L’Union africaine en charge de la recherche et du développement des cultures vivrières en zone semi-aride de l’Afrique (UA-SAFGRAD) a organisé un dialogue de haut niveau sur la migration, la dégradation des terres et le développement de l’agriculture durable dans les pays du G5 Sahel, le samedi 27 juillet 2019 à Ouagadougou.
Consolider les forces pour freiner la dégradation des terres et la migration pour un développement durable dans les pays sahéliens, tel est le leitmotiv des pays du G5 Sahel. A cet effet, un dialogue politique a été organisé à Ouagadougou, le samedi 27 juillet 2019.
Selon la commissaire pour l’Economie rurale et l’agriculture de l’Union africaine, Josefa Leonel Correira Sacko, ce sommet tombe à point nommé, car les pays du G5 Sahel que sont le Burkina Faso, le Tchad, le Mali, la Mauritanie et le Niger, sont confrontés à un certain nombre de défis notamment le changement climatique qui a dégradé environ 80% des terres agricoles.
De son avis, le thème choisi insiste aussi sur les questions de sécurité et de stabilité. «C’est pourquoi il faut renforcer la résilience pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et promouvoir la prévention des conflits en luttant contre les violations des droits de l’homme et en faisant respecter l’état de droit», a-t-elle énuméré.
Mme Sacko a aussi fait savoir qu’il faut une bonne gestion des migrations en s’attaquant aux facteurs qui sous-tendent la migration irrégulière, le retour effectif, la réadmission et la réintégration. Elle a rappelé que l’UA a toujours placé la dégradation des terres, la désertification, la sécheresse, le changement climatique et la perte de biodiversité au cœur de son programme de développement.
«Elle reconnaît également le rôle des migrants et des personnes déplacées dans le développement socioéconomique du continent», a-t-elle affirmé. D’où la nécessité, a poursuivi la commissaire, des chefs d’Etat et de gouvernement, lors du sommet de janvier 2019, de déclarer cette année comme celle des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées dans leur propre pays vers des solutions durable au déplacement forcé en Afrique.
Le ministre de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique, Nestor Batio Bassière, a souligné que la rencontre va consister à faire le lien entre la dégradation des terres et la migration et trouver ensuite des solutions pour amorcer le développement.
Allier développement et sécurité
La sécurité seule ne peut pas résoudre le problème du G5 Sahel. «Il faut allier développement et sécurité», a soutenu M. Bassière. Le représentant du secrétaire permanent du G5 Sahel, Guidio Kouldjim, a salué la tenue de cette session avant de déclarer que le terrorisme s’est ajouté aux vulnérabilités climatiques du Sahel. Toutefois, il a précisé que les menaces terroristes ne sont pas les seules causes de déplacement des migrants.
«La terre étant une source importante pour les populations, sa dégradation entraîne les migrations. Elle doit être protégée pour une sécurité alimentaire», a-t-il dit. De même, a-t-il argué, le contrôle des flux migratoires et la lutte contre l’ensablement sont primordiaux.
Pour le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, représentant le Premier ministre, Alpha Barry, les sujets abordés au cours du dialogue politique constituent des préoccupations majeures pour la sous-région. Ainsi, a-t-il indiqué, le flux migratoire connaît une typologie des plus variées avec en tête, sa manifestation la plus hideuse que constitue la traite des êtres humains, organisée par les filières d’immigration clandestine vers l’Europe.
«Le nombre de migrants rapatriés a varié selon les cinq pays du Sahel de 33 à 130 000 personnes entre 2012 et 2014 tandis que le nombre de réfugiés s’élevait pour la même période entre 8385 et 96670», a-t-il affirmé. Et d’ajouter que ces chiffres doivent être démultipliés avec les montées récentes de l’extrémisme religieux, du terrorisme et des conflits communautaires.
Il a déclaré que la dégradation des terres touche plus d’un milliard d’hectares de terre en Afrique. «Malgré l’existence de bonnes pratiques, force est de constater que des pratiques non durables persistent de façon inquiétante et compromettent nos efforts consentis dans la durabilité tant recherchée pour ce secteur névralgique pour le développement», a regretté le ministre. Il a, par ailleurs rassuré que les résultats des travaux seront examinés avec la plus grande attention pour une mise en œuvre des recommandations. La rencontre a précédé la réunion des experts les 25 et 26 juillet 2019.
Mariam SOMDA