Lutte contre la malnutrition au Burkina Faso :Une caravane de presse pour promouvoir la fortification alimentaire

Le Club des Journalistes et Communicateurs pour la Nutrition et la Sécurité Alimentaire (CJCN-SA), en partenariat avec la coopération allemande, organise du 18 au 28 mai 2025 une caravane de presse dédiée à la fortification des aliments. Cette initiative vise à sensibiliser l’opinion publique et les décideurs à l’importance d’une nutrition adéquate, en mettant en valeur les efforts déployés dans plusieurs régions du pays.

Le Club des Journalistes et Communicateurs pour la Nutrition et la Sécurité Alimentaire (CJCN-SA) a fait de la nutrition son cheval de bataille c’est pourquoi il a initié une caravane de presse qui  a débuté le lundi 19 mai à Gaoua, dans la région du Sud-Ouest. Elle offre aux journalistes l’occasion de constater les réalités du terrain, d’évaluer la disponibilité des aliments fortifiés (tels que le sel iodé, l’huile enrichie en vitamine A ou la farine de blé fortifiée) et de documenter les initiatives locales en matière de sécurité alimentaire.

Issa Ouattara, coordonnateur adjoint du CJCN-SA : « Nous attendons des journalistes qu’ils relaient les bonnes pratiques. »

 

« L’objectif est de permettre aux journalistes de s’approprier les enjeux nutritionnels actuels afin de produire des contenus de qualité capables d’interpeller les autorités et les partenaires techniques », a expliqué Issa Ouattara, coordonnateur adjoint du CJCN-SA.

Il a particulièrement insisté sur les efforts menés dans les écoles, notamment à travers les cantines scolaires et les jardins nutritifs, qui visent à améliorer la qualité des repas des élèves et à renforcer leur capacité d’apprentissage. Pour lui, le choix des régions visitées n’est pas anodin. Elles présentent des indicateurs nutritionnels préoccupants mais également un fort potentiel agroalimentaire. « Par exemple, les Hauts-Bassins abritent plusieurs industries impliquées dans la production d’aliments enrichis. Comprendre les dynamiques locales est essentiel pour améliorer l’accès à ces produits », a-t-il précisé.

Pour lui, la caravane est bien plus qu’un simple tour d’observation. « Nous attendons des journalistes qu’ils relaient les bonnes pratiques, mais aussi qu’ils mettent en lumière les obstacles persistants. La nutrition est un combat de longue haleine. C’est par la répétition des messages que nous pourrons espérer un réel changement », a-t-il souligné.

Après le Sud-Ouest, le directeur régional de la Santé, Dr Bakary Traoré, a salué les avancées : « Globalement, l’état nutritionnel des enfants s’est amélioré. Ils mangent mieux grâce aux efforts conjoints des structures sanitaires, des écoles et des projets de développement. »

Il a aussi souligné l’amélioration de l’hygiène communautaire, qui joue un rôle important dans la santé des enfants. Toutefois, il insiste sur un point crucial : la nutrition des femmes enceintes. « Ce sont elles qui portent la vie. Leur état nutritionnel influence directement celui de l’enfant à naître. », a-t-il laissé entendre.

Le directeur régional de la Santé, Dr Bakary Traoré a affirmé que les interventions en matière de fortification ont permis de faire reculer la malnutrition

Il a évoqué plusieurs initiatives locales : promotion de produits riches en nutriments (haricots, farines enrichies, céréales locales), appui des partenaires internationaux et valorisation des cultures adaptées au contexte local.

« Les données montrent une baisse significative des cas de malnutrition, surtout chez les enfants et les femmes enceintes », a-t-il affirmé. Il a pour ce faire, encouragé les femmes enceintes à consulter dès les trois premiers mois de grossesse pour bénéficier d’un suivi nutritionnel et médical adapté.

Les médias, des relais essentiels

Jacqueline Bationo, nutritionniste à la Direction régionale de la Nutrition, estime que la caravane constitue une opportunité stratégique : « Elle permet de mettre en lumière l’importance des produits fortifiés dans la prévention des carences en micronutriments. »

Pour Jacqueline Bationo, nutritionniste cette caravane peut contribuer durablement à sensibiliser à l’amélioration de l’état nutritionnel des Burkinabè

Elle a rappelé que la « malnutrition invisible », causée par le manque de vitamines ou de minéraux, touche toutes les couches de la population : enfants, adultes, femmes enceintes et allaitantes. « La supplémentation en fer pour les femmes enceintes est systématique dans les centres de santé. Cela montre bien l’importance du renforcement nutritionnel. »

Elle a insisté sur le rôle des médias. Elle a confié que les journalistes sont des relais puissants. Grâce aux radios communautaires, l’information peut être diffusée en langues locales, ce qui permet de toucher un plus grand nombre de foyers.

 

 

Le directeur de l’école primaire publique de Banlo, Lièr-Yir Somé, a témoigné des actions mises en œuvre pour améliorer la nutrition scolaire : « L’huile que nous utilisons est généralement fournie par l’État. Le sel est exclusivement iodé, ce qui est essentiel pour prévenir certaines carences. » La farine utilisée provient majoritairement de la production locale, notamment du maïs jaune cultivé dans la région. « Cette farine est utilisée dans le cadre des programmes scolaires, avec l’appui des agents agricoles. Elle joue un rôle clé dans l’alimentation des enfants. »

Après Gaoua, la caravane poursuivra sa tournée dans les régions des Hauts-Bassins et du Centre-Ouest, avec pour ambition de renforcer la mobilisation autour de la fortification alimentaire.

Wamini Micheline OUEDRAOGO

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