La « mort » du G5 Sahel

Après l’annonce du Mali de son retrait de la Force conjointe G5 Sahel, le dimanche 15 mai 2022, le président nigérien, Mohamed Bazoum, vient d’enfoncer le clou. Dans un entretien accordé au quotidien français La Croix, il a littéralement déclaré que « Le G5 Sahel est mort ». Comme il fallait s’y attendre, le G5 Sahel, qui était dans une longue léthargie depuis la mort du président tchadien, Idriss Déby Itno, en avril 2021, semble vivre ses derniers jours. Créé à la mi-février 2014 par le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et la Mauritanie pour contrer la menace terroriste, le G5 Sahel a eu toutes les peines du monde à prendre véritablement racines pour atteindre ses objectifs. Les promesses annoncées à grande pompe par les partenaires pour équiper la force conjointe, ont juste eu l’excuse de rassurer. L’instabilité politique avec son corolaire de coups d’Etats dans certains pays membres de l’institution ont fini par avoir raison d’elle.

Les incompréhensions avec la junte malienne sont venues ajouter leur lot de complications. Ce qui arrive au G5 Sahel était prévisible d’autant plus que les pays membres ont passé le temps, à attendre l’appui de l’extérieur pour rendre opérationnelle la force conjointe. Comment une telle initiative peut-elle prospérer si les premiers concernés ont lésiné sur les moyens à y injecter. Depuis sa création, à part quelques actions spora-diques et des rencontres de haut niveau qui se tenaient de part et d’autre dans les capitales des membres, le G5 Sahel a brillé par son inefficacité. C’est tout de même bien triste que nos Etats n’aient pas pu conjuguer leurs efforts, si minimes soient-ils, pour affronter l’hydre terroriste dont la capacité de nuisance demeure intacte. L’organisation a été mise en place avec l’idée que des pays amis, conscients de l’ampleur de la menace, viendraient avec toutes les ressources nécessaires pour l’alimenter. Ce manque de réalisme a été le talon d’Achille du G5 Sahel depuis le début. Rien d’étonnant qu’après huit années de balbutiements, il ne connaisse ce destin pathétique. La mort du G 5 Sahel est la preuve patente que nos Etats n’ont pas encore appris à être solidaires, du moins ils savent l’être dans les intentions. Huit ans après, le terrorisme continue de désarticuler nos Etats, tandis que le G 5 Sahel agonise.

L’échec du G5 Sahel est aussi la parfaite illustration que la solidarité sous régionale et même africaine a encore failli face à un défi majeur. Encore englués dans des considérations de leaderships, nos Etats peinent à faire véritable-ment front commun face à un malheur qui les fragilise et les déstabilise. La mort annoncée du G5 Sahel a quelque part le goût amer, d’un sentiment de culpabilité devant le malheur qui nous étreint. Elle montre combien l’ennemi connaît bien nos faiblesses pour mieux nous assiéger. Triste sort pour notre Sahel, jadis, un relatif îlot de stabilité.

Karim BADOLO

1 COMMENTAIRE

  1. Le Président Mohamed Bazoum du Niger a été, on ne peut plus clair : le G5 Sahel qui était en état de mort cérébrale, a reçu le coup de grâce, avec le retrait du Mali, acté le dimanche 15 mai 2022. Le retrait du Mali signe donc la mort du G5 Sahel !!
    Que faire donc pour combler le vide !?
    Le Général Barthélémy Simporé a dit récemment, une chose fondamentale : « Le Burkina cherche de meilleures opportunités » !!
    Actuellement, l’opportunité la plus crédible et la plus viable, est l’initiative d’Accra.
    Nos pays ne doivent plus confier leurs sécurités à l’armée française ; encore moins aux mercenaires russes de Wagner ; français ou russes ; c’est bonnet blanc, blanc bonnet !!
    Nous, ouest-africains, devons prendre nos responsabilités ; nous devons maintenant penser sécurité collective, en mutualisant nos forces et nos moyens.
    Nous devons donc transformer les opérations anti-terroristes Koudanlgou, en une opération militaire permanente d’appui à l’armée Burkinabè !!
    Cet accord de coopération et d’assistance militaires Koudanlgou, devra donc être formalisée par un texte et se faire dorénavant, sous la houlette du Conseil de l’Entente. Il consistera à mettre des groupements tactiques interarmes (GTI) Ivoiriens, Béninois, Togolais, Nigériens et Ghanéens à la disposition de l’Etat major général de l’armée Burkinabè, pour combattre les Djihadistes au Burkina.
    Le ratissage permanent devant commencer par la partie sud du Burkina Faso ; puis, remonter vers le nord, en cas de succès militaires afin éradiquer complètement les Djihadistes du Burkina !!
    Le Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente, Mr Marcel Amon-Tanoh devra impliquer massivement la Côte d’Ivoire dans cette guerre contre le terrorisme ; puisque 10 000 soldats ivoiriens seront formés à cet effet ; dont 3 000 viennent déjà d’achever leur formation commune de base (FCB) et seront bientôt opérationnels. Ces soldats ivoiriens seront encadrés par une pléthore de sous-officiers expérimentés, qui ont participé à la guerre civile ivoirienne.
    Un proverbe africain dit que quand la case de ton voisin brûle ; il faut l’aider à éteindre l’incendie ; sinon, c’est ta propre case qui partira en fumée (voir attaques Djihadistes des villes et villages ivoiriens de Kafolo, Téhini et de Tougbo à la frontière Ivoiro-Burkinabè ; mais aussi, les attaques terroristes aux frontières nord du Togo et du Bénin).
    Le Secrétaire Exécutif du Conseil de l’Entente devra user de ses talents de diplomate, pour convaincre l’Union européenne et autres bailleurs de fonds internationaux (USA, Arabie Saoudite, EAU, Qatar…) de participer à l’équipement et au financement de cette force anti-terroriste du Conseil de l’Entente, qui sera déployée au Burkina Faso.
    Mr Amon-Tanoh devrait aller aussi, rencontrer le Président Sénégalais, Macky Sall, pour l’inviter à adhérer à l’initiative d’Accra afin de mettre aussi des Groupements Tactiques Interarmes Sénégalais, à la disposition de l’Etat-major général de l’armée Burkinabè, pour emploi !!
    Le Conseil de l’Entente devra être notre mini-OTAN sous-régionale, avec à la tête de son État-major, un général Ghanéen ou Sénégalais !! L’union fait la force !!
    Le terrorisme ne sera vaincu dans notre sous-région que si nous mutualisons nos forces armées !!
    Un pour tous ; tous pour le Burkina !!
    À bon entendeur, salut !!
    Merci.

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