Une diplomatie décomplexée

L’année 2023 connait un début mouvementé sur le plan diplomatique au Burkina Faso. Plusieurs faits de l’actualité entretiennent cette dynamique. Le Président de la Transition, chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, a reçu, la semaine écoulée, le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo. Celui-ci a réaffirmé, à l’occasion, le soutien de l’instance sous régionale aux efforts déployés par le Burkina Faso dans la lutte contre l’hydre terroriste et la mise en œuvre des engagements pris avec la CEDEAO. Dans le même laps de temps, une émissaire du Président français, Emmanuel Macron, en l’occurrence, la Secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Affaires étrangères, Chrysoula Zacharopoulou, s’est entretenue avec le capitaine Traoré.

Avec cette haute représentante de l’ancienne puissance coloniale, les échanges ont tourné au tour des points saillants de l’actualité. Il a, certes, été question de sécurité, la France étant toujours engagée dans la lutte contre le terrorisme au Sahel malgré son départ du Mali, mais aussi et surtout du cas de l’ambassadeur, Luc Hallade, dont Ouagadougou a demandé le remplacement. La visite de l’ambassadeur de Russie au Burkina Faso avec résidence à Abidjan, Alexey Saltykov, n’a pas non plus échappé aux observateurs avisés de l’actualité. Il a été tour à tour reçu par le Premier ministre, Joachimson Apollinaire Kyélem de Tambèla, qui a récemment séjourné en terre russe et le chef de l’Etat. Toujours au compte des actions diplomatiques remarquables menées la semaine dernière, figure en bonne place, le séjour en Guinée de la ministre en charge des affaires étrangères, Olivia Rouamba, avec un message du capitaine Traoré pour son homologue et frère d’armes, le colonel Mamadou Doumbouya. Les autorités de la Transition qui semblent évoluer à la vitesse grand V, eu égard à la formule « Tout est urgent », misent incontestablement sur la diplomatie pour expliquer et faire comprendre leur vision pour sortir le Burkina Faso du gouffre. Les maitre-mots de toute évidence se résument à renforcer, dynamiser et réécrire sans exclusive de nouvelles perspectives avec les partenaires bilatéraux et multilatéraux d’un Burkina Faso infesté par des groupes armés terroristes plus que jamais actifs.

Le pays des Hommes intègres s’est ainsi engagé à asseoir une diplomatie ouverte et décomplexée, pour accompagner le processus de la Transition en cours depuis septembre 2022. L’essentiel est que cette coopération souveraine se fasse dans un respect mutuel et avantageux pour toutes les parties. Le Burkina Faso s’engage à jouer sa partition en préservant les intérêts d’un pays qui aspire à la paix sociale, au développement économique. En un mot, à la stabilité. Malgré la situation sécuritaire sans précédent qu’il traverse, le Burkina est toujours fréquentable sur le plan diplomatique. Notre chère patrie retrouve sa ferveur diplomatique et compte saisir toutes les opportunités pour montrer à ses partenaires, sa volonté de restaurer sa paix et sa stabilité d’antan, en se débarrassant des terroristes qui l’assaillent, en se donnant les moyens pour le faire. La reconquête des localités sous occupation terroriste comme Solenzo et Falagountou, offre des lueurs d’espoir. Avec la collaboration des partenaires dans une même vision, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’on viendra à bout de ceux qui ont pris les armes contre la mère patrie. Le plus grand atout du Burkina Faso demeure la résilience de son peuple, prêt à faire corps avec les autorités pour donner la réplique appropriée à ces égarés et porter haut l’étendard national. Cela passe aussi par une diplomatie forte, comme l’ont compris les autorités de la Transition dont la détermination à libérer le pays ne souffre pas de débat. Le Burkina ira dénicher en toute souveraineté les partenaires qu’il lui faut, là où ils se trouvent. Cette offensive diplomatique permettra de montrer aux différents partenaires, les priorités de l’heure et la volonté de refermer ce cycle de terreur injustement imposé au pays. De ce fait, il conviendrait, en dépit de tout, de se garder de verser dans une surenchère improductive.

Assetou BADOH

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