Mille raisons d’espérer

La semaine dernière a été riche en émotion au pays des Hommes intègres, avec la reconnaissance des mérites, au plus haut niveau, de nos compatriotes. Ces derniers ont été honorés dans les domaines de l’architecture et des droits humains. La preuve, si besoin en était, que le Burkina abrite en son sein des esprits pénétrants et des bras ingénieux, capables de le sortir du creux de la vague pendant que soufflent les vents cycloniques des forces maléfiques de tous horizons.

En ces temps rudes où le pays se dresse face à plusieurs crises conjuguées, en ces moments où les importantes victoires de nos combattants sur les fronts se noient dans les complaintes des personnes déplacées internes et le concert dysharmonique des critiques diverses, les bonnes nouvelles venues de loin apaisent les cœurs meurtris et rechargent d’espoir et d’énergie positive, l’ensemble des Burkinabè.

Comme en atteste l’accueil triomphal réservé au lauréat du prix Pritzker d’architecture, Diébédo Francis Kéré, les Burkinabè y ont trouvé une occasion de savourer leur capacité à resplendir sur le toit du monde même dans les nuits les plus sombres. Tout comme ce graal dans le domaine du Premier art, le prix Martins Ennals des défenseurs des droits humains, attribué cette année à Dr Daouda Diallo et l’hommage rendu à l’ancien délégué général du FESPACO, Ardjouma Soma, au festival Khourigba au Maroc, entre autres, reverdissent nos espoirs, revigorent notre fierté et attestent de nos capacités de résilience.

Ces lauriers sont aussi un message, notamment pour les jeunes, que les portes de toutes les possibilités restent ouvertes et qu’il y a mille raisons d’espérer, à titre individuel et à l’échelle de la patrie. Le pessimisme ambiant, le fatalisme handicapant ne doivent pas être burkinabè. Travaillons, travaillons encore. Toutefois, les différentes distinctions internationales, méritées pour nos compatriotes, doivent booster notre optimisme dans la réflexion et dans l’action.

Il ne s’agit pas de renier la réalité de notre quotidien parfois attristant. Ni de substituer l’honneur reconnu à nos compatriotes à l’effort de recherche de solutions concrètes à nos difficultés. Il est aussi vrai, cependant, que nos mérites propres, nos efforts pour le rayonnement du pays, nos différentes contributions à l’édification d’une Nation de paix retrouvée doivent être reconnus par nous-mêmes avant que l’international ne s’en charge. Certains Burkinabè ont cette fâcheuse habitude de mésestimer les prouesses de leur compatriote.

C’est pourquoi, on parlera de Iron Biby, champion du monde de Log Lift, premier fils du pays à intégrer le Livre Guinness des records, de Hugues Fabrice Zango, champion du monde en salle du triple saut, premier médaillé olympique du pays ou des Etalons, toutes disciplines sportives, scientifiques, culturelles comprises, juste au détour d’une victoire. Comme une flamme qui illumine de mille lueurs le firmament pour s’éteindre juste l’instant d’après.

Sans oublier les cas de Boukary Sawadogo, meilleur enseignant des universités de la zone new-yorkaise et des colauréats de la distinction Nansen de l’humanitaire, au niveau régional, Diambendi Madiega et Roukiatou Maïga. Pire, on s’emploie à expliquer certaines victoires par le fait que les vrais adversaires n’étaient pas là. On préfère s’étaler à justifier la défaite de l’adversaire que de glorifier la victoire des nôtres. De la pudeur ou du mépris ? En tous les cas, nos « trésors vivants » méritent meilleure révérence.

Gageons donc que ces distinctions soient applaudies plus longtemps que ne dure un feu de paille et que les lauréats et tous les fils de ce pays qui ont hissé l’image et défendu l’intégrité du Burkina Faso soient honorés à jamais. Leurs noms doivent être gravés dans notre mémoire collective comme source de nos inspirations et de notre foi inébranlable en la victoire. Au-delà de la reconnaissance légitime que nous devons à nos trésors, il est aussi attendu d’eux qu’ils aient un ancrage national à travers des initiatives qui pourront faire des émules ou être bénéfiques aux communautés.

Car le moment que nous vivons, aussi pénible soit-il, offre une opportunité pour le pays de se relever et de poser de solides bases. Vivons cette fierté rafraichissante et ayons le cœur au labeur pour sortir le pays de l’ornière, pour défendre la patrie et poursuivre la construction du pays de nos ancêtres auquel s’impose l’adversité naturelle et anthropogène.

Assetou BADOH/GUIRE

badohassetou@yahoo.fr

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