Quand Wagner donne des crises de nerfs…

La question du choix de certains Etats de l’Afrique de sceller des partenariats avec la Russie pour mieux lutter contre le terrorisme fait des gorges chaudes dans le clan des « puissants » dont les pieds d’argile reposent sur les métaux lourds et précieux du continent. Depuis une dizaine d’années l’Afrique de l’ouest est particulièrement en proie au péril terroriste et les maigres moyens des Etats peinent à permettre de croiser le fer avec les forces du mal. Malgré la présence de bases militaires étrangères dans certains de ces pays, le ciel semble tomber sur la tête des populations sans défense et l’Etat se résume de plus en plus à la capitale. Comme pour saupoudrer la réalité et se donner une certaine bonne conscience, ces forces étrangères mènent parfois des « opérations de gala » médiatisées et relayées sur des chaines internationales pour dire au monde que leur partenariat fonctionne et qu’elles ont même réussi à tuer un chef et capturer vivant le numéro 2 de l’axe du mal. Les images macabres des bandits feront le tour du monde et des éditions spéciales seront lancées dans les médias vassaux de ces puissances. Avec le déclin de plus en plus des régimes en costard-cravate et des Constitution-subterfuge violées à satiété, des militaires brisent le silence et sortent de leur mutisme de principe d’antan. De la Guinée au Burkina Faso en passant par le Mali, l’avènement des hommes des casernes à la présidence se justifie en partie par l’échec des bureaucrates démocrates civils à faire preuve de poigne dans la lutte contre les grands maux du moment. Alors, que faire, face à des politiciens laxistes et prompts à la compromission loin de leur mission de respecter la Constitution et de la faire respecter ?

Que ce soit au Mali ou au Burkina, on n’a pas besoin de clamer haut et fort la piste russe comme une alternative. En situation de survie, on se moque des convenances politico idéologiques tranchées. On choisit de vivre et ce n’est pas une tierce âme qui dictera la voie à suivre à son semblable en détresse. On peut éteindre un incendie même avec de l’eau sale. Il y en a même qui sont contre le recrutement des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et parmi ceux-ci, il y a des hommes intègres dont l’argumentaire tient debout dans la théorie mais s’écroule sur le terrain, au front, faute de réalisme en situation d’urgence. La question de oui ou non à Wagner, à Denard, à Academi ou Blackwater ne doit pas être une préoccupation existentielle au point d’empêcher les victimes du terrorisme de dormir. De toute façon, nous ne dormons pas depuis six ans et rien ne sert de nous réveiller. Chaque jour des Burkinabè tombent sous le regard détourné et impassible de partenaires plus armés que nous, plus équipés que nous, et dire qu’il y en a qui fabriquent des armes chez eux et disposent de moyens sophistiqués pour nous déshabiller dans nos taudis sous nos couvertures. Au-delà des accords signés, le meilleur des accords, c’est celui qui sauve la vie de l’ami, du partenaire. Hélas, on usera de verbiage savamment alambiqué pour justifier pourquoi on n’a pas tiré sur la horde de terroristes, on usera de diplomatie pour dire que par respect de ce qui est plus cher que nos vies, on ne peut pas, on ne doit pas. On ira même au-delà de toute logique humaine et humanitaire dire que la victime doit demander de l’aide pour être aidée et que sans cette demande, on la laissera crever pour rester en paix avec sa conscience, si elle existe, et en phase avec le droit s’il n’est pas maladroit. Quand ce sont eux qui font le sale boulot, c’est une prestation de service et non des mercenaires. N’importe quoi ! Et il se trouve des Africains sains d’esprit et de corps, fiers d’être Africains qui versent dans la médisance et le colportage de vraies fausses informations pour en retour bénéficier de fausse vraie admiration de la part de leurs maîtres. Mais ce n’est pas parce qu’on est fort qu’on peut martyriser et humilier à volonté le faible. Parfois le sens de l’honneur même dans la mort élève plus que le sens de l’horreur. Après plus de 60 ans d’indépendance en laisse, il est temps que l’Afrique se fasse respecter, parce que de toute façon, elle en a les moyens.

Il suffit de regarder toutes ces richesses inouïes qui nous ennuient tant, faute d’unité. Il suffit de regarder le potentiel de ces « puissants » sans véritables ressources endogènes propres pour se rendre compte qu’ils luttent chez nous pour leur survie. Malheureusement, les derniers bastions de valets locaux sont toujours là, mais les peuples conscients et avertis resteront également déterminés pour faire de nos partenariats avec le reste du monde y compris avec Satan 2, des relations respectables et respectueuses de nos valeurs et aspirations profondes. Avec ou sans Wagner, personne ne devra répondre à notre place, et même Dieu le sait !

Clément ZONGO entzongo@yahoo.fr

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