Le mouvement Initiative pour la Ceinture de verte de Ouagadougou (CVO) a organisé, le samedi 1er juin 2019, un panel sur le sujet. L’objectif est de consolider le plaidoyer en faveur de la réhabilitation de cette bande qui entoure la capitale.
La réhabilitation de la Ceinture verte de Ouagadougou (CVO) préoccupe des citoyens réunis au sein de l’Initiative Ceinture verte. Le mouvement a organisé le samedi 1er juin 2019, une conférence publique sous forme de panel au profit d’acteurs venus de divers horizons. Le Colonel Mamadou Baïlé inspecteur des Eaux et forêts et le président de l’Association Droit au logement, Seydou Traoré, ont eu la charge des communications. Premier à prendre la parole, Mamadou Baïléa fait savoir que la création de la Ceinture verte de Ouagadougou remonte aux années de la sécheresse, 1973-1974 sous la houlette du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS). Ainsi, a-t-il expliqué, en plus de la capitale burkinabè, des villes comme Dakar, Niamey, Nouakchott, etc. disposaient aussi chacune d’une ceinture verte. En ce qui concerne la CVO, il était initialement prévu, selon l’intervenant, la réalisation de 2100 hectares de reboisement et les travaux ont débuté en 1976 pour se poursuivre jusqu’en 1990 où ils ont pris fin avec l’arrêt de l’appui financier dont le Burkina Faso bénéficiait auprès de la Mission forestière allemande. A en croire M. Baïlé, à cette date, seuls 1032 hectares ont été reboisés sur la prévision initiale de 2100. «Aujourd’hui, la ceinture de Ouagadougou connaît une dégradation avancée due, principalement, à l’action de l’homme, du fait de la pression démographique. Selon un bilan récemment établi par les Eaux et forêt, environ 1050 hectares sont aujourd’hui sous occupation illégale sur les 2100 ha prédéfinis», a-t-il indiqué. A sa création, la CVO avait pour objectif de créer un cadre récréatif et de loisirs pour les habitants de la capitale, créer des emplois et des activités génératrices de revenus, barrer la route à l’avancée du désert, atténuer l’action des vents secs de l’harmattan, protéger les trois barrages de la ville de Ouagadougou contre l’envasement et l’ensablement, offrir aux ménages, des produits forestiers non ligneux ainsi que du bois de chauffe. Malheureusement, a relevé l’inspecteur des Eaux et forêts, tous ces nobles objectifs n’ont pas été atteints à cause des multiples agressions, mais aussi du manque de moyens qui n’a pas permis aux forestiers de poursuivre les actions de reforestation. D’où cette interpellation de l’expert : «Vu l’importance de la CVO, il est plus que jamais urgent pour le gouvernement de procéder à sa réhabilitation. Une étude réalisée par les services compétents a recommandé l’élaboration d’un plan d’aménagement pour la sauvegarde de cette zone, l’amélioration de son statut et de son immatriculation comme patrimoine de la collectivité territoriale ou de l’Etat» Selon l’ancien directeur régional des Eaux et forêts du Centre, les textes qui régissent les forêts offrent la possibilité à l’Etat de classer ces zones boisées en son nom ou en celui d’une collectivité. Dans son intervention, le deuxième communicateur a relevé d’entrée que l’occupation illégale de la Ceinture verte de Ouagadougou trouve ses raisons dans la malgouvernance, singulièrement les malversations ayant caractérisé les opérations de lotissements dans la commune. Concernant les menaces de déguerpissements des occupants de la forêt, le président de l’association Droit au logement, Seydou Traoré est catégorique. «Nous nous opposons à toute opération de déguerpissement de populations parce que le droit au logement est reconnu par la Constitution du Burkina Faso», a-t-il déclaré. Pour le Coordonnateur du mouvement Initiative ceinture verte, Yacouba Ouédraogo, leur mouvement est un cadre de concertation citoyenne qui plaide pour la réhabilitation et l’aménagement de la CVO. «Nous sommes partis du constat que cette ceinture verte, créée dans les années 1970, est en train de disparaître et il est temps de venir au secours de cet espace qui est le poumon écologique de la ville de Ouagadougou», a-t-il dit. Ce panel a pour objectif de réunir les acteurs autour d’une même table et les résultats vont servir à consolider le plaidoyer du mouvement en faveur de la Ceinture verte de Ouagadougou.
Beyon Romain NEBIE
nbeyonromain@yahoo.fr