Résolution des conflits : vers des solutions endogènes

De retour dans leurs localités, les participants vont devoir faire le feedback des connaissances acquises au cours de ces trois jours de formation.

Le ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale a officiellement lancé le lundi 27 octobre 2025 à Bobo-Dioulasso la série de formations entreprises dans le cadre des réformes de justice au Burkina Faso. Ces formations visent à outiller les acteurs chargés de la réconciliation nationale sur cette nouvelle vision de justice.

Le Burkina Faso, confronté à de multiples conflits, s’engage résolument sur la voie de la recherche de solutions endogènes pour la résolution de ses différends. Cette démarche novatrice a été mise en lumière lors d’une session de renforcement des capacités, organisée pour les services en charge de l’action humanitaire, lundi 27 octobre 2025, à Bobo-Dioulasso. La formation vise à armer les acteurs locaux face aux différentes formes de justice avec pour objectif de marier l’efficacité de la justice moderne avec la pertinence sociale de la justice traditionnelle.

Dans le contexte d’une quête de la cohésion sociale et du vivre-ensemble, la conseillère technique du ministre chargé de l’Action humanitaire, Djénéba Ouédraogo, a articulé la vision derrière cette initiative. Reconnaissant que la justice moderne, bien qu’expérimentée depuis l’indépendance et même avant la colonisation, n’est pas la seule voie, les autorités, a-t-elle indiqué, souhaitent désormais l’allier à une justice « de chez nous ». « Cette dernière, mise en œuvre depuis de longue date par nos chefs traditionnels et religieux, a fait la preuve de son efficacité », a fait savoir la conseillère technique. Les études menées, a poursuivi Mme Ouédraogo, révèlent qu’une partie significative de la population fait déjà appel à cette forme de justice traditionnelle.

Jugée plus proche des communautés, elle est rendue par les chefs coutumiers, les chefs religieux et même les délégués de secteur, agissant souvent comme médiateurs pour concilier les positions en cas de conflit. Le contenu de la formation prévue pour trois jours, va se tabler sur les fondamentaux de la justice moderne ainsi que ceux de la justice traditionnelle. La justice traditionnelle va être ainsi présentée et mise en lumière. Cette approche de médiation et de conciliation va être examinée pour déterminer les éléments qui conviennent le mieux à la société burkinabè.

« L’ambition n’est pas de choisir l’une ou l’autre, mais plutôt de les allier, de faire le pont de la tradition à la modernité pour en tirer le meilleur et résoudre les nombreux conflits qui minent le pays », a clarifié Djénéba Ouédraogo. Il s’agit, à ses dires, de s’assurer que cette justice traditionnelle puisse prospérer aux côtés de son homologue moderne. En conclusion de son intervention, la conseillère technique a lancé un appel aux participants pour une participation active et pour l’assiduité pendant les trois jours d’échanges. Les acteurs formés vont être appelés à devenir la « croix de transmission » de ces savoirs.

En retournant dans leurs localités respectives, ils devront transmettre ce qu’ils ont appris, organiser des réunions de restitution au sein de leurs structures et surtout expliquer comment ils comptent mettre en œuvre ces nouvelles approches. « L’espoir est qu’une évaluation ultérieure puisse mesurer l’impact réel de cette formation sur le terrain. L’attente est grande, que ces participants diffusent le contenu de la formation pour mener ensemble le pays vers plus de conciliation, de cohésion sociale et de vivre-ensemble », a souhaité Mme Ouédraogo. Cette initiative, a conclu la conseillère technique, marque une étape importante dans la reconnaissance et la valorisation des mécanismes de résolution des conflits propres au Burkina Faso.

Kamélé FAYAMA

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