« Je voulais la négocier avec 3 000 F CFA»

Agé de 22 ans et célibataire sans enfant, H.O. a comparu, le mercredi 20 janvier 2021, à l’audience correctionnelle du Tribunal de grande instance (TGI) de Kaya, pour des faits de tentative de vol commis au domicile de M.S. Les faits remontent à la nuit du 4 au 5 janvier 2021. Appelé à la barre, cet employé de commerce et domicilié à Tougan reconnaît s’être introduit dans la maison de M.S. aux environs de 21h, non pas dans l’intention de soustraire frauduleusement ses biens, mais plutôt d’entretenir des relations intimes avec sa femme, F.P. « Je causais avec sa femme. Quand je suis sorti, j’ai vu un homme qui a crié au voleur. Je voulais la négocier avec 3 000 F CFA pour coucher avec elle. Elle a refusé en disant que dans leur famille cet acte est interdit », a expliqué le prevenu, en substance. H.O. était venu à Kaya pour participer à une foire.

Après quelques hésitations, F.P. a fini par avouer les propos de H.O. «Dans mon sommeil, j’ai entendu ouvrir la porte de notre maison. Je me suis levée et je lui ai demandé ce qu’il veut. Il a dit qu’il désire coucher avec moi. Je lui ai effectivement dit que c’est interdit dans notre famille », a-t-elle relaté. Pour son mari, son épouse a pris une bonne décision. A entendre le procureur, le prévenu est resté constant dans ses propos. De ce point de vue, la tentative de vol n’est pas caractérisée. Ainsi, il a demandé une requalification des faits de violation de domicile prévue par l’article 523-6 du Code pénal. Le procureur, pour ce faire, a requis contre H.O, un emprisonnement de 24 mois et une amende de 1,5 million F CFA assortis de sursis. «Je vous demande pardon. C’est ma première et ma dernière fois», a supplié H.O., les larmes aux yeux. Statuant publiquement, contradictoirement en matière correctionnelle et en premier ressort, le Tribunal a requalifié les faits en violation de domicile. Par conséquent, H.O. a été condamné à 24 mois d’emprisonnement dont 3 mois ferme.


Il menace de tuer sa marâtre

G.A.W. est un célibataire sans enfant, âgé de 29 ans. Domicilié à Pissila, il a comparu, le mercredi 20 janvier 2021, au TGI de Kaya, pour les faits de menaces de mort sur sa marâtre et son père, dans ce mois de janvier. Au départ, G.A.W. a rejeté en bloc les déclarations inscrites dans le procès-verbal de la Police judiciaire (PJ). «Je n’ai jamais dit à la police que je vais les tuer. Comme je ne sais ni lire ni écrire, les policiers ont écrit ce qu’ils veulent et j’ai juste signé », a-t-il déclaré. G.A.W. a poursuivi que sa déclaration n’a pas été relue par la PJ avant sa signature. Ce qui a contraint le tribunal à lire quelques passages de ses propos. « Ma marâtre parle négativement de ma mère. Si elle ne fait pas attention, je vais la tuer. C’est elle qui a comploté pour que ma mère sorte de la cour. Elle m’a aussi calomnié pour que mon père ne parle plus avec moi … », a lu le tribunal pour lui rafraîchir la mémoire. Perplexe, G.A.W. a avoué que c’était juste pour rigoler.

« Lorsque je l’ai menacée de mort, c’était juste pour l’effrayer afin qu’elle ne complote pas avec mon père », a-t-il déclaré. Il a nié catégoriquement les faits de menace de mort sur son père. A la barre, sa marâtre K.S. a souligné que les propos du prévenu n’étaient pas amusants. « Il m’a dit qu’il va me tuer, ça vaut 10 fois … C’est quand il ferme la porte et m’empêche de rentrer que j’appelle son papa de Kaya », a expliqué la plaignante.
Selon le procureur, les objets que le prévenu comptait utiliser pour commettre son forfait sont un bâton taillé, une manchette et des incantations des versets coraniques. Pour ce faire, le procureur a estimé qu’il faut reconnaître le prévenu, coupable des faits de menace de mort sous condition sur la personne de sa marâtre ; faits non établis sur le père de l’accusé, a-t-il précisé. Il a requis 24 mois d’emprisonnement dont 12 ferme et une amende d’un million F CFA assortis de sursis. Déclaré coupable des faits qui lui sont reprochés uniquement à l’endroit de sa marâtre par le tribunal, G.A.W. a été condamné à 12 mois d’emprisonnement dont six (6) ferme.


Relaxé au bénéfice du doute

O.D. né le 13 janvier 1973. Agriculteur, il a été accusé par O.T. d’avoir abattu ses 300 arbres plantés sur son site de reboisement. A la barre, hier mercredi 20 janvier 2021, au TGI de Ouagadougou, O.D. a, dans un premier temps, laissé entendre que le site appartient à son grand-père décédé, avant de reconnaître avoir abattu des arbres mais pas au nombre de 300. « C’est quelques arbres que j’ai détruits pour cultiver. Je n’ai pas eu le soin de les compter, mais leur nombre ne vaut pas 300 », a expliqué O.D. Le tribunal lui a montré une des photos prises à proximité de sa concession qu’il a reconnue en ajoutant que l’image a été prise après le défrichage.

Toutefois, O.T. a insisté que O.D. a coupé ses arbres plantés en 2012 au nombre desquels des arbres épineux et des eucalyptus servant à borner son site. Le tribunal a demandé à O.T. les photos montrant les arbres abattus et à savoir s’ils ont été incendiés. Et ce dernier de répondre que les arbres coupés n’ont pas été brûlés et ont servi à l’accusé pour borner son champ. S’agissant des photos des arbres détruits, O.T. a montré des images d’arbres plantés en lieu et place. Et le tribunal de relever que si c’était réellement en 2012 que O.T. a débuté sa plantation, de nos jours, l’on devrait avoir une forêt.

En déballant les autres preuves qu’il détenait, le tribunal a fait savoir que le prévenu a reconnu avoir mal agi, mais s’est dit incapable de réparer le préjudice subi par O.T. Après avoir écouté les deux parties, le ministère public a déclaré être tombé dans le doute, expliquant qu’avec un terrain plus ou moins désertique, c’est difficile de reconnaître les faits. Le tribunal l’a suivi dans sa réquisition et a relaxé O.D. au bénéfice du doute. O.T. a 15 jours pour faire appel de la décision prononcée.


Le « délinquant économique »

Gérant d’un débit de boisson, B.C., âgé de 31 ans, a écopé, en son absence, le mercredi 20 janvier 2021, au TGI, d’une peine de 24 mois dont 12 ferme, assortis d’une amende de 500 000 F CFA. Qualifié de « délinquant économique », car ayant détourné la somme de 470 000 F CFA appartenant à M.O., sa patronne. Sa mésaventure commence en novembre 2019 quand il a été embauché pour superviser un débit de boisson. A la barre, M.O. a expliqué que son employé qu’il payait à 60 000 F CFA le mois n’était pas chargé de la vente des boissons.

Mais, le tribunal a demandé à M.O. comment B.C. a pu détourner la somme de 470 000 F CFA. Celui-ci a indiqué que c’est à partir de juin 2020, qu’elle a constaté des « fuites » d’argent dans la caisse et que les 470 000 F CFA ont été prélevés en plusieurs tranches à partir de mars. « On a fait le point ensemble et il est ressorti un manquant de 470 000 F CFA », a renchéri M.O. Elle a précisé que son bourreau a reconnu les faits et soutenu qu’il a donné l’argent détourné aux « multiplicateurs d’argent ». « S’il est reconnu coupable, qu’il rembourse mon argent », a déclaré M.O. devant le tribunal. B.C. ayant été le seul employé retenu à cause de la COVID-19 au mois de mars, a abusé de la confiance de sa patronne, foi du procureur. Bénéficiant d’une liberté provisoire, BC a promis de comparaître une fois que la justice aura besoin de lui. Mais, il a préféré se fondre dans la nature et écopé ainsi de 24 mois dont 12 ferme et 500 000 F CFA d’amende.

Emil SEGDA
Boukary BONKOUNGOU

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