Loi de finances rectificative 2020: le budget de la santé en baisse de 1,12%

Le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP), le SPONG et ORCADE, en partenariat avec l’ONG Oxfam/BF, ont organisé une conférence publique sur l’analyse citoyenne du projet de loi de finances rectificative 2020, le vendredi 10 juillet 2020, à Ouagadougou.

La société civile burkinabè s’investit pour la transparence budgétaire et le contrôle citoyen du budget de l’Etat. Pour ce faire, le Centre d’études et de recherche appliquée en finances publiques (CERA-FP), le SPONG et ORCADE, en partenariat avec l’ONG Oxfam/BF, ont produit une analyse citoyenne du projet de Loi de finances rectificative (LFR) 2020 dénommé « budget alternatif ». Les conclusions de cette étude ont fait l’objet d’une conférence publique, le vendredi 10 juillet 2020, à Ouagadougou. Elaboré dans un contexte de crise sécuritaire et sanitaire de la COVID-19, le budget de l’Etat, issu du projet de loi de finances rectificative 2020, s’établit en recettes à 2 038,85 milliards FCFA et en dépenses à 2 507,62 milliards FCFA avec un déficit budgétaire (besoin de financement) de 468,778 milliards FCFA. Comparées à la loi de finances initiale (LFI), les recettes de l’Etat ont subi une baisse de 194,46 milliards F CFA. Quant aux dépenses, elles ont connu une diminution de 10,83 milliards F CFA. « L’option du gouvernement de recourir aux emprunts obligataires par appel à l’épargne des entreprises et des ménages n’est pas opérante au regard des perspectives de récession économique envisagées (6,3% à 2%) pour l’année 2020 du fait de la maladie à coronavirus », a souligné le directeur exécutif de CERA-FP, Hermann Doanio.

Le budget de la sécurité en hausse

Le secteur de la santé n’a pas échappé à cette tendance baissière des allocations budgétaires. Le contexte de la maladie coronavirus, qui est l’un des marqueurs déterminants de cette loi de finances rectificative, a engendré une réduction des ressources des secteurs prioritaires de développement. Ainsi, la part de ce secteur dans le budget initial qui était de 13,96% est passée à 12,84%. Cela s’explique par la révision à la baisse de constructions/réhabilitations d’infrastructures sanitaires qui passe de 88 milliards à 32 milliards F CFA. L’acquisition et la maintenance des équipements médicaux perdent plus de 8 milliards F CFA pour une prévision initiale de 9,6 milliards. Aussi, la ligne gestion budgétaire des catastrophes sanitaires initialement fixée à 50 millions est réduite à 32,63 milliards F CFA. D’autres secteurs comme l’éducation et le développement ont respectivement connu une baisse de 0,63% et de 0,31%. En revanche, l’allocation du secteur de la sécurité connaît une hausse. C’est ainsi que sa part budgétaire est passée de 12,91% dans la LFI et 13,07% dans le projet de la LFR 2020. «L’augmentation envisagée de la part budgétaire de ce secteur est pertinente d’autant plus que le pays se prépare à aller aux élections d’ici la fin de l’année. De plus, le programme de recrutement des volontaires pour la défense de la patrie, d’un montant de 2,532 milliards FCFA, est inscrit dans le cadre du projet de LFR 2020 », a souligné M. Doanio. La part budgétaire réservée à la prise en charge des déplacés internes du fait de l’insécurité est passée de 0,94% des prévisions de dépenses initiales et 1,40% des prévisions de dépenses rectifiées.

60 milliards F CFA supplémentaires pour la relance économique

Les élections couplées de novembre 2020 reçoivent une allocation de 7,3 milliards F CFA contre 240,9 millions F CFA pour celles de 2015, soit 19,62 fois plus. Pour accompagner la relance du secteur privé, 60 milliards FCFA supplémentaires sont inscrits dans le projet de LFR 2020. En clair, 25 milliards de F CFA sont mis à profit du Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) et 35 milliards F CFA en faveur des entreprises en difficulté. Au vu des urgences du moment, les auteurs de l’analyse ont estimé que certaines inscriptions sont inopportunes. Ils ont cité les crédits pour l’acquisition de véhicules automobiles au profit du parc automobile de l’Etat à hauteur de 1,2 milliard FCFA  et l’appui aux sociétés cotonnières pour un montant de 12 milliards FCFA, au titre des subventions publiques qui auraient dû être orientées vers la dotation des producteurs en intrants. Selon le rapport, l’adoption tardive de la LFR par le gouvernement, soit trois mois et demi plus tard, est aussi perçue comme un manque d’anticipation. Face aux insuffisances, l’étude a formulé des recommandations. Il s’agit de l’anticipation et la diligence du gouvernement dans l’élaboration des projets de loi de finances rectificative, du renforcement du contrôle parlementaire des projets de LFR.
De surcroît, l’étude préconise un meilleur ciblage des bénéficiaires des mesures fiscales et sociales, la prise en compte des revendications salariales des partenaires sociaux, le développement des initiatives pour une mobilisation optimales des ressources internes, etc.

Mahamadi SEBOGO
Achille ZIGANI
(Collaborateur)
Cynthia Elodie KAFANDO
(Stagiaire)

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