Le Dima (roi) de Boussouma, Naaba Sonré, a tiré sa révérence le mardi 30 juillet 2019. La levée du corps a eu lieu le jeudi 1er août 2019, suivie des offices religieux dont une messe à l’église de la paroisse Christ-Roi de Boussouma, pour le repos en paix de l’âme du défunt.
Il est 10h 45 mn à l’église de la paroisse Christ-Roi de Boussouma. La cloche retentit de façon scandée, annonçant l’arrivée du corps du 38e Dima du royaume de Boussouma dans la province du Sanmatenga, région du Centre-Nord. Une foule immense est déjà sur place. En procession, les notables, les populations et les fidèles chrétiens, dont la chorale, accompagnent la dépouille mortelle avec des chants devant l’église. Dès leur arrivée, trois coups de fusils résonnent. Les prêtres, guidés par l’évêque de Kaya, Mgr Théophile Naré, avancent pour commencer la messe. Après l’avoir aspergé d’eau bénite à l’extérieur, le corps du roi de Boussouma est introduit à l’intérieur de l’église. Dans son homélie, le prêtre célébrant principal relève que Naaba Sonré a vécu pleinement sa vie chrétienne malgré sa casquette de garant de la tradition. Pour lui, de par son baptême, il avait donné sa vie au Christ et de ce fait, il ressuscitera avec le même Christ. Il demande à l’assistance de prier pour le roi de Boussouma afin qu’il gagne la couronne éternelle. A la suite de l’eucharistie, des parents et amis du défunt et des personnalités dont le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Maurice Dieudonné Bonanet et le cardinal Philippe Ouédraogo rendent, tour à tour, des hommages à l’illustre disparu avant qu’on ne ramène le corps au palais royal. Là-bas, des Samos, à travers la parenté à plaisanterie, bloquent un instant le passage au corps avant qu’il regagne le palais.
Les notables, assis sous un hangar, reçoivent les condoléances et les allégeances des populations et des autorités coutumières, religieuses et administratives. «Un homme sage et intègre…» Selon Bangkiemdé Naaba de Boussouma, l’un des ministres de Sa Majesté, le Dima de Boussouma, cette disparition du «grand défenseur de la tradition» est une grande tristesse pour le royaume. «C’est une perte. Car c’est une icône qui s’en est allée. Nous prions pour le repos de son âme. Sous peu, nous allons entamer le rituel de l’inhumation comme cela se doit», fait-il savoir. En de pareilles circonstances, ajoute-t-il, une fois ce rituel terminé, l’on enclenche le processus de désignation du successeur. «Je ne saurai donner une date pour cela, car c’est du ressort d’un comité, selon la coutume», affirme Bangkiemdé de Boussouma. Le ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, au nom du gouvernement, reconnaît les mérites de l’homme. «Nous sommes venus présenter les condoléances et toute la compassion du gouvernement à la suite du décès du Dima de Boussouma. C’est un homme sage, intègre qui a su construire un certain nombre de fonctions. C’est un homme serviable, ouvert et d’une simplicité inouïe», relève-t-il. Il retient de lui, l’image d’un grand homme qui a contribué à la paix et à la cohésion sociale dans le pays. Au niveau de la gestion de son royaume, soutient M. Bonanet, il a imprimé un certain nombre de valeurs telles que l’intégrité, la probité, la tolérance, le pardon, le partage et l’humilité durant ses 52 ans de règne.
«Cela fait une semaine que nous étions avec lui sur sa terrasse à Paspanga à Ouagadougou. Il nous a dit qu’il rentrait dans son royaume pour revenir un autre jour. Hélas ! Que la terre du Burkina Faso lui soit légère», déclare-t-il. Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo est l’une des dernières autorités politiques qui a rendu visite au Dima de Boussouma. Il se dit consterné et choqué. «C’est avec douleur que nous avons appris depuis Abidjan, sa disparition. Nous avons écourté notre mission pour rentrer au pays. Dans son dernier message qu’il nous a laissé, nous avons senti un appel fort lancé pour l’avenir du pays», témoigne-t-il. A l’entendre, le Dima est un homme de paix et de tolérance, humble et combatif. Il n’a pas changé dans sa conviction politique, renchérit M. Komboïgo. «Nous nous inclinons devant sa dépouille. Nous présentons toutes nos condoléances à toute sa famille, aux ressortissants de Boussouma, à la province du Sanmatenga et à l’ensemble des Burkinabè. Nous prions pour lui et nous gardons espoir de voir ses enseignements vulgarisés», signifie-t-il. Le ministre de l’Energie, Bachir Ismaël Ouédraogo, fils de la localité soutient également que c’est un grand baobab qui est tombé. «Nous sommes tous dans la tristesse et le désarroi parce que cela est arrivé brusquement. Il a été le pilier du royaume pendant 52 ans. Ce que nous retenons de lui, c’est un grand chef intègre a qui servi son peuple avec loyauté. Il a lutté durant toute sa vie pour améliorer les conditions de vie des populations», souligne-t-il. Il fonde espoir que les enseignements qu’il a laissés vont perdurer.
Kowoma Marc DOH