Carnet Santé/Hyperplasie de la prostate: « La première complication est la compression de l’appareil urinaire », Pr Fasnewindé Aristide Kaboré

L’Hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) est une pathologie fréquente favorisée par le vieillissement et liée au développement d’un adénome prostatique responsable d’un obstacle chronique à la vidange vésicale. L’évolution de l’HBP peut entraîner un retentissement sur le bas appareil urinaire et le haut appareil urinaire. L’urologue- andrologue, chef de service Urologie du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo, par ailleurs président de la Société d’urologie du Burkina Faso, Pr Fasnewindé Aristide Kaboré, en donne plus de précisions.

«La prostate n’est pas une maladie. C’est un organe de l’organisme masculin qui se trouve dans le petit bassin et qui est carrefour des voies urinaires génitales de l’homme », explique le chef de service Urologie du Centre hospitalier universitaire Yalgado-Ouédraogo, par ailleurs président de la Société d’urologie du Burkina Faso, urologue-andrologue, Pr Fasnewindé Aristide Kaboré. Il affirme que l’hyperplasie bénigne de la prostate est une augmentation du volume de la prostate. Bénigne par opposition au cancer qui est dit malin, parce que cette augmentation du volume ne revêt pas un caractère grave comme le cancer. Selon le spécialiste, c’est une évolution normale de la prostate qui prend du poids. A l’écouter, ce n’est pas une maladie en tant que telle, mais c’est un phénomène lié au vieillissement. Quand l’homme prend de l’âge, soutient-il, la prostate a tendance à grossir et lorsqu’elle grossit avec l’âge, on parle d’hyperplasie de la prostate. Les premiers symptômes sont urinaires.

« Il y a une modification de la façon d’uriner chez l’homme. Ce sont les symptômes du bas appareil urinaire. Il peut avoir des anomalies au niveau de la miction. L’homme va constater qu’il urine plus fréquemment alors qu’il n’a pas changé ses habitudes en termes de boisson. La nuit, il se réveille plus fréquemment en deuxième moitié de la nuit c’est-à-dire entre 2 heures, 3 heures pour uriner », précise le Pr Kaboré. Il ajoute que l’homme peut constater que ses urines ne sortent plus aussi facilement et le jet n’est plus aussi fort que par le passé. Le spécialiste note que ce signe passe souvent inaperçu parce que les personnes d’un certain âge estiment qu’ils ne doivent plus uriner comme quand ils étaient plus jeunes. « Si vous n’urinez plus comme quand vous étiez plus jeune, c’est qu’il y a déjà un processus pathologique qui est en train de se passer et qu’il faut consulter pour voir si ce n’est pas la prostate qui a déjà commencé à grossir et à gêner l’écoulement des urines », fait savoir Aristide Kaboré. Il soutient que des douleurs peuvent aussi apparaître quand l’homme urine. Le patient peut aussi avoir des difficultés à retenir ses urines lorsque l’envie se présente. « Il ne peut pas bloquer et a des fuites d’urine », indique-t-il.

Des complications

L’urologue laisse entendre, en outre, que des liens existent de plus en plus entre l’hyperplasie bénigne de la prostate et les troubles sexuels, mais faire la corrélation directe entre les deux est difficile. C’est une maladie liée au vieillissement survenant chez des personnes d’un certain âge qui ont aussi des facteurs favorisant la baisse de l’activité sexuelle. « Actuellement, au niveau de la recherche scientifique, on a remarqué une association entre les deux. Mais, on ne peut pas dire de façon formelle et scientifiquement qu’est-ce qui peut relier les deux », dit-il. Si la maladie est bénigne, Pr Aristide Kaboré prévient que des complications peuvent survenir. Il indique ainsi que la première complication est la compression de l’appareil urinaire, la gêne à la miction (l’acte d’uriner) et la gêne du fonctionnement de la vessie.

« Il y a des gens qui vont avoir la prostate grosse mais qui ne vont jamais manifester les symptômes parce que la prostate grossit, mais grossir d’une certaine manière que ça ne comprime pas les voies urinaires », affirme-t-il. Il soutient que l’hyperplasie est prise en charge en urologie, lorsqu’il y a des complications. Selon l’andrologue, lorsque les troubles de la miction ne sont pas traités, ils vont entrainer des complications liées à l’obstruction des voies urinaires. L’homme peut avoir des infections à répétition et des calculs vont se développer dans l’appareil urinaire. Il y a aussi la difficulté d’évacuer les urines qui va entrainer une stase d’urine au sein de l’appareil urinaire susceptible de conduire, à la longue, à une insuffisance rénale. A écouter le médecin, ce sont les complications qui font la gravité de l’hyperplasie bénigne de la prostate : « Il y a des pistes de réflexion et les facteurs qui favorisent. Le premier facteur, il faut être homme et avoir les hormones de l’homme, la testostérone qui joue un rôle important. Il y a l’âge, il y a aussi la génétique. Il y a des populations qui font plus d’hyperplasie que d’autres. Souvent dans les recherches, l’hypothèse de la croissance et beaucoup d’auteurs pensent que les infections urinaires pourraient favoriser le développement de l’hyperplasie de la prostate », relève-t-il. Aux dires de Pr Aristide Kaboré, l’hyperplasie de la prostate pourrait être liée aux mêmes facteurs que le diabète, l’hypertension artérielle, la goutte, l’hyper uricémie qui sont des pathologies métaboliques liées dans certains cas au vieillissement.

Consulter un urologue

Il y a plusieurs pistes qui permettent d’avoir des facteurs qui vont favoriser le développement de l’hyperplasie de la prostate. Mais les deux facteurs non modifiables sont l’âge, les hormones et accessoirement la génétique qui va déterminer. Le Pr fait savoir que lorsque le patient a des anomalies pendant ses urines, notamment une modification de la façon d’uriner, il doit consulter rapidement un urologue, surtout s’il a la cinquantaine et plus. Tout le travail de prise en charge sera de permettre au patient de bien uriner, explique-t-il. On peut conseiller des mesures hygiéno-diététiques au patient lorsque cette hyperplasie n’entraine pas trop de symptômes, pour que celui-ci puisse réguler et améliorer sa façon d’uriner. Aristide Kaboré conseille d’éviter les épices, les aliments trop riches en eau (la bouillie le soir) et en sucre. Il souligne que si le patient a essentiellement des symptômes la nuit, s’il urine fréquemment par exemple, il lui est conseillé de réduire ses quantités de boisson le soir et la nuit, tout en les augmentant dans la matinée pour satisfaire ses besoins physiologiques. Si les médicaments et les mesures d’hygiène alimentaire ne marchent pas, on peut toujours avoir recours à la chirurgie, ajoute Pr Kaboré. « La chirurgie de la prostate a beaucoup évolué, car par le passé c’était une chirurgie lourde qui entrainait beaucoup de complications, mais aujourd’hui, l’urologie moderne a réussi à minimiser tous ces risques et l’essentiel des interventions qui se font dans les services d’urologie, ce sont des interventions dites au laser », rassure-t-il.

Wamini Micheline Ouédraogo

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