RDC : S’inspirer de l’exemple burkinabè

Le président de la République démocratique du Congo, Felix Tshisekedi a investi, le mardi 26 octobre 2021, Denis Kadima à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) en dépit du rejet de sa candidature par une partie de la classe politique congolaise et des confessions religieuses.

En effet, M. Kadima candidat issu des huit confessions religieuses du pays est vomi par la communauté catholique et protestante. Aux côtés des deux confréries religieuses, des partis politiques et non des moindres ne voient pas d’un bon œil le choix porté sur celui qui est présenté comme un expert en élection avec plus de 30 ans d’expérience dans le domaine. La coalition Lamuka de l’opposant Martin Fayulu voit derrière ce « Monsieur élection » une machine de fraude électorale à la solde du pouvoir en place. Une telle prise de position venant d’un parti de l’Opposition, le commun des mortels serait tenté de tirer une conclusion hâtive.

Cela est vrai en politique, surtout en Afrique où c’est la règle générale. L’Opposition a coutume de s’opposer de manière systématique à toute action entreprise par le pourvoir en place. En plus de l’Opposition, le mouvement « Ensemble pour la République », regroupement politique de l’ancien gouverneur du Katanga et allié du président Tshisekedi, Moïse Katumbi, a menacé, il y a de cela quelques jours, de quitter l’Union sacrée si la candidature de Denis Kadima était validée. Une telle situation se présente alors comme trois tirs groupés sur une candidature dont l’impartialité est véritablement mise en doute. La conséquence de cette crise est que l’organe en charge des élections se trouve incomplet, 12 membres sur 15 avec 3 postes vacants réservés à l’Opposition.

Quelle sera la légitimité d’un tel organe handicapé par trois de ses membres aussi importants ? Et pourtant, cette nouvelle équipe a pour mission d’organiser les élections en fin décembre 2023. Une telle situation n’augure guère de lendemains meilleurs dans ce pays régulièrement abonné aux soubresauts politiques et autres guerres meurtrières. Les polémiques autour de la formation des bureaux des institutions en charge des élections sont souvent à l’origine de certaines crises pré ou post électorales sur le continent noir. En 2010, pour ne citer que cet exemple, la communauté internationale a assisté à ce spectacle désolant pendant la proclamation de l’élection présidentielle au sein de la CENI en Côte d’Ivoire. Et la suite est connue de tous. Une crise qui a coûté la vie à plus de 3000 âmes. Le Congo gagnerait à tirer leçon des autres pays pour éviter le pire. En la matière, ce pays pourrait s’inspirer de l’expérience qui a fait tache d’huile au Burkina Faso. Les acteurs concernés mesurant les conséquences d’un radicalisme aveugle ont opté pour le consensus. Par cet acte, ils ont su arrondir les angles en retirant le candidat de la chefferie coutumière désavoué par l’Opposition au sein de la CENI.

Abdoulaye BALBONE

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