Résultats du CEP: Une tendance à la baisse depuis 2015

Source : Graphique réalisé à partie des données de la direction des Examens et Concours

Le taux de succès au Certificat d’études primaire (CEP) session 2019 est de 55,11% et est en baisse par rapport à celui de 2018 qui était de 64,77 %. Cette régression est constatée depuis 2015, allant de 73,44% à 55,11% cette année.

Durant ces cinq dernières années, le nombre des filles qui prennent part aux examens est plus élevé que celui des garçons. Mais ces derniers réalisent les meilleurs taux de succès. A titre illustratif, en 2017, 174 812 garçons ont pris part à l’examen contre 197 334 filles, soit un écart de  22 522 candidats. En 2018, il y a 173 692 garçons contre 196 097 avec un écart de 22 405. Et en 2019, 183 645 garçons ont composé l’examen du CEP contre 213 136, soit un écart de 29 491.

Source : Graphique réalisé à partir des données de la direction des Examens et Concours

 

En 2015, le taux de succès est passé de 73,44, à 61,34 % en 2016. En 2017, il est remonté à 72,32 % pour poursuivre sa chute en 2018 et 2019, avec des taux respectifs de 64,77 % et 55,11 %.

Sur les cinq dernières années, le plus fort taux de succès, 73,44  %, a été enregistré en 2015 tandis que 2019 a le taux le plus bas. Et selon le Directeur général des Examens et Concours (DGEC), Dr Prosper Bambara, deux facteurs peuvent expliquer la baisse du taux de réussite nationale durant ces cinq années : l’insécurité et la fronde sociale.

« L’insécurité dans certaines régions, a obligé des établissements à fermer plutôt que prévu. Il y en a qui l’ont été définitivement et d’autres ont rouvert par la suite. Cela a contribué à perturber le déroulement des activités pédagogiques dans les écoles », indique Prosper Bambara.

En plus, de l’insécurité, M. Bambara souligne que depuis deux (2) ans, il y a une fronde sociale au niveau de l’éducation où les enseignants, à travers leurs syndicats, a lancé des mots d’ordre de grève qui ont impacter également sur le déroulement des activités pédagogiques et nécessairement sur les résultats.

« Lorsqu’il n y a pas d’évaluations, les enfants ne sont pas motivés à apprendre. Généralement, les élèves apprennent les leçons quand ils savent qu’il y a des évaluations en vue », note-t-il. Pour lui, ces deux facteurs ont influencé négativement sur les résultats au CEP durant ces dernières années.

Président du conseil d’Administration de la coalition de l’éducation pour tous, Samuel Dembélé quant à lui, affirme que l’impact de la vie de la nation peut avoir des effets sur les résultats scolaires. « Ca fait quatre ans que le Burkina connait des turbulences politiques et sociales. A cela s’ajoute le terrorisme aujourd’hui qui a aggravé une situation qui n’était pas reluisante), signifie-t-il.

Selon lui, on peut expliquer les contreperformances ces dernières années par ces phénomènes. Il indexe aussi le système éducatif comme étant à l’origine de cette baisse progressive du taux de succès au CEP. « Au Sahel, le système éducatif n’est pas adapté à leur besoins. Dans cette région, ce sont des éleveurs, de transhumais et ce système devrait être adapté à leurs réalités », confie-t-il.

Source : Graphique réalisé à partie des données de la direction des Examens et Concours

Le succès des filles, une autre bataille à gagner

 

Malgré le nombre élevé des filles au niveau de l’examen d’étude primaire, les garçons ont réalisé les meilleurs taux. En  2019 par exemple, les filles ont réalisé un taux de succès de 52,38 % contre 58,28 % pour les garçons.

Mais il n’y a pas que le taux de succès global qui régresse parce que celui de filles et des garçons connaissent une chute chaque année depuis 2015. De 70,76% en 2015, le taux est passé à 52,38% en 2019 chez les filles et de 76,35% en 2015 à 58,28% en 2019 chez les garçons. Le Directeur générale des examens et concours, le Dr Prosper Bambara a indiqué que les facteurs socioculturels sont à l’origine de cette contreperformance des filles au certificat d’étude primaire.

Pour lui, le fait que les filles sont assujetties aux tâches ménagères à la maison après l’école, les empêchent d’étudier et faire les exercices de maison donnés par l’enseignant. « On a gagné quelque part parce qu’on a atteint la parité. Aujourd’hui, au Burkina, on atteint plus de 52 % de femmes et cette structure de la population est en train de se refléter au niveau des candidats qui se présentent aux examens. Mais maintenant, il nous faut gagner la bataille des résultats et faire en sorte que les filles soient au moins aussi performantes que les garçons », affirme M. Bambara.

 Pour inverser cette tendance, le Dr Prosper Bambara invite les parents à comprendre que la fille a besoin de temps à la maison pour réviser les leçons après l’école. « L’école ne se limite pas seulement à ce qui se passe en classe et dans la cours de l’école. Mais après la classe, il y a des activités que les enfants doivent mener pour être à jours le lendemain à l’école », soutien-t-il.

Wamini Micheline OUEDRAOGO

 

 

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