A Dédougou dans la Boucle du Mouhoun, le respect des mesures de restriction pose problème dans les restaurants. Les gérants disent avoir des difficultés avec certains de leurs clients qui s’y opposent.
Habituellement bondée de monde, la gare de la compagnie Société de transport Awrèma et frères (STAF) était déserte, le jeudi 26 mars 2020 aux environs de 9 heures 30 minutes. Coronavirus oblige. Seul, le service courrier était ouvert après soixante-douze heures de fermeture. « Cette mesure est un mal nécessaire en ce sens que c’est pour briser la chaine de transmission du coronavirus au Burkina.
Bien avant qu’on interdise les transports en commun, nous avions pris des mesures d’hygiène qui consistaient à la désinfection des lieux et au lavage des mains à l’entrée de la gare. Il est vrai que c’est un coup dur pour les affaires, mais nous sommes contraints de nous plier pour la question de la santé publique. Seul Dieu peut nous sauver de cette pandémie », a indiqué tout désemparé le chef de gare de STAF Dédougou, Smaïla Ouédraogo.
Responsable du service courrier, Aïssata Zon, ne cache pas son amertume face à l’arrêt des bus. « Depuis l’arrêt des bus, ce n’est pas du tout facile vu que nous sommes payés ici par ration journalière. C’est une situation compliquée. Heureusement que ce matin le patron nous a fait appel pour faire fonctionner le service courrier.
Nous collectionnons les différentes commissions et le mini bus fait le tour des villes de la région où nous sommes représentés pour les convoyer à Ouagadougou, sinon l’on serait présentement cloîtré à la maison sans boulot », soutient Mme Zon. Si dans les grandes compagnies de transport de Dédougou, les cars sont sur cale, de petits malins déjouent le dispositif sécuritaire pour enfreindre à la loi, selon les confidences de Abdoul Kader Soré, conducteur d’un minicar de transport communément appelé dina.
« Malgré l’interdiction des transports en commun, certains trouvent le moyen de tromper la vigilance du poste de contrôle au péage en convoyant des passagers par des taxis qu’ils confient aux transporteurs des dix tonnes pour Bobo-Dioulasso, vu que l’interdiction ne concerne pas les transporteurs des marchandises », confie-t-il avant d’interpeller les autorités à trouver un moyen pour mettre fin à cette pratique qui expose à la transmission de la maladie.
« La mesure étant d’éviter le transport en masse, l’on doit redoubler encore de vigilance pour mettre fin à ces pratiques qui risquent de nous mettre tous en danger », commente M. Soré. Si les compagnies de transport respectent les mesures de restriction à la lettre pour briser la chaîne de transmission du COVID-19 à Dédougou, les tenanciers des restaurants ont du mal à convaincre certains clients à emporter leurs plats avec eux comme le recommandent les décisions prises par les autorités.
« Les mesures de restriction sont prises au sérieux dans mon restaurant, mais nous avons du mal avec certains clients qui ne veulent pas entendre raison. Ils refusent d’emporter leurs plats. Il arrive même qu’on mette d’autres à la porte », regrette Alimatou Coulibaly, tenancière du restaurant « Lanaya » dans la cité de Bankuy.
« Depuis quatre jours, nous avons pris des dispositions pour faire respecter les mesures prises par les autorités pour lutter contre le coronavirus. Mais certains clients ne veulent rien comprendre. Ils s’entêtent pour manger sur place. Au cas où l’on ne parvient pas à les convaincre à emporter le repas, on les laisse manger et après leur départ on désinfecte les lieux et les ustensiles utilisés », renchérit Boniface Sawadogo, caissier au restaurant « Prestige » de Dédougou.
Kamélé FAYAMA