Egalité de destins

2008-2018. Cela fait déjà  dix ans que la Côte-d’Ivoire et le Burkina Faso ont décidé, suivant le cours de l’histoire, de matérialiser leur  volonté de bâtir un destin  commun. A l’image du couple franco-allemand,  avant-gardiste, le Traité d’amitié et de coopération (TAC) signé entre les chefs d’Etat des deux pays (la Côte-d’Ivoire et le Burkina Faso) en juillet 2008, devrait être le moteur du développement des deux pays respectifs et le ciment de la construction d’une communauté sous régionale et régionale.

Des années après, des hommes sont passés de part et d’autre, mais la ferme détermination et l’engagement des deux pays sont restés intacts, ce, malgré la survenue de contingences diverses liées à la vie des Nations. En une dizaine d’années, de nombreux projets intégrateurs ont été engagés, réalisés ou en cours de réalisation conjointement dans presque tous les domaines présentant un intérêt certain pour la Côte-d’Ivoire et le Burkina Faso.

En matière d’infrastructures routières et ferroviaires, d’énergie et des mines, de libre circulation, de coopération administrative, de politique et diplomatie, de culture et tourisme, de commerce, de formation professionnelle… des actions concrètes sont à mettre à l’actif du TAC.  Et les exemples foisonnent. Chaque rencontre au sommet du TAC rapproche davantage les deux pays de l’effectivité de l’emblématique Projet d’autoroute Yamoussoukro-Ouagadougou (PAYO).

Plus qu’un chantier routier, cet ouvrage est la volonté exprimée des deux peuples de baliser le chemin de leur avenir commun vers des lendemains meilleurs. Au sujet  du PAYO, les Ivoiriens ont pris une longueur d’avance (et c’est tant mieux) avec la mise en chantier, début 2017, de l’axe Yamoussoukro-Tiébissou sur le tronçon Yamoussoukro-Bouaké avec des taux d’exécution positivement appréciables. Il faut aussi se réjouir de ce que les choses bougent avec célérité,  du côté burkinabè. En effet, les études du tronçon d’autoroute Ouagadougou-Bobo-Dioulasso, long de 333 kilomètres, sont bouclées, en attendant celles relatives au tronçon Bobo-Dioulasso-Banfora-frontière Côte-d’Ivoire. 

Le premier axe, prévu pour être financé en mode Partenariat public privé (PPP), est au stade de la recherche d’un partenaire privé. Et le récent rétablissement des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine pourrait imprimer une vitesse V à ce chantier titanesque. En mettant un point d’honneur à respecter, autant que faire se peut, les engagements pris au cours des rencontres de ce traité, les deux premières autorités des deux pays ont fini par faire de cette tribune, non plus une tribune d’expression d’une communauté de destin, mais de l’égalité de destins au regard des liens étroits qui se sont renforcés au cours des 10 ans du TAC.

Comment ne pas reconnaître l’impact d’un Traité dont les avancées nous renvoient aux années fastes où le pays d’Houphouët Boigny et celui de Maurice Yaméogo rêvaient de la double nationalité ? Comment ne pas relever dix années de stabilité relationnelle salvatrice dans le couple ivoiro-burkinabè pour le bonheur des sept pays limitrophes qui ont si souvent été des victimes collatérales en cas d’ « orages ». En tout état de cause, c’est sur un constat de satisfecit mutuel que s’ouvrent les travaux du 7e TAC, selon les indiscrétions émanant du Comité conjoint de suivi et évaluation des décisions et recommandations du Traité d’amitié et de coopération entre le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire.

Tant et si bien que le conseil conjoint de gouvernements et la rencontre au sommet des chefs d’Etat, Alassane Ouattara et Roch Marc Christian Kaboré,  est attendu avec  beaucoup d’espoir par les populations, les amis et les partenaires des deux pays dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie, du commerce… 

Après dix années au service de la cause commune, il est temps que le TAC échappe aux premières autorités des deux pays pour devenir un espace de participation citoyenne à cette  entreprise bilatérale de grande portée. C’est au prix de cette appropriation populaire au sein des deux Nations  que les décisions muries au sommet, les différents projets structurants, pourront  véritablement impacter le quotidien des populations de part et d’autre du fleuve Léraba.

Mahamadi TIEGNA

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