Les activités commémoratrices du centenaire de la création de la Haute-Volta, actuelle Burkina Faso, se sont poursuivies, le samedi 4 mai 2019, à Manga dans le Centre-Sud, autour d’une conférence placée sous le thème : «De la création de la Haute-Volta à la construction de l’Etat-Nation burkinabè : leçons et défis».
Après le top de départ donné en avril 2019 à Kaya, région du Centre-Nord, Manga, chef-lieu de la région du Centre-Sud, a abrité la deuxième conférence régionale entrant dans le cadre de la commémoration du centenaire de la création de la Haute-Volta, actuelle Burkina Faso, le samedi 4 mai 2019. L’activité a réuni un parterre d’invités, d’autorités administratives, coutumières et religieuses locales et de nombreux représentants des différentes couches de la société. Le point d’orgue de la rencontre a été les communications. La première dont le thème est : «Les temps forts de la période coloniale», a été présentée par le Pr Moustapha Gomgnimbou. Dans son exposé, il a abordé les grands tournants de l’histoire du Burkina Faso depuis la ruée des Européens (Allemands, Anglais et Français) vers le territoire après la Conférence de Berlin de 1884 jusqu’à l’indépendance du pays (5 août 1960), en passant par les conquêtes, les résistances, l’installation de l’administration française, la création de la colonie de la Haute-Volta (1er mars 1919), sa dislocation (1932) et sa reconstitution (1947). Durant ces différentes étapes, a indiqué le Pr Gomgnimbou, des fils de la région du Centre-Sud, en l’occurrence ceux de la cour royale de Guiba, ont été impliqués, au premier chef. Ce, en raison des liens familiaux qu’ils partagent avec les chefs du royaume mossi de Ouagadougou, eux-mêmes figures de proue dans l’histoire du pays.
Tirer des leçons du passé
La seconde communication a été livrée par le Pr Albert Ouédraogo sur le thème : «Culture et cohésion sociale». En substance, il a rappelé que le riche patrimoine culturel et les valeurs traditionnelles qui caractérisent les sociétés burkinabè constituent des mécanismes pour la préservation de la paix et de la cohésion sociale. Il a cité, entre autres, la parenté à plaisanterie, les langues, le mariage, les religions, le respect de la vie humaine, la tolérance et l’entraide. Pour le Pr Ouédraogo, il est difficile d’édifier un Etat pérenne en faisant fi de ces valeurs endogènes. C’est pourquoi, il a dit regretter que celles-ci soient aujourd’hui en déliquescence et que des tares comme l’incivisme, l’intolérance, l’individualisme et la dépravation des mœurs gagnent partout du terrain. Aussi, le conférencier a invité son auditoire à retourner aux sources pour construire ensemble un pays fort et prospère. Les participants ont fait montre d’un grand intérêt pour les questions évoquées. Leurs interventions ont porté principalement sur les mécanismes de valorisation de l’héritage culturel, la place de la femme dans la société traditionnelle, le courage et la combativité des anciens. Le gouverneur de la région du Centre-Sud, Casimir Séguéda, qui a présidé la rencontre, s’est félicité du bon déroulement des échanges. Citant le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, Siméon Sawadogo, il avait, à l’ouverture de la séance, indiqué que l’un des objectifs des conférences régionales était de permettre à un grand nombre de Burkinabè de faire une introspection profonde, afin de s’approprier le passé pour une meilleure compréhension du présent et se projeter dans l’avenir avec des repères sûrs. Il est question aussi, avait-t-il souligné, d’amener les Burkinabè à prendre conscience que cet anniversaire du centenaire du pays donne plus de devoirs en termes de civisme et de patriotisme pour relever les défis de la sécurité, de la démographie et de la culture.
Mamady ZANGO
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