Au nom d’Allah, Clément et Miséricordieux. Louanges à Allah, qui nous a permis, durant tout ce mois de Ramadan 2024, d’accomplir nos actes d’adoration, nos actes de dévotion parmi lesquels la tenue régulière de nos Chroniques. Que Sa paix et Ses bénédictions soient en abondance sur le Messager de miséricorde, envoyé à l’univers comme tel et sur l’ensemble des croyants de tous les temps. L’Islam est une religion de droiture qui régit la vie du croyant et de la croyante tout le long de son existence, même après sa mort. L’humain est le lieutenant d’Allah sur la terre et, en cette qualité, se doit d’être irréprochable dans ses relations avec ses semblables quels que soient leurs origines, leurs genres, leurs religions ou leurs statuts sociaux. C’est dans le but de rappeler aux croyants l’importance de cette relation que nous avons consacré les chroniques de ce Ramadan 2024, au thème central : « Les relations interpersonnelles ».
Nous sommes revenus sur la nécessité, pour chaque musulman, d’entretenir des relations cordiales avec les créatures d’Allah, afin d’attirer Ses faveurs et se garder de Son courroux. Les chroniques de 2024, peuvent être résumés en trois grands axes dont les relations familiales allant de la famille nucléaire à la grande famille, les relations extra-familiales qui incluent le voisinage, les musulmans, les non-musulmans et enfin les relations de travail et d’échanges dont font partie le commerce et l’apprentissage. Dans le premier axe sur la famille, il a été rappelé, aux musulmans, l’importance de la piété filiale. Le père et la mère sont les premières personnes à qui le musulman est tenu de vouer son amour et son respect, car comme le dit le Prophète : « Tes parents son ton Paradis ou ton Enfer ». C’est une évidence qu’en plus des actes d’adorations prescrits au musulman, il est primordial d’entretenir le lien avec les deux parents, surtout la mère, sans quoi, les actes deviennent vains. De même, les parents ont des obligations envers leurs enfants de qui ils devront répondre au Jour du Jugement. Ils sont tenus de procurer, à ces derniers, sécurité, soin, amour et une bonne éducation et cela s’étend à une éducation sur les sciences religieuses comme les sciences profanes. Le Prophète nous dit : « La recherche de la science est une obligation pour tout musulman ».
Ainsi, il appartient aux parents de mettre leurs enfants sur le chemin du savoir afin d’aiguiser leurs esprits critique. Les relations familiales incluent, également, les relations conjugales et celles entre les coépouses. Un mariage nécessite une bonne préparation des deux conjoints qui seront appelés à vivre ensemble pour la vie. Il est, donc, important, pour le musulman, de choisir une bonne épouse avec qui aller de l’avant, une mère pour ses enfants, une qui saurait le préserver du mal. Dans le foyer, l’homme et la femme sont un vêtement l’un pour l’autre donnant une belle image du couple à l’extérieur. Allah dit, en effet : « Elles sont pour vous un vêtement et vous un vêtement pour elles » (S2 V 187). Bien que le musulman ait droit d’épouser jusqu’à quatre femmes, il ne pourra prendre plus d’une femme que lorsqu’il a l’assurance d’être juste envers elles sans favoritisme. S’il n’en a pas les moyens, une femme suffit. Il en va de même pour la femme qui se doit de choisir un bon conjoint pour elle et un bon père pour ses enfants. Dans les chroniques de ce Ramadan, les femmes ayant des coépouses ont été exhortées à la bienveillance les unes envers les autres et envers les enfants des unes et des autres. Une femme qui craint Allah doit avoir à l’esprit les paroles du Prophète quand il dit : « Aucun de vous ne sera croyant jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même », c’est dire à quel point la jalousie malsaine entre les coépouses est une entrave à leur vie spirituelle. Ces paroles du Prophète à savoir « Aucun de vous ne sera croyant jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même », s’étendent à toutes les relations de fraternités. Allah met en garde ceux qui brisent les liens de sang en mettant la rupture des liens de parenté dans la catégorie de grands péchés en Islam. L’Islam exhorte le musulman à vouloir pour son frère ce qu’il veut pour lui-même et si son frère rompt les liens, il est recommandé, au musulman, de faire le premier pas dans la réconciliation.
Si le lien de sang est important en Islam, il en va de même pour les relations entre musulmans. C’est ainsi que nous abordons le deuxième axe sur lequel ont porté les chroniques de cette année. Il s’agit des relations extra-familiales et comment ces relations sont encadrées par l’islam. Dans cette catégorie figurent les relations du musulman avec les autres musulmans, les non-musulmans, avec ses voisins, collègues ; etc. Allah dit dans Son saint Coran : « Point de contrainte en matière de religion » (S02 V256). Le musulman ne doit, en aucun cas, imposer sa croyance aux autres qu’ils soient musulmans ou non musulmans. La soumission à Allah est volontaire et Allah est le seul détenteur de la vérité. Il lui appartient de guider qui Il veut et de laisser qui Il veut dans l’égarement. Allah est Miséricordieux et Pardonneur et, dans Sa miséricorde, recommande au musulman la bienveillance envers ses frères et sœurs musulman (e)s. Allah recommande, également, la bonté, le respect envers les non-musulmans, car c’est bien par Sa volonté qu’existent différentes croyances religieuses. En effet, le Coran nous dit : « Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté, mais il en est ainsi afin de vous éprouver en ce qu’Il vous a donné. Rivalisez donc de bonté » (S05 V48). Les communautés religieuses au Burkina Faso, par la grâce de Dieu, ont su vivre en harmonie malgré leurs divergences dans les croyances et cela doit être conservé à tout prix.
Dans le climat actuel avec le terrorisme qui touche notre patrie, le musulman doit se rappeler la mise en garde du prophète lorsqu’il dit : « Quiconque fait du mal à un Chrétien ou à un Juif sera mon ennemi le jour du Jugement ». En outre, le voisin du musulman, quelle que soit sa croyance, a des droits sur lui ; c’est-à-dire que le musulman ne doit pas être une source de peine pour son voisin. Le musulman se doit d’honorer son voisin et lui porter assistance en cas de besoin. Ce n’est point un hasard si l’ange Gabriel a tant recommandé le voisin au Prophète au point que ce dernier a cru qu’il fallait l’inclure dans le droit de l’héritage. Il n’est donc pas surprenant que le hadith : « N’entrera pas au paradis, celui dont le voisin n’est pas à l’abri de sa conduite blessante », mette en garde les musulmans qui recherchent la face d’Allah afin qu’ils soient des voisins exemplaires. Le dernier axe des chroniques de ce Ramadan, porté sur les relations de travail, d’échange, et d’apprentissage du musulman, n’est pas moins important. Le travail en Islam est un acte d’adoration à condition qu’il soit licite et bien fait. C’est aussi un moyen de rémission des péchés comme le dit le Prophète : « lorsque le croyant revient fatigué le soir de son travail, ses péchés tombent comme les feuilles sèches d’un arbre ».
Toutefois, le musulman est exhorté à entretenir avec son employeur ou son employé une relation de fraternité, de loyauté, de respect et de justice. Les mêmes exigences s’appliquent dans le cadre du commerce en plus de l’interdiction pour le musulman de se livrer au commerce de choses rendues illicites par Allah. Il a été rappelé par le Prophète que « Certes, Allah et Son Messager ont interdit la vente d’alcool, de la bête morte, du porc et des statues ». Le musulman doit aussi s’abstenir de surenchérir ses marchandises afin de tromper les autres ou encore vendre sans signaler les vices cachés de sa marchandise. C’est un acte blâmable de même que le fait de jurer par Allah pour faire écouler de telles marchandises. Il appartient aussi au client d’être miséricordieux en tant qu’acheteur et contribuer, par son action, à l’épanouissement des vendeurs qui sont souvent dans des situations intenables. « La recherche de la science est une obligation pour tout musulman », nous enseigne le prophète. Le savoir permet de se distinguer et de se rapprocher de son Créateur qui a laissé des signes pour ceux qui réfléchissent. Ainsi, la personne en charge de transmettre le savoir mérite tout le respect de l’apprenant ….. Enfin, pour réussir, dans ses relations avec les autres, le musulman doit prendre conscience qu’il ne pourra donner aux autres que ce qu’il a. C’est pourquoi, il doit travailler à s’aimer lui-même, à se mettre à l’abri du besoin, à ne demander qu’Allah. Il doit chercher la liberté, l’autonomie et l’indépendance afin de pouvoir s’affirmer et donner le meilleur de lui aux autres. Seigneur Allah, affermis-nous sur la vérité et sur le droit chemin. Donne-nous de vivre beaucoup d’autres Ramadan dans la santé, la sérénité et la foi. Redonne au Burkina Faso, à la sous-région la quiétude d’antan et éteint tous les foyers de tension dans le monde. NB : La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir de présence.
Dr Inoussa COMPAORE Imam à l’AEEMB et au CERFI