, Ousmane Boly porte en 1997 l’équipe de 9 Athletic club. Elle fait bonne impression en Ligue 2 avant d’être reléguée en division inférieur en 2008. Après 7 ans de « purgatoire », elle retrouve la Ligue 2 avec de nouvelles ambitions. C’est ce qu’a laissé entendre son président-fondateur qui vient d’intégrer la Commission de développement de la FIFA.
Comment se porte 9 Athletic Club ?
Le 9 Atlétic club se porte très bien. J’insiste sur le très, car, c’est une équipe qui a séjourné 14 ans en Ligue 2. Elle est allée au purgatoire durant 7 ans. Si elle a pu retrouver la Ligue 2, je peux dire qu’elle se porte très bien.

Rappelez-nous ce qui vous avait motivé à porter sur les fonts baptismaux cette équipe ?
L’équipe a été créée en 1997. Elle a maintenant 27 ans. J’ai créé l’équipe en 1997. Lorsque j’étais jeune au secteur 9 à Gounghin, j’étais plus connu dans les arts martiaux. Je pratiquais souvent le football par simple plaisir. Mais, mon séjour à l’extérieur, plus précisément en Algérie, m’a poussé à m’intéresser beaucoup plus au football. C’est ainsi que j’ai commencé à me former pour être entraîneur de football. Quand je suis rentré au bercail, le constat a été qu’à Gounghin, il n’y avait pas d’équipe de football. Même s’il y avait quelques passionnés talentueux qui venaient se défouler sur le terrain de l’école dudit quartier. Mais, il n’y avait pas un cadre formel. C’est ainsi que j’ai lancé l’équipe en pleine préparation de la CAN 98.
Vous nous rappeliez plus haut que l’équipe a bourlingué 7 ans en D3. Qu’est ce qui a occasionné cela ?
La vérité est que quand j’ai été élu membre du comité exécutif de la Fédération burkinabè de football en 2008, les textes m’interdisaient d’être juge et parti. Je ne pouvais pas être membre du comité exécutif et président de club. Ce qui n’est plus le cas. C’est ainsi que j’ai cédé la direction du club à des amis, bien que je sois le fondateur. J’étais un peu en retrait. Il y a eu de petits problèmes internes avec une gestion qui n’était pas bonne. Et naturellement, l’équipe a chuté en D3 en 2018. Je suis revenu reprendre l’équipe, le temps de remettre les choses en marche. Dieu merci, nous avons pu revenir.
Qu’est-ce qui a été la force de cette équipe, cette saison, pour qu’elle parvienne à revenir en Ligue 2 ?
Cette remontée en Ligue 2 s’explique en deux ou trois contextes. Le premier est qu’étant moi-même redevenu président, j’ai bénéficié de la confiance d’un certain nombre d’acteurs. Toute chose qui a contribué à faire revenir certains acteurs autour de l’équipe. Non seulement des anciens joueurs, mais aussi des acteurs qui accompagnaient l’équipe. Le deuxième aspect est que j’ai mis les ressources humaines et financières nécessaires. Aussi, nous avons également recruté non pas seulement au Burkina, mais à travers l’Afrique. Notre équipe est composée d’Ivoiriens, de Nigériens, de Togolais, de Tchadiens, qui ont également une expérience de haut niveau. L’un dans l’autre, c’est ce qui a contribué à cela. Mais, il faut également reconnaitre que le changement de format de la Ligue 3 voulu par la Ligue du Centre a aussi contribué. Habituellement, vous vous préparez neuf mois pour jouer un ou deux matchs. Il s’agit du coup KO appelé communément. Cette fois-ci, nous étions logés dans une poule à dix équipes. Les deux premières s’affrontent à une finale pour la montée. Ce qui fait que vous jouez beaucoup de matchs avec le temps de réajuster les choses. Pour vous dire que ce format a aussi favorisé.
La montée était-elle l’objectif en début de saison ?
Oui, parce que depuis que j’ai créé le club, mon objectif de passionné de la chose footballistique est de viser plus haut sans arrière-pensée. Le constat de nos jours est que le football est devenu un peu du business. J’ai formé beaucoup de joueurs et d’entraineurs, mais, je n’avais pas la vision de faire des retours sur investissement. Je peux par exemples citer Ousséni Bouda actuel sociétaire de San Jose Earthquakes aux Etats-Unis, de Bila Sakirou passé par Lorient qui est un pur produit de 9 Athletic. Il y a d’autres qui sont allés à l’USFA, à l’EFO etc., sans retour sur investissement. Je le faisais pour faire plaisir aux jeunes sans aucune attente. En Ligue 3 comme vous le savez, il n’y a aucun soutien ni en équipement, ni en ressources. Contrairement à la Ligue 2, où vous bénéficiez d’une subvention et des équipements comme les maillots. L’un dans l’autre, il faut quitter ce stade-là, pour aller à un niveau où au moins, il y a un petit accompagnement. Et mieux, ou il y a de la visibilité. Notre objectif était d’accéder en Ligue 2 pour bénéficier de tout cela.
La Ligue 2 est un autre niveau avec plus d’exigences surtout financières. Seriez-vous portés par un sponsor ou bien comment comptez-vous vous en sortir financièrement ?
Je vous informe d’emblée que nous n’avions aucun sponsor depuis notre relégation en Ligue 3. C’est avec des réseaux d’amis que nous faisons fonctionner le club.
Vous avez tenu votre Assemblée générale le 27 septembre dernier. Quelles ont été les grandes décisions assorties de cette rencontre ?
Cette rencontre statutaire a permis l’adoption d’un plan stratégique qui va jusqu’en 2029. Nous aurons accumulé 30 ans dans quelques années. Nous voulons gravir des échelons et nous voulons jouer les premiers rôles dans les 4 années à venir et pourquoi pas commémorer nos 30 ans avec une accession en Ligue 1. Pour se faire, nous avons envoyé notre directeur technique un peu partout dans la sous-région où il a pu suivre des compétitions. Nous avons visé des jeunes Burkinabè vivant à l’extérieur que nous voulons faire revenir au bercail. Nous sommes par exemple en contact avec un jeune burkinabè qui a terminé meilleur buteur du championnat de D2 malien. Son club en veut un peu trop et ce n’est pas évident. Nous travaillons à avoir plus de visibilité pour convaincre des partenaires à nous accompagner dans le temps.
Jouer les premiers rôles nécessite que vous mettiez les atouts de votre côté. Y aura-t-il un changement pour les conditions des joueurs comme les salaires, les primes de matchs etc. ?
C’est une évidence, car, déjà en Ligue 3, nos joueurs étaient rémunérés. Tous nos joueurs sont sous contrat. Nous sommes au parfum de ce qui se passe en Ligue 2 en termes de rémunération et autres avantages. Nous avons essayé d’être au même niveau, sinon faire plus.
Quels sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de vos fonctions de président-fondateur de 9 Athletic ?
Les difficultés sont essentiellement d’ordres structurelles. Notre périple de nos sites d’entrainement en dit long. Nous avons d’abord commencé à l’Ecole nationale de Police. Là où il y a l’internat de cette école avait été débroussaillé par mes soins avec un Caterpillar. Après, j’ai fait pareil là où il y a l’actuel Centre-médico sportif. A l’époque, on avait une convention avec l’INJEPS actuel ISSDH où nous payions 100 000 FCFA par an. Nous avons par la suite été dirigé là où il y a le siège du CNOSB. C’était un lieu très touffu avec les égouts. J’ai fait venir une machine pour le nettoyer. Actuellement, nous nous entrainons sur le grand terrain de l’ISSDH non sans difficulté, car, les élèves des établissements environnants y viennent pour leur sport. Mais, j’avais pu acquérir un espace de 5 hectares en périphérie de Ouagadougou. Avec le projet du plan stratégique, nous verrons comment l’aménager. Je voulais profiter de l’occasion pour rappeler que quand vous voyez les pays qui se sont développés dans le sport, c’est parce que les dirigeants parlent le même langage avec pour objectif de développer le football. C’est pour dire qu’il faut qu’on ait un plan Marshall au Burkina. Pour qu’ensemble, nous prévoyons ce que nous voulons de notre football dans une certaine période. Au Burkina, honnêtement, nous avons des joueurs et des compétences mais, nous ne nous parlons pas. Je souhaite que nous soyons solidaires avec un objectif commun sur ce que nous voulons de notre football dans les 10 prochaines années.
Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO
