Portée sur les fonts baptismaux en 1945, l’’Organi-sation des Nations unies (ONU) qui, jusque-là apparaissait comme une institution d’une solidité sans faille, entre dans une période d’incertitudes. En cause, des problèmes de financement qui menacent l’équilibre de l’ONU, dont la mission principale est le maintien de la paix et la sécurité internationale. L’organisation se trouve dans une situation délicate, qui amène son Secrétaire général (SG), Antonio Guterres, à se triturer les méninges pour faire face à des tensions de trésorerie. Le dieu des finances est-il en train de lâcher l’ONU ?
On ne peut pas l’affirmer catégoriquement, mais il reste que l’organisation avec ses 193 pays membres est confrontée à des retards de paiement ou à des non-paiements des cotisations. Et pour ne rien arranger, le Président américain, Donald Trump, qui s’est engagé dans une politique d’assainissement des finances publiques, projette de supprimer la contribution de son pays. Si, cette mesure venait à être adoptée, ce qui est fort probable quand on connait l’intransigeance du milliardaire républicain, ce serait un coup très dur pour l’ONU. En effet, les Etats-Unis concentrent 25% du budget de l’organisation, ce qui est loin d’être négligeable.
L’ONU pourrait sombrer totalement dans une grave crise de liquidités, si la tendance des problèmes de financement montait en flèche. Déjà que ses caisses voient rouge actuellement, l’institution internationale supporterait très mal une coupure du robinet par l’Oncle Sam. Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, n’est d’ailleurs pas passé par quatre chemins, pour sonner l’alarme face à cette pression financière sans précédent. Confronté à des défis internes de plus en plus croissants, et de surcroit dans un environnement économique mondial difficile, des Etats membres ont manifestement du mal à honorer leurs engagements, pour faire tourner la machine onusienne. On assiste à une sorte de réorientation des priorités des Etats, qui peut porter préjudicie à la diplomatie internationale.
L’ONU n’est-elle pas en train d’expérimenter cette nouvelle donne ? En tous les cas, l’organisation ne roule pas visiblement carrosse par ces temps qui courent et se prépare, selon toute vraisemblance, à s’adapter à la réalité. Une note interne à l’ONU, qui aurait fuité dans les médias internationaux, évoque une réorganisation, pour ne pas dire un chamboulement. Des agences pourraient être reconfigurées ou regroupées dans des départements principaux. Si les propositions faites dans le document confidentiel venaient à être mises en pratique, des entités comme le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), l’Unicef et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pourraient être fusionnées pour donner une seule agence.
Ce plan de reconfiguration/redéploiement pour contenir les écueils financiers n’est pas encore porté publiquement par les dirigeants de l’ONU, mais il inquiète avec juste raison le personnel disséminé à travers la planète. Le jeudi 1er mai dernier, jour de la fête du travail, des centaines de fonctionnaires de l’organisation ont manifesté à Genève en Suisse, pour porter leurs inquiétudes à la face du monde. Même s’il n’est pas officiel pour le moment, le projet de réorganisation supposé insinue forcement que des emplois sont menacés, surtout dans un contexte financier incertain à l’ONU.
De toutes les manières, la maison de verre de New York traverse une mauvaise passe, à un moment où l’Afrique revendique un meilleur positionnement et plus de représentativité dans ses instances et dans les relations internationales. Le continent africain réclame deux sièges de membres permanents au Conseil de sécurité et plus d’accessibilité aux marchés internationaux. En plus de devoir trouver les voies et moyens pour valoriser davantage l’Afrique dans ses instances et à l’échelle planétaire, l’ONU doit absolument soigner ses finances pour assurer sa survie.
Kader Patrick KARANTAO