Message du Président du Faso : « Ces mesures ne touchent que les villes »

Les mesures d’accompagnement annoncées par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, pour soutenir les populations touchées par les impacts du coronavirus, sont diversement appréciées par des citoyens de Ouagadougou et de Kaya.

Dasmané Traoré, président de la ligue des consommateurs du Burkina Faso : « Des mesures salutaires »

« Ce sont des mesures salutaires dans la mesure où elles viennent combler un vide, car les uns et les autres s’attendaient à un accompagnement du gouvernement. Cependant, nous voulons attirer l’attention des autorités sur le fait qu’une chose est de faire des promesses mais une autre est de les réaliser. Pour ce qui est de l’eau, il y a un rabattement, même une suppression des coûts au niveau des bornes fontaines. Les femmes se battaient au niveau des fontaines et y veillent parfois. Il faudrait donc que l’approvisionnement soit régulier. C’est en cela que le consommateur peut sentir la gratuité de la mesure. Cela permettra aux uns et aux autres de respecter la quarantaine et le couvre- feu. Par contre, pour la mesure de la gratuité de l’électricité pour certaines couches, nous avons une inquiétude, car il faudrait que les gens soient attentifs. Ce n’est pas parce que la consommation est gratuite pour les mois d’avril à juin qu’il faut consommer l’électricité de façon exagérée. Quant à la TVA exonérée pour des produits liés au COVID-19, l’Etat consent un grand sacrifice. Cependant, il ne faudrait pas que ceux-là qui commercialisent ces produits maintiennent des prix exagérés en dépit de la diminution de la taxe. Alors, nous invitons le gouvernement à ouvrir l’œil et le bon pour traquer tous ceux qui s’adonneront à ces pratiques. Pour les mesures prises à l’endroit des commerçants, je les invite à travailler tous dans la transparence de façon à ce que le futur fonds de relance économique des entreprises profite à tous. C’est une période critique où l’on demande le sacrifice de tout un chacun, il ne faut pas que certains profitent de la situation au détriment du consommateur. Je lance un appel aux responsables des téléphones mobiles à revoir leurs tarifs, ce qui serait une manière pour eux de venir en aide à la population ».


Sayouba Zidouemba : président des commerçants du marché « Zabredaga », : « Les mesures ne touchent pas tous les commerçants »

« Je ne suis pas satisfait des mesures prises par le gouvernement pour soulager les commerçants. En effet, la mise en place d’un fonds de relance économique des entreprises en difficulté, d’un montant de 100 milliards FCFA va encore créer d’autres problèmes. Cela m’inquiète car le fonds ne sera pas distribué comme il se doit. En ce qui concerne la suspension des loyers des marchés et yaars, je suis vraiment peiné. Que deviendront les commerçants ayant leurs boutiques aux alentours des marchés comme moi ? Je paie le loyer, un magasin à 300 000 FCFA le mois alors que je dois fermer pendant 3 mois sans mesures d’accompagnement. En ce qui concerne le report des échéances des prêts bancaires pour les entreprises qui en feront la demande, c’est une mesure salutaire. Mais le mieux serait de donner l’ordre aux banques de le faire sans une demande ».


Abdel Aziz Bougma : coordonnateur du mouvement je suis Burkina : « Pour un port général des masques »

« Les mesures prises sont les bienvenues. C’est un signe de bonne volonté qui montre que l’Etat travaille pour sa population. Depuis 2016, le pays est en permanence sur le front des attaques terroristes. Aujourd’hui, on doit faire face à une pandémie alors que les ressources sont limitées. C’est pourquoi, il ne faut pas comparer notre pays à d’autres. Ce ne sont pas les mêmes réalités, ni les mêmes ressources. Cependant, en dépit de ces mesures, je souhaite la réouverture des marchés et yaars dans les prochains jours. A cet effet, nous suggérons le port général du masque dans ce pays. Cela pourrait éviter la propagation du virus. Pour cela, le gouvernement doit rendre disponible les masques et les gants et instaurer le port obligatoire. Même dans les cars et dans les taxis, les transporteurs doivent disposer de ce matériel afin de l’offrir au client car en plus de la maladie, il existe d’autres priorités à savoir le terrorisme qui sévit toujours malgré la pandémie ».


Mohamdi Zoanga, couturier au marché de Kaya: «Nous sommes dernière le Président du Faso».

«Cette démarche est salutaire. Nous sommes dernière le Président du Faso. Car, toutes ces mesures englobent pratiquement tous nos besoins. Actuellement, je fabrique des casques pour vendre au prix de 200 FCFA l’unité, afin de subvenir aux besoins de la famille. J’ai pu écouler plus de 600 exemplaires mais la disponibilité du tissu fait défaut. Ces vivres seront la bienvenue. Cependant, nous sommes mécontents de la fermeture du marché. Nous préférons sa réorganisation avec un contrôle systématique de la température des clients et le lavage des mains sans oublier le respect de la distanciation sociale».


Mouni Sawadogo, vendeur de sacs à main: «Ces mesures ne concernent pas les marchés des villages».

«Ces mesures ne touchent que les marchés et yaars des villes et commerçants citadins alors que ceux des villages sont aussi fermés. Ce sont ceux qui vivent en ville qui peuvent avoir de pénalité dans les factures d’eau et d’électricité. Il faut rouvrir certains marchés des villages environnants de Kaya comme ceux de Pissila, Basnéré, etc. L’électricité n’est pas importante pour un affamé. Avec le respect des consignes édictées, nous pouvons lutter contre la maladie dans les marchés».


Mohamad Pafarnam, vendeur d’habillements : «nous voulons la réouverture rapide des marchés»

«Lorsque nous avons appris la nouvelle sur la prise en charge des factures d’eau et d’électricité et des frais de gardiennage, la suspension des loyers et des droits de place, nous avons apprécié positivement. Mais, beaucoup d’efforts restent à faire en ce sens que nous voulons la réouverture rapide des marchés. Actuellement, à la maison, toutes nos marmites sont vides, car nous vivons au jour le jour. C’est ce que nous gagnons aujourd’hui au marché que nous consommons le lendemain. Durant les huit jours de fermeture (27 mars) de nos boutiques, nous avons dépensé toutes nos économies. Nous voulons d’autres aides plus conséquentes. Avant la fermeture de nos boutiques, nous avions initié des mesures d’hygiène. Nous pouvons faire en sorte que devant chaque portail du marché, les clients lavent les mains avant d’y entrer. Ils doivent aussi laver les mains avant de toucher nos marchandises, afin que nous puissions continuer le commerce et survivre. En ce qui concerne les dons de vivres, il sera très difficile de déterminer des personnes vulnérables, car nous sommes tous dans le besoin. Ce sont les non-nécessiteux qui s’accapareront de ces vivres si le gouvernement n’ouvre pas l’œil et le bon. La faim et la misère ne sont pas aussi loin du coronavirus. La solution n’est pas la fermeture des marchés et yaars mais plutôt la mise en place des mesures de protection fermes».


Salfo Sana, commerçant de divers : «La santé publique est une affaire de tous»

«Nous sommes très contents de cette aide. L’eau et l’électricité sont sources de vie. Nous attendons l’opérationnalisation de ces mesures d’accompagnement. Toutefois, notre souhait le plus ardent est la réouverture du marché de Kaya. Nous voulons que le gouvernement prenne des dispositions fermes pour lutter contre le COVID-19 dans les lieux publics. Nous allons nous impliquer dans cette lutte en développant des initiatives endogènes devant nos boutiques car la santé publique est une affaire de tous».


Balkissa Ouédraogo, vendeuse de condiments: «La majorité des femmes commerçantes vit dans les zones non loties»

«C’est une décision qui nous aidera beaucoup à survivre durant ces trois prochains mois. Nous souhaitons que cette maladie soit vaincue afin que nous retournions dans nos lieux de vente. La prise en charge des factures d’eau et d’électricité est salutaire mais la majorité des femmes commerçantes du marché vit dans des zones non loties. Les vivres nous seront plus bénéfiques. C’est pourquoi, nous voulons qu’ils soient directement distribués aux personnes vulnérables».


Kotti Sawadogo, vendeuse de condiments: «Nous souhaitons la transparence dans la distribution des vivres»

«Avec la fermeture du marché, nous souffrons. Mais, nous sommes très contentes de ces mesures car nous sommes vraiment dans le besoin. Nous souhaitons la transparence dans la distribution des vivres afin que nous puissions en bénéficier. Nous ne voulons pas que le marché reste fermer jusqu’au 20 avril car nous ne pourrons pas supporter».

Propos recueillis par Fleur BIRBA 
et Emil Abdoul Razak SEGDA
Segda9emil@gmail.com

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