Côte d’ivoire : l’heure de la décrispation !

Visiblement, le président ivoirien, Alassane Ouattara, ne compte pas se dédire dans sa volonté de réconcilier son peuple, après les turbulences que le pays a connues, depuis les évènements de 2011. Les dernières évolutions de l’actualité ivoirienne, le démontrent à suffisance. En effet, depuis que la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé l’acquittement de l’ancien président, Laurent Gbagbo, les initiatives pour préparer son retour en Côte d’Ivoire se sont multipliées et se sont même accélérées en fin de semaine dernière. On le sait, six proches et pas des moindres, de l’ex-chef d’État sont revenus au pays.

Il s’agit de sa sœur cadette, Jeannette Koudou, de son porte-parole, Justin Katina Koné et bien d’autres qui étaient en exil depuis dix ans au Ghana voisin. Le retour de ces cadres et inconditionnels du Front populaire ivoirien (FPI), selon les autorités d’Abidjan, s’inscrit dans le cadre des préparatifs du retour en Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, attendus impatiemment par leurs partisans. Au même moment, à ce qui se dit, il est annoncé la libération d’une centaine de prisonniers accusés de violences liées à la présidentielle de 2020. Si on se tient à ces exemples, l’on est fondé à croire que l’heure de la décrispation de la situation sociopolitique, naguère délétère, a sonné au bord de la Lagune Ebrié.

Cela, de toute évidence, est à l’honneur des acteurs politiques ivoiriens, au grand bonheur du peuple qui, disons-le, ne souhaite plus le retour des vieux démons. Cette dynamique dans laquelle s’est lancée le président Ouattara, est saluée par plus d’un observateur et politologue du feuilleton ivoirien qui y voient les véritables prémices d’une réconciliation, jugée fondamentale pour le pays.

« C’est un pas important vers la réconciliation et la paix en Côte d’Ivoire », relève un communiqué du FPI, dès l’annonce du retour de leurs compatriotes. Le plus édifiant, allant dans le sens de l’apaisement, est le fait qu’en intelligence avec des cadres du FPI, le Premier ministre, Patrick Achi et son ministre en charge de la Réconciliation nationale, Konan Kouadio Bertin (KKB), ont entamé des démarches pour préparer un retour, en toute sécurité du président Gbagbo. Si, pour l’instant, aucune date n’a encore été retenue pour le retour du Woody de Mama, tout porte à croire que l’intention du locataire du palais de Cocody de voir son ennemi d’hier regagner son bercail est loin d’être une chimère.

En effet, au-delà de toute considération, il n’est pas exagéré de penser que le gouvernement ivoirien semble engagé à réunir les fils et filles d’Houphouët Boigny vers un idéal commun. Il reste à espérer que le retour de ces exilés et de leur mentor, Laurent Gbagbo, qui cache bien un accord politique « tacite », selon certains, serve de balise solide d’une véritable réconciliation nationale, pour le moins, tel que le clame urbi et orbi les parties prenantes du landerneau politique national.

C’est dire que la peine de 20 ans infligée à l’ancien président Gbagbo dans l’affaire dite « casse de la BECEAO » qui plane comme une épée de Damoclès sur lui, devrait trouver un modus vivendi entre les acteurs. Ce, en faisant table rase du passé douloureux que le pays a traversé et qui hante toujours les esprits. Mais, comment cela pourrait-il être possible ?

Est-on tenté de se demander si tant est que les principes d’un état de droit doit prévaloir. En tous les cas, seul le pouvoir d’Abidjan saura mieux s’y prendre, pour peu qu’il ne veuille s’inscrire en porte-à-faux avec les déclarations d’intention. Pour l’heure, loin de verser dans un optimisme béat, ce qui se donne à voir sur la scène politique ivoirienne présage des lendemains meilleurs pour un climat sociopolitique apaisé quand bien même, sa pérennité peut demeurer sujette à caution.

Soumaïla BONKOUNGOU

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