Wang Yi, ministre des Affaires étrangères chinois : « La diplomatie autour de la réponse à la COVID-19 a montré le sens des responsabilités de la Chine »

Le conseiller d’Etat et ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a accordé une interview à l’agence de presse Xinhua et au China media group sur la situation internationale et la diplomatie chinoise en 2021. Dans cet entretien, le chef de la diplomatie chinoise a soutenu que « le monde entre à un rythme accéléré dans une période de turbulences et de transformations ».

Q : En 2021, le Parti communiste chinois (PCC) a célébré son 100e anniversaire, et la Chine a parachevé l’édification intégrale d’une société de moyenne aisance et réalisé l’objectif du premier centenaire. Cette année a aussi été très intense pour la « cloud diplomatie » de Chef d’État. Quels sont vos commentaires sur le travail diplomatique dans l’ensemble en 2021 ?

Wang Yi : L’année 2021 s’inscrira dans les annales de l’histoire tant pour le monde que pour la Chine. Le monde traverse une évolution accélérée de changements inédits sous l’effet d’une épidémie jamais connue depuis un siècle. L’occupation du Capitole, le moment Kaboul, le nationalisme vaccinal, le retour de l’ombre de la guerre froide et d’autres foyers d’instabilités se sont multipliés. Le monde entre à un rythme accéléré dans une période de turbulences et de transformations. En Chine, sous la ferme direction du Comité central du PCC rassemblé autour du Camarade Xi Jinping, nous avons parachevé l’édification intégrale d’une société de moyenne aisance, célébré solennellement le centenaire du Parti, et entamé avec confiance la nouvelle marche vers la réalisation de l’objectif du deuxième centenaire. La diplomatie chinoise a puisé sa force dans les cent ans d’accomplissements du PCC, et avancé courageusement et résolument au travers des compétitions et défis, écrivant ainsi un nouveau chapitre splendide de la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises. Premièrement, la diplomatie de Chef d’État a joué un rôle de pilotage. Le Président Xi Jinping a eu 79 entretiens téléphoniques avec des dirigeants étrangers et des responsables d’organisations internationales et participé à 40 activités diplomatiques importantes sous format virtuel. Il a renforcé la communication stratégique avec les dirigeants de différents pays, consolidé le consensus et planifié la coopération à l’échelle internationale, traçant de grandes perspectives et formant une forte synergie pour la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité.

La diplomatie de Chef d’État a contribué solidement à la stabilité globale des relations entre grands pays, approfondi les liens de bon voisinage et d’amitié avec les pays voisins, renforcé la coopération mutuellement bénéfique avec les pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, et construit pour la Chine un réseau de partenariats global plus large et plus solide. Deuxièmement, la diplomatie autour de la réponse à la COVID-19 a montré le sens des responsabilités de la Chine envers le monde. Nous avons toujours joué un rôle pionnier dans la coopération internationale contre l’épidémie, veillé à ce que les vaccins soient avant tout un bien public mondial et été en première ligne pour la distribution équitable des vaccins. Nous avons été parmi les premiers à prendre l’engagement de faire des vaccins contre la COVID-19 un bien public mondial, à soutenir la levée des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins et à développer la coopération sur la production de vaccins avec les autres pays en développement. Nous avons aussi été parmi les premiers à coopérer avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur l’identification des origines du virus dans le monde, à préconiser le rejet de la politisation de l’épidémie et de l’étiquetage du virus, et à appeler à combattre le nouveau coronavirus de même que le virus politique. Par un ferme engagement et des actions concrètes, la Chine a maintenu le bon cap de la lutte internationale contre l’épidémie et apporté une contribution remarquable à la construction d’une communauté de santé pour tous.

Troisièmement, la diplomatie pour le développement a apporté la contribution chinoise au développement dans le monde. À de différentes occasions comme le Forum de Boao pour l’Asie, le Forum économique mondial à Davos, la Foire internationale du Commerce des Services de Chine et l’Exposition internationale d’Importation de la Chine, le Président Xi Jinping a annoncé de nouvelles mesures visant une plus grande ouverture, avec une liste négative plus courte, un meilleur environnement d’affaires et une plus grande ouverture sur le plan institutionnel, offrant des opportunités chinoises et apportant la contribution chinoise à la reprise économique mondiale. En réponse aux défis sérieux qu’a lancés l’épidémie aux autres pays en développement, le Président Xi Jinping a avancé solennellement l’Initiative pour le Développement mondial en vue de favoriser la synergie internationale dans la mise en œuvre accélérée du Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies, afin qu’aucun pays ni aucun individu ne soit laissé pour compte. Cette initiative a reçu jusqu’ici la réponse favorable et le soutien du système onusien et de près de 100 pays. Quatrièmement, la diplomatie multilatérale a défendu l’équité et la justice. Nous avons porté haut le flambeau du multilatéralisme, œuvré à promouvoir les valeurs communes de l’humanité et défendu fermement le système international centré sur les Nations Unies et l’ordre international basé sur le droit international.

Nous avons participé activement à la construction du système de gouvernance mondiale dans les domaines du climat, de l’environnement, de la santé et du numérique, et présenté de manière approfondie les visions de l’avenir partagé pour l’homme et la nature et de la communauté de toutes les vies sur la Terre, apportant des solutions et la force de la Chine dans la réforme du système de gouvernance mondiale. Cinquièmement, la diplomatie au service du peuple a honoré notre engagement solennel. Nous avons œuvré activement à soutenir la construction de la nouvelle dynamique de développement, à mettre en place des « voies rapides » pour la circulation des personnes nécessaires et des « corridors verts » pour l’acheminement de matériels d’urgence, veillé à la propagation du virus venant de l’extérieur et à préserver les acquis de la riposte sanitaire dans le pays. En plaçant le peuple par-dessus toutes nos préoccupations, nous avons pris l’initiative de construire un système de protection des intérêts des ressortissants en outre-mer et d’alerte et prévention des risques, et sauvé avec succès des dizaines de ressortissants chinois pris en otage. Nous avons lancé rapidement le programme « pousse de printemps » pour vacciner des millions de nos compatriotes dans plus de 180 pays. « Où que vous soyez, la patrie est derrière vous », c’est la mission et l’engagement constants de la diplomatie chinoise.

Q : Le 6e plénum du XIXe Comité central du PCC tenu cette année attire une attention énorme de la communauté internationale. Selon vous, comment cette session pourra-t-elle guider la diplomatie chinoise ? Comment la communauté internationale voit-elle le centenaire du PCC ?

Wang Yi : Le 6e plénum du XIXe Comité central du PCC a dressé un bilan global des accomplissements majeurs du Parti dans ses cent ans de lutte et en a tiré dix expériences historiques qui sont toutes d’une grande importance pour guider notre action diplomatique. Maintenir la direction du Parti est l’orientation fondamentale de la diplomatie chinoise. Dans le monde d’aujourd’hui, le succès de la gouvernance de la Chine est de plus en plus reconnu et apprécié. Cela tient au fond à la direction centralisée et unifiée du Parti. La direction du Parti est aussi le plus grand atout politique de la diplomatie chinoise, le fondement de la diplomatie de grand pays aux caractéristiques chinoises et la garantie institutionnelle de tous nos accomplissements. Placer le peuple au centre de notre action est la source de la force de la diplomatie chinoise. Ce n’est qu’en s’appuyant sur le peuple que la diplomatie chinoise peut résister à toute épreuve et poursuivre sa marche en avant. Nous, diplomates chinoises, mettrons toujours le peuple au centre de notre action. Nous défendrons les intérêts du peuple chinois et poursuivrons activement le principe de la diplomatie au service du peuple. Nous approfondirons l’amitié et la coopération avec les peuples des autres pays en vue de promouvoir une plus grande solidarité dans le monde. Porter une vision mondiale est l’engagement initial de la diplomatie chinoise. Le PCC œuvre non seulement au bonheur du peuple chinois et au renouveau de la nation chinoise, mais également au progrès de l’humanité et à l’harmonie dans le monde. C’est un engagement et une mission que le Parti a inscrits sur son drapeau dès le jour de sa fondation. Nous, diplomates chinois, garderons à l’esprit la situation domestique et la situation internationale, et travaillerons avec les autres pays pour construire la communauté d’avenir partagé pour l’humanité. Poursuivre l’esprit d’indépendance est la belle tradition de la diplomatie chinoise.

Quelle que soit l’évolution de la situation internationale, nous poursuivrons fermement la politique étrangère d’indépendance et de paix de même que la voie de développement pacifique. En même temps, nous soutiendrons fermement les pays du monde, notamment les pays en développement, dans leurs efforts pour défendre la souveraineté et l’indépendance et explorer une voie de développement adaptée à leurs conditions nationales. Se déterminer à lutter est le caractère distinct de la diplomatie chinoise. La diplomatie chinoise s’est développée au travers de la lutte contre l’invasion, le blocus, la sanction et l’ingérence. Elle incarne le caractère indomptable et intrépide de la nation chinoise et conserve l’excellente tradition de préserver les intérêts de l’État et de défendre l’équité et la justice. Dans la nouvelle marche vers le renouveau de la nation, nous continuerons de nous opposer fermement à tout agissement hégémonique et d’intimidation et assumerons activement nos responsabilités internationales de maintenir la paix et de promouvoir le développement. Cette année marque le 100e anniversaire de la fondation du PCC. Nous avons reçu des messages de félicitations de plus de 600 partis et organisations politiques de plus de 170 pays. Lors de mes échanges avec les autres ministres des Affaires étrangers et hauts fonctionnaires d’autres pays, ils ont toujours commencé par féliciter le PCC pour son centenaire. Dans nos échanges avec l’extérieur, nous pouvons mesurer en profondeur que la communauté internationale porte un plus grand intérêt, focalise une plus grande attention et apporte une plus grande adhésion au PCC. Nous, diplomates chinois, avons également travaillé activement pour présenter le PCC au monde, défendre son image et promouvoir ses exploits.

Par exemple, les « 100 histoires dans les échanges du PCC avec l’extérieur », programme que nous avons lancé, ont été lues, regardées et diffusées pour plus d’un milliard de fois en Chine et à l’étranger. Nous avons invité les diplomates en poste en Chine et les journalistes des grands médias internationaux à des sites historiques du Parti comme ceux dans les villes de Yan’an et de Jiaxing, le Musée de la Révolution du Mont Xiangshan et le Musée du Parti communiste chinois. Ces visites ont permis à nos amis étrangers de connaître l’histoire de ce grand Parti centenaire et de décrypter son code génétique. Beaucoup de personnalités étrangères, y compris des Occidentaux qui avaient eu des idées reçues sur le PCC, ont affirmé que ces visites sur place leur avaient permis d’avoir une idée toute nouvelle sur la Chine et le PCC, qu’ils éprouvaient une profonde admiration pour les grandes réalisations accomplies par le peuple chinois sous la direction du PCC et qu’ils souhaitaient sincèrement mieux connaître les clés de la réussite du PCC. Dans l’avenir, nous continuerons de présenter au monde l’image d’une Chine réelle et multidimensionnelle dans son ensemble et nous œuvrerons à gagner une  compréhension plus grande et plus profonde de la part de la communauté internationale pour le système chinois, la voie chinoise et les visions chinoises.

Q : Les États-Unis et certains d’autres pays cherchent à prôner les valeurs occidentales et provoquer des divisions idéologiques. Cette année, nous avons vu plusieurs confrontations entre différentes forces dans les enceintes multilatérales. Quels sont vos commentaires là-dessus ?

Wang Yi : Il y a certains dans ce monde qui se croient encore supérieurs aux autres et qui cherchent à imposer à autrui leur propre volonté. Ils mettent en avant arbitrairement des prétextes grandiloquents, comme règles, droits de l’homme, démocratie, pour dénigrer et encercler la Chine et bien d’autres pays en développement. Devant eux, nous ne devons ni céder ni reculer. Nous devons aller de l’avant pour les affronter, et travailler avec la majorité des pays du monde pour défendre l’équité et la justice et préserver le grand bien de toute l’humanité. La première confrontation est celle entre le vrai et le faux multilatéralisme. Certains pays, en clamant des slogans du multilatéralisme, montent en réalité de « petits cercles » et cherchent à replonger le monde dans la confrontation de la guerre froide. Face à cela, la Chine a indiqué sans équivoque que tous les pays devaient défendre et pratiquer le véritable multilatéralisme, et souligné qu’il n’y avait qu’un seul système international au monde, celui centré sur les Nations Unies, et que tous les pays devaient défendre résolument l’autorité et la place des Nations Unies, s’opposer conjointement à la division et la confrontation, rejeter ensemble le jeu à somme nulle et promouvoir sans cesse la démocratisation des relations internationales. Cette position de la Chine a été saluée et soutenue par la majorité des pays du monde. La deuxième confrontation est celle entre les vraies et les fausses règles.

Un petit nombre de pays prônent le prétendu « ordre fondé sur des règles » mais ne veulent pas accepter l’idée que les règles doivent se baser sur le droit international universellement reconnu. Ils cherchent en réalité à imposer à la communauté internationale leurs « règles domestiques » et les « règles de bande » qu’ils avaient élaborées avec leurs alliés. Face à cela, la Chine a souligné à maintes reprises aux Nations Unies et dans d’autres enceintes multilatérales qu’il n’y avait qu’un seul ensemble de règles au monde, à savoir, les normes fondamentales régissant les relations internationales basées sur la Charte des Nations Unies. Ces propos retentissants ont dévoilé le dessein de certains pays de pratiquer l’hégémonie sous le couvert des règles, et permis de préserver la stabilité de l’ordre international. La troisième confrontation est celle entre les vrais et les faux droits de l’homme. Les États-Unis et certains d’autres pays ont de nombreux problèmes de droits de l’homme chez eux, mais ils ont toujours utilisé la question des droits de l’homme comme un outil pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’autrui et n’ont cessé d’attaquer et de dénigrer la Chine et les autres pays en développement avec des accusations infondées. Face à cela, la Chine a remis les choses en bonne voie en présentant au monde la vision chinoise des droits de l’homme et les accomplissements qu’elle avait obtenus dans le développement des droits de l’homme. Dans le même temps, nous avons riposté résolument pour révéler l’hypocrisie de ce prétendu « défenseur des droits de l’homme ».

La justice est dans le cœur de chacun. Cette année, au Conseil des droits de l’homme et à l’Assemblée générale des Nations Unies, nous avons déjoué à quatre reprises consécutives les motions anti-Chine avec un soutien écrasant. Environ 100 pays ont soutenu la position légitime de la Chine et se sont opposés à l’ingérence dans les affaires intérieures chinoises sous prétexte des droits de l’homme. La quatrième confrontation est celle entre la vraie et la fausse  démocratie. En réponse au prétendu « Sommet pour la démocratie » et du faux débat sur « la démocratie contre l’autoritarisme » organisés par les États-Unis, la Chine a porté les valeurs communes de l’humanité, publié le rapport intitulé The State of Democracy in the United States et encouragé les discussions sur les critères et les pratiques de la démocratie dans les enceintes bilatérales et multilatérales. Cela a révélé les paradoxes et les défaillances dans la démocratie américaine et éveillé des doutes dans toute la communauté internationale sur les intentions des États-Unis. Le prétendu « Sommet pour la démocratie » s’est terminé à la hâte, sans consensus, ni résultat ni perspectives. Cela démontre encore une fois que la démocratie est une valeur commune de l’humanité et qu’aucun pays n’est qualifié pour donner des leçons aux autres sur ce sujet. Seuls les peuples sont les mieux placés pour juger si la démocratie de leurs pays est vraie ou fausse, si elle est bonne ou mauvaise.

Q : La COVID-19 continue de se propager dans le monde. Comment la Chine a-t-elle contribué à la lutte solidaire dans la communauté internationale contre l’épidémie, à l’identification scientifique des origines du coronavirus, et à l’accélération de la reprise de l’économie mondiale ?

Wang Yi : Depuis l’apparition de la COVID-19, les Chinois, unis en bloc, ont lutté contre le virus dans le respect de la science, jouant un rôle exemplaire dans la riposte sanitaire dans la communauté internationale. En même temps, nous n’avons pas pensé seulement à nos propres intérêts, mais avons dès le début pris l’initiative de développer la coopération internationale pour apporter notre part de contribution à la préservation de la santé publique mondiale, au bénéfice du monde entier. La Chine a lancé en premier des opérations d’aides humanitaires d’urgence à l’échelle internationale, ouvrant ainsi la coopération internationale axée sur les aides d’urgence en matériels. Jusqu’à présent, elle a fourni à la communauté internationale environ 372 milliards de masques, plus de 4,2 milliards de combinaisons de protection et 8,4 milliards de kits de dépistage. Depuis cette année, nous avons poursuivi ce combat collectif avec l’accent mis sur la coopération sur les vaccins. J’aimerais saisir cette occasion pour annoncer que jusqu’au 26 décembre 2021, la Chine a fourni plus de deux milliards de doses de vaccins à plus de 120 pays et organisations internationales. Nous avons ainsi honoré l’engagement pris par le Président Xi Jinping devant le monde entier et fait de notre pays celui qui a fourni le plus de vaccins au reste du monde. Une dose de vaccin sur deux utilisée dans le monde entier est fabriquée en Chine.

Pour beaucoup de pays, surtout des pays en développement, les premiers vaccins arrivés sur leurs sols et la majorité des vaccins qu’ils ont obtenus jusqu’ici sont tous chinois. C’est un contraste frappant avec les promesses vaines de certains pays. Récemment, le Président Xi Jinping a annoncé une nouvelle aide à l’Afrique, à savoir un milliard de doses de vaccins supplémentaires, dont 600 millions sous forme de don, pour contribuer à la réalisation de l’objectif fixé par l’Union Africaine de vacciner 60% de la population africaine contre la COVID-19 d’ici 2022. La Chine fournira aussi aux pays de l’ASEAN un don supplémentaire de 150 millions de doses de vaccins. Par ailleurs, nous soutenons le transfert de technologies par des entreprises chinoises aux autres pays en développement et développons la production conjointe de vaccins avec 20 pays. Bref, la Chine ne vise aucun intérêt géopolitique égoïste dans ses actions et n’assortit ses aides d’aucune condition politique. Elle entend, par ses actions concrètes, ériger une « grande muraille d’immunité » pour la santé humaine et offrir un « bouclier de santé » pour tous les pays en développement.

Q : Cette année marque le 20e anniversaire de la signature du Traité de bon voisinage et de coopération d’amitié sino-russe. Qu’est-ce que l’engagement de la Chine et de la Russie, deux grands pays, représente pour la stabilité stratégique et le développement du monde ? Comment voyez-vous les relations sino-russes d’aujourd’hui ?

Wang Yi : La Chine et la Russie sont deux grands pays d’influence mondiale. Le renforcement de leur coordination stratégique et de leur coopération pragmatique a une portée mondiale et joue un rôle irremplaçable. Cette année, les deux parties ont solennellement commémoré le 20e anniversaire de la signature du Traité de bon voisinage et de coopération d’amitié sino-russe. Le Président Xi Jinping et le Président Vladimir Poutine ont annoncé officiellement la reconduction du Traité en l’enrichissant de nouvelles dimensions de l’ère nouvelle. Durant cette année, les deux Chefs d’État ont maintenu une étroite communication stratégique et ils se retrouveront dans un peu plus d’un mois pour le « rendez-vous aux Jeux Olympiques d’hiver ». Sous le pilotage des deux Chefs d’État, les relations sino-russes sont devenues plus matures, plus stables, plus résilientes et débordent de vitalité.

La Chine et la Russie ont donné un exemple à suivre pour le monde dans la lutte contre la COVID-19. Faisant toujours preuve de solidarité et d’entraide, les deux pays ont joué un rôle pionnier dans la recherche, le développement et la production de vaccins ainsi que leur fourniture au reste du monde, se sont opposées ensemble à la stigmatisation et à la politisation de l’épidémie et de l’identification des origines du virus et ont montré à la communauté internationale que la réponse solidaire est la bonne voie à suivre. La Chine et la Russie ont injecté une forte impulsion à la reprise économique mondiale. La coopération tous azimuts entre la Chine et la Russie a été portée à un niveau plus élevé. Le volume des échanges commerciaux a battu un nouveau record. Les grands projets stratégiques sont mis en œuvre dans d’heureuses conditions, et la coopération en matière d’innovation scientifique et technologique est en plein essor. Tout cela a non seulement apporté une contribution importante au bien-être des deux peuples, mais aussi offert de nouvelles opportunités pour la reprise économique mondiale. La Chine et la Russie ont fourni une garantie solide à la stabilité régionale. Les deux parties ont maintenu une coordination stratégique de haut niveau, travaillé à ce que l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) et les BRICS jouent un rôle constructif et renforcé la coordination stratégique sur les dossiers brûlants, offrant ainsi un appui essentiel à la promotion de la stabilité régionale et de la solidarité entre les pays en développement.

La Chine et la Russie ont assumé leurs responsabilités pour la gouvernance mondiale. Les deux parties ont défendu fermement le système international centré sur les Nations Unies et l’ordre international fondé sur le droit international, et se sont opposées ensemble aux ingérences dans les affaires intérieures d’autrui, aux sanctions unilatérales et aux pratiques d’extraterritorialité, devenant des piliers dans la mise en œuvre du véritable multilatéralisme et la préservation de l’équité et de la justice internationales et montrant au monde le sens des responsabilités digne d’un grand pays. Nous sommes convaincus que, tant que la Chine et la Russie, deux grands pays, se tiennent côte à côte et approfondissent leur coordination main dans la main, l’ordre international ne saurait jamais être saboté, la justice internationale ne saurait jamais s’écrouler et l’hégémonisme ne saurait jamais triompher.

Q : Pendant cette année, les Chefs d’État chinois et américain ont eu deux conversations téléphoniques et un entretien en visioconférence. Les officiels de haut niveau des deux pays ont également eu plusieurs rencontres et entretiens. Dans le même temps, les États-Unis ne cessent d’entreprendre des actions négatives contre la Chine. Comment voyez-vous l’état actuel des relations sino-américaines ? Comment les deux pays peuvent-ils trouver une bonne voie de se traiter l’un l’autre ?

Wang Yi : Par rapport à ce qui s’était passé pendant des années précédentes, les relations entre la Chine et les États-Unis ont connu cette année un certain nombre de changements. Devant une Chine déterminée à défendre ses droits et à combattre l’hégémonie, la partie américaine s’est rendu compte qu’il était impossible de la faire céder en brandissant la menace de la pression maximale, et que ce genre de pratiques finiraient par compromettre ses propres intérêts. Des dirigeants et officiels de haut rang des États-Unis ont successivement affirmé que la partie américaine ne cherchait pas une nouvelle guerre froide, qu’elle ne cherchait pas à changer le système de la Chine, que la revitalisation de ses alliances n’était pas anti-Chine, qu’elle ne soutenait pas l’indépendance de Taïwan et qu’elle n’avait pas l’intention d’entrer en conflit ni en confrontation avec la Chine. Mais nous voyons dans le même temps que la partie américaine continue de multiplier des provocations sur des questions touchant à la souveraineté, à la sécurité et aux intérêts de développement de la Chine, et de porter préjudice aux relations sino-américaines. Ce décalage flagrant entre parole et action a suscité de sérieux doutes sur la crédibilité des États-Unis. Les États-Unis prétendent souvent être une société fondée sur le crédit. Comme dit un vieil adage chinois, « un homme non crédible ne peut tenir sa place dans la société. » C’est aussi et surtout valable pour les relations interétatiques.

Si la partie américaine veut préserver un minimum de crédibilité dans le monde, elle devra honorer ses engagements par des actions concrètes et joindre l’acte à la parole pour gagner la confiance du peuple chinois et de la communauté internationale. Concernant la politique américaine de la Chine, l’attitude de la partie chinoise est claire et constante. Le Président Xi Jinping a avancé solennellement trois principes, à savoir le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération gagnant-gagnant. Ces trois principes résultent des expériences et leçons tirées de plus d’un demi-siècle d’échanges entre les deux pays, et constituent la bonne voie à suivre pour la reprise d’un développement sain et stable des relations sino-américaines. Et la réalisation de cette perspective dépend de la capacité de la partie américaine de bien comprendre les trois choses suivantes : Premièrement, le développement et le redressement de la Chine sont son droit légitime en tant que pays souverain et aussi et surtout une tendance irrésistible que personne ne saurait changer ni empêcher. Il vaut mieux la suivre plutôt que d’aller à contre-courant. Les relations sino-américaines pourront revenir sur la bonne voie et connaître un développement stable, tant que les États-Unis abandonnent véritablement leur obsession de contenir et d’endiguer le développement de la Chine.

Deuxièmement, quel que soit son niveau de développement, la Chine ne reprendra jamais le vieux chemin emprunté par des pays occidentaux pour rechercher l’hégémonie mondiale, et elle n’a aucune envie de changer, remplacer ou menacer qui que ce soit. La Chine et les États-Unis pourront tout à fait contribuer au développement de part et d’autre et réaliser une prospérité partagée tant que les États-Unis considèrent véritablement la Chine comme partenaire et non comme rival ou ennemi. Troisièmement, le système social et la voie de développement de la Chine représentent un choix ferme et reflètent la volonté collective des 1,4 milliard de Chinois. Nous respectons le système et la voie des États-Unis, mais nous ne tolérons aucun dénigrement ni aucune atteinte au système et à la voie choisis par nous-mêmes. Les systèmes et voies chinois et américains pourront coexister pacifiquement et sans contradiction sur cette planète tant que la partie américaine abandonne véritablement son obsession de confrontation idéologique.

N.B. : La suite est à lire dans nos prochaines parutions

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