Mali : la fin de la crise ?

Le Mali se donne désormais deux ans pour tourner la page de la transition politique. La décision a été prise par le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta à travers un décret lu, le lundi dernier, à la télévision nationale malienne. Le texte de loi précise que la durée de la Transition prend effet à compter du 26 mars 2022. En clair, en lieu et place de leur position de départ qui était de cinq ans, les autorités maliennes pensent que techniquement 18 mois suffisent pour organiser les élections.

Que s’est-il passé pour que le locataire du palais de Koulouba se décide de faire, ce qu’il convient de dire, un rétropédalage au lendemain d’un mini-sommet de la CEDEAO tenu, le samedi 4 juin, à Accra au Ghana et qui a accouché d’une souris. En effet, aucun accord n’a pu être atteint à l’issue du conclave en terre ghanéenne. Par conséquent, rendez-vous a été pris pour le 03 juillet prochain afin de statuer sur les sanctions qui pèsent contre le Mali et les deux pays en transition dans l’espace communautaire que sont le Burkina Faso et la Guinée.

Si certains Maliens ont été surpris par cette décision, les observateurs avertis étaient plus ou moins préparés à une telle annonce. En effet, avec l’intransigeance de la CEDEAO qui oppose une fin de non-recevoir aux propositions maliennes sur la durée de la Transition, l’on voyait mal le pouvoir de Bamako se départir de l’étau sous régional. Le Premier ministre malien, Choguel Maïga, n’avait-il pas jeté le pavé dans la marre lorsqu’il disait en avril dernier qu’il était « impossible d’aller en-deçà de 24 mois ? ».

Aujourd’hui, le décret vient non seulement officialiser la position des dirigeants maliens mais surtout la rapprocher de la vision de la CEDEAO favorable à une Transition de 16 mois. Il ne reste que deux mois à quereller entre les deux parties et cela ne devrait plus en principe constituer un obstacle pour accorder les violons sur ce point. A travers ce pas important, les autorités de la Transition malienne ont peut être compris qu’il ne sert à rien de perdurer dans un bras de fer inutile. Il reste que cette décision soit animée de bonne foi et qu’elle soit acceptée par les pairs de la CEDEAO.

Cependant l’autre aspect qui reste à élucider, est la question du chronogramme de transition qui déboucherait sur une élection présidentielle acceptée de tous. Une réduction de la durée de la Transition sans un calendrier clair serait un autre saut dans l’inconnu car les deux vont de pair. Les autorités maliennes gagneraient à prendre à bras-le-corps cette préoccupation afin de convaincre davantage l’institution sous régionale de sa bonne foi à trouver une issue favorable à cette crise qui n’a que trop duré.

Abdoulaye BALBONE

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