Après avoir validé leur billet pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations Féminine, les Etalons Dames du Burkina Faso ont exprimé un mélange de soulagement et de fierté. Le sélectionneur, Pascal Sawadogo, revient sur les clés de cette qualification, la performance de son groupe, et dévoile les objectifs ambitieux fixés pour le tournoi continental, qui incluent le dernier carré et une qualification historique pour la Coupe du Monde.

Quel est le sentiment dominant après cette qualification ?

Pour cette qualification, il y a des sentiments de soulagement et, par la suite, de fierté. Le match contre le Togo était un véritable match piège. Quand on a analysé le contenu du match-aller, il fallait trouver la tactique et les mots nécessaires pour mobiliser la troupe. Jouer en terrain adverse rend souvent l’environnement hostile. Les instructions de la fédération étaient de tout faire pour ne pas perdre à domicile. Nous avons obtenu la victoire 2 buts à 0 à la maison, puis nous sommes allés gagner 1 but à 0 à l’extérieur. Pour moi, cette qualification est donc un soulagement et une fierté. C’est la récompense de tous les efforts. Face aux difficultés rencontrées dans la préparation, on ne peut qu’être soulagé.

Qu’est-ce qui a fait la différence sur le plan collectif lors de ces éliminatoires ?

Sur le plan collectif, il faut reconnaître qu’il y avait une énorme envie. L’envie de se qualifier a pris le dessus. Ensuite, il y a eu l’esprit d’équipe. On a insisté pour qu’elles ne fassent qu’une seule personne. Il ne s’agit donc pas d’attribuer le mérite à une ou à une autre. En tout cas, les filles ont montré beaucoup de belles choses. Elles ont fait preuve d’une telle résilience, face aux difficultés, nous avons pu nous en sortir et obtenir la qualification. Pour moi, l’esprit d’équipe et l’envie ont été les facteurs les plus déterminants.

Y a-t-il une joueuse ou un secteur de jeu qui vous a particulièrement impressionné durant cette campagne ?

Je pense qu’il y a les filles qui sont des habituées. Nous avons aussi vu de nouvelles têtes intégrer la sélection A. Nous avons notamment lancé nos U-17. Notre ailière, Salamata Kouanda, qui jouait tantôt dans l’axe comme numéro 9, tantôt comme ailière, m’a vraiment impressionné. Il y a aussi Eden Ouédraogo, qui a fait son apparition et a été très bonne. Je pense que Kouanda Salamata, particulièrement au match-aller, a fait un travail remarquable et m’a impressionné. Notre capitaine, Balkissa Sawadogo, a également livré un gros match au retour. Je citerai ces trois joueuses. Les autres ont fait leur travail habituel, mais Eden et Kouanda Salamata, en particulier, ont marqué les esprits. Les autres n’ont fait que confirmer leurs talents.

Quel objectif réaliste fixez-vous à l’équipe pour cette prochaine CAN ?

Quand nous partions au Maroc en 2022, nous avions envie de ramener la coupe. C’est vrai, nous sommes des compétiteurs. Mais pour cette CAN-là, il faut d’abord gagner quelqu’un car à la dernière CAN, nous n’avons fait que des nuls et deux défaites. Pour cette fois-ci il faut au moins gagner un match. Franchir le premier tour, et ensuite voir la suite. La première étape, c’est d’engranger notre première victoire. Déjà avec une victoire, on est bien placé. Après, si nous avons la chance d’avoir un tirage favorable, nous irons jusqu’au bout. Maintenant, si c’est possible, je souhaite quand même rentrer dans le dernier carré. Si on atteint le dernier carré, nous sommes qualifiés en même temps pour la Coupe du monde, et ça, pour moi, c’est jouable et c’est faisable.

Que souhaitez-vous comme accompagnement dans le but d’atteindre vos objectifs ?

Pour moi, il n’y a pas de meilleur accompagnement qu’une bonne préparation. Si on pouvait également avoir l’équité dans les traitements… Si les hommes ont la possibilité d’aller faire des préparations en dehors du pays, il faudrait que nous aussi, nous en bénéficiions. D’ailleurs, le président de la fédération a dit que si nous nous qualifions, il se pourrait que nous partions nous préparer soit au Maroc, soit en Espagne. Lorsque nous quittions le pays, nous avions toutes les filles à notre disposition. Mais à Ouagadougou, c’est souvent un peu biaisé.

Un message aux supporteurs et aux jeunes filles qui rêvent de suivre le chemin des Etalons Dames ?

Aux supporteurs, nous leur disons merci. Vraiment, ils étaient là. Nous comptons encore sur eux. Que ce soit les prières ou les bénédictions, nous en avons besoin. De la même manière aussi, aux parents dont les filles aimeraient s’essayer au foot, il faut leur donner l’opportunité. On n’en sait jamais. Nous avons aujourd’hui des filles qui jouent à travers le monde : Arabie Saoudite, Espagne, Tanzanie, Egypte, Maroc, Turquie, Chine, etc. Que chacune emprunte sa voie et un jour, on pourra faire honneur à sa famille et au Burkina Faso.

Interview réalisée par Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

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