Un sacerdoce collectif

Quatre mois après sa prise du pouvoir, le chef de l’Etat, Président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a accordé en exclusivité un entretien à la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB) et Savane média. Il faut, d’abord, saluer ce choix de s’adresser à son peuple par le canal de la presse nationale. L’exercice en lui-même en valait la peine, tant le capitaine Traoré en avait à éclairer l’opinion sur de nombreux sujets dignes d’intérêt. Sur la forme, le choix de deux interlocuteurs face au chef de l’Etat a donné du répondant à l’entretien. Dans le fond, le président est resté égal à lui-même, avec un discours franc comme à son habitude.

Le capitaine Traoré n’a pas fait dans la langue de bois. Il s’est assumé dans ses réponses avec la sérénité qu’il a toujours affichée. Ce fut une belle occasion de répondre aux préoccupations de ses compatriotes, mais aussi une façon de réagir face à la communauté des Hommes, notamment à ceux et celles qui doutent de l’engagement du pays à refonder sa diplomatie. La finalité étant de permettre au pays des Hommes intègres d’assumer ses choix et sa vision du monde, malgré ses ressources limitées qui peuvent pourtant concourir à son développement pour peu qu’elles soient bien gérées. C’est un Burkina nouveau que le chef de l’Etat, Ibrahim Traoré, a voulu décrire dans sa vision. Sur l’actualité ambiante, Ibrahim Traoré a suffisamment décliné sa ligne de conduite.

Il n’y aura pas d’exclusivité, de chasse gardée d’un partenaire sur le reste des contributeurs au développement du Burkina Faso. En relisant l’accord de décembre 2018 sur la présence des militaires français sur le territoire burkinabè, le pays fait bien la différence entre demander le retrait des soldats d’élite de l’armée française et la rupture des relations avec la France. Le Burkina n’en est pas là. Il n’y a donc pas d’inquiétude par rapport au recours au groupe de sécurité privé russe, Wagner ; un sujet qui fait perdre le sommeil dans bien de chancelleries occidentales. Le Président Ibrahim Traoré a bien indiqué que les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont bien les Wagners locaux, encadrés par des éléments de l’Armée nationale, dans la lutte contre le terrorisme. Le pays a-t-il oui ou non la liberté de se choisir une option pour se défendre face aux forces du mal? La question ne souffre pas de débat, surtout à un moment où l’existence de la patrie est menacée par les multiples attaques terroristes.

La réponse coule de source. Le Président Traoré a été clair, puisque c’est sur ce sujet que les Burkinabè l’attendent. Dans les prochains jours, le pays va davantage s’illustrer comme la patrie de braves guerriers. Un pays où les compatriotes ont toujours été à la pointe de la bravoure, y compris dans les deux conflits majeurs du XXe siècle, car lors des deux guerres mondiales, les « Gaulois » voltaïques ont sué sang et eau pour défendre jusqu’à la mort, la grande France des droits de l’homme. Cet entretien du Président Traoré est la consécration aussi de la mise en évidence du rôle des médias nationaux dans le combat contre le terrorisme, sans pour autant interférer forcément dans leur ligne éditoriale. Le pouvoir n’attend pas moins, un regard professionnel des médias sur une question où les hommes sont piégés et naviguent dans le fameux dilemme shakespearien : en parler sans limites, c’est créer la psychose, ne pas en parler, c’est donner l’illusion que tout baigne. En tous les cas, les Burkinabè, engagés aux côtés des autorités, savent désormais qu’ils n’ont plus le choix. Taire les viles divergences pour se consacrer à l’essentiel : la défense de la patrie. En plus d’une heure, le Président Ibrahim Traoré l’a appelé de tous ses vœux. Tout compte fait, c’est à ce seul prix que la Nation paisible et prospère d’antan, dont les Burkinabè ont la nostalgie, pourra se reconstruire sur le socle d’une société unie dans sa diversité ethnique, religieuse et culturelle, mais aussi débarrassée de ses tares, notamment la corruption et la mal gouvernance qui ont contribué à exacerber les crises qui couvaient. Cette mission est celle du capitaine Traoré, mais avant tout le sacerdoce de tous les Burkinabè.

Assetou BADOH

badohassetou@yahoo.fr

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