Corruption dans l’action humanitaire: le RENLAC questionne les mécanismes de prévention

Selon le REN-LAC, ces échanges entre les acteurs de lutte et …

A l’occasion de la 20e édition des journées nationales de refus de la corruption, le réseau national de lutte anticorruption a questionné les mécanismes actuels de prévention et de répression, le vendredi 11 juillet 2025, à Ouagadougou, à travers un panel sur le thème : « Corruption et action humanitaire au Burkina Faso ».  

En matière de corruption au Burkina Faso, l’action humanitaire n’est pas en reste. Le cas le plus emblématique est « l’affaire Tiégnan » dans le procès du détournement de plusieurs milliards de F CFA, au sein du ministère en charge de l’action humanitaire. Ainsi, entre détournements de fonds, favoritisme et opacité, la corruption fragilise les mécanismes de solidarité et prive des milliers des personnes déplacées internes d’une assistance vitale, selon le Réseau national de lutte anticorruption (REN-LAC). C’est pourquoi, avec ses partenaires, il mène le combat pour plus de transparence dans la gestion de l’aide humanitaire. Ainsi, à l’occasion de la 20e édition des Journées nationales de refus de la corruption (JNRC), le REN-LAC a ouvert le débat, en questionnant les mécanismes actuels de prévention et de répression du phénomène dans le secteur humanitaire au pays des Hommes intègres, à travers un panel sur le thème : « Corruption et action humanitaire au Burkina Faso », animé le 11 juillet 2025 à Ouagadougou. 

Au cours des échanges, le REN-LAC a indiqué qu’il entend poursuivre ses actions de sensibilisation pour plus   d’élévation du niveau de conscience par rapport à l’importance de la lutte contre la corruption en général et dans le secteur de l’humanitaire. « Ces échanges, entre les acteurs de lutte et les citoyens peuvent amener l’autorité à améliorer les mécanismes actuels de prévention pour plus 

d’efficacité dans la lutte contre la corruption », foi, du secrétaire exécutif du REN-LAC, Pissyamba Ouédraogo. C’est ainsi que la thématique a été abordée autour de quatre sous thèmes que sont le « dispositif de prévention de la corruption dans l’action humanitaire : cas du ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale », « dispositif de prévention de la corruption dans l’action humanitaire : cas de UNHCR », « corruption et action humanitaire : rôle des structures de contrôle » et « Affaire Tiégnan : quelles leçons pour le renforcement de la lutte contre la corruption ». 

Au niveau du ministère en charge de l’action humanitaire, l’inspecteur technique de service, Touahou Pierre Bako, a cité le décret n°2024-1061/PRESS qui encadre l’organisation du ministère et confère à l’Inspection technique des services, le pouvoir de contrôler toutes les structures, aussi bien en amont qu’en aval. Une instance qui, selon lui, reçoit et traite les réclamations, tout en menant des actions concrètes contre la corruption.  

Des alternatives pour plus d’efficacité

Sur le plan institutionnel, M. Bako a évoqué la mobilisation de plusieurs structures pour assurer la transparence des interventions humanitaires. « L’inspection technique des services, composée de onze inspecteurs, mène des missions de contrôle inopinés, forme ses agents en collaboration avec l’ASCE-LC, et organise chaque année des journées d’information sur la prévention de la corruption », a-t-il soutenu.   

A son tour, l’inspecteur des finances à l’Inspection générale des finances (IGF), au ministère en charge de l’économie, Boureima Dao, est revenu sur le contrôle administratif, juridictionnel et parlementaire.  « Les structures ont pour missions principales de contrôler le respect des textes législatifs et réglementaires, d’évaluer la régularité des opérations financières, de détecter les dysfonctionnements, de conseiller les entités contrôlées, de formuler des recommandations correctives et de transmettre les cas graves à la justice », a-t-il expliqué.

… les citoyens peuvent amener l’autorité à améliorer les mécanismes actuels de prévention pour plus d’efficacité dans la lutte contre la corruption.

A titre d’exemples, M. Dao a confié qu’au cours de l’année 2024, l’IGF a effectué des audits dans dix ministères, contrôlé la gestion financière et comptable dans dix communes, 15 EPE, cinq sociétés d’Etat, et 20 projets et programmes. A cela se sont ajoutées 35 missions d’investigations et l’évaluation interne du dispositif de contrôle interne de six ministères et institutions, dont la présidence du Faso. En termes de résultats, il a mentionné entre autres, les non-respects des dispositions réglementaires et de la mercuriale des prix, les irrégularités financières, la mauvaise gestion du carburant, le fractionnement des marchés. 

Quant à maitre Prospère Farama, l’un des avocats du REN-LAC dans le procès Tiégnan, il a déploré la persistance du phénomène de la corruption, malgré ces panoplies de mécanismes. Pour lui, il est évident   que les corrupteurs et les corrompus ont une sorte de longueur d’avance, pendant que les textes restent statiques.  D’où la nécessité de se mettre au diapason pour mieux renforcer la lutte sur le terrain.  A ce sujet, il a mentionné le renforcement   de la fréquence et la publicité des audits, l’internalisation des dispositifs rigoureux dans chaque administration. Il a suggéré l’élaboration d’une cartographie des risques, la coordination des structures de contrôle, et la digitalisation des procédures de passation de marchés et de suivi. Déjà, au ministère de l’Action humanitaire, il est prévu la création de cellules de lutte contre la corruption dans toutes les régions, l’élaboration d’un manuel de procédures et l’opérationnalisation de centres d’appel dédiés à la cartographie des risques.

Mariam OUEDRAOGO

mesmira14@gmail.com

Lydia Esther BILLA 

(Stagiaire)

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