Contre vents et marrées, Julio Lucrèce Bazi a réussi à hisser le drapeau burkinabè sur le sommet du Mont Kilimandjaro (5 891 m d’altitude, soit la plus haute montagne d’Afrique). Avec cette prouesse, le Burkinabè, passionné de motos, réalise l’un de ses rêves. Il raconte.

D’où est venue votre passion pour la moto ?

Je suis un passionné d’engins, de motos, de mécanique et tout. La passion pour la moto est partie du fait que j’ai grandi dans un quartier où il y avait des mécaniciens de grosses motos. Tout petit, pendant que les autres allaient s’amuser, moi, je partais juste
observer, m’asseoir avec les mécaniciens. Je me suis dit qu’un jour il faut que j’aille à ma propre moto.

Comment s’est passé ce périple sur le Mont Kilimandjaro ?

Le périple s’est bien passé et je rends grâce à Dieu. C’était dur et difficile (rires). Mais, avec les Burkinabè derrière qui étaient trop fiers, il fallait tenir jusqu’au bout. Ça été fait dans la douleur, mais tout s’est bien passé.

Comment avez-vous appris la technique d’ascension ?

Je l’ai apprise sur place, sur le tas en essayant de m’adapter. Arrivé au sommet, qu’avez-vous ressenti surtout vous qui venez d’un pays à un relief plat ?
D’abord je viens de cocher une cage dans mes rêves, d’avoir rendu fiers les Burkinabè. Il faut noter qu’au sommet, c’était très très compliqué, vu que nous venons d’un pays plat. D’abord, il y a le mal de montagnes qui se caractérise par de fortes douleurs à la tête, par des vertiges, par la nausée, par une compression thoracique et tout.

Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre un tel risque ?

C’était un rêve pour moi depuis tout petit de faire le Mont Kilimandjaro. Dans l’une de nos leçons à l’école primaire, nous avons appris que le plus haut sommet de l’Afrique est le Mont Kilimandjaro. Ça faisait donc partie de mes objectifs. Maintenant, j’ai décidé de le
faire cette année parce que je ne voulais pas seulement qu’il soit un acte de sport, mais aussi un acte patriotique, d’où le voyage avec le drapeau burkinabè, pour le hisser en ce lieu.

Pour un Sahélien, il est évident que les difficultés étaient énormes.

Tout à fait, j’allais même dire très très énormes. Il y a d’abord la fraîcheur. Elle est tellement forte qu’on ne la vit jamais chez nous. Nous sommes habitués à des
températures de 30-40 degrés. Au sommet, nous étions à moins 15, moins 20 degrés. C’était invivable. Franchement, c’était très compliqué. Mais, je rends grâce à Dieu que tout s’est bien passé.

Que gagnez-vous en réalisant cette prouesse ?

En réalisant cette prouesse, je viens de cocher une cage dans mes rêves. Dans mes objectifs de vie, j’ai plein de choses que je dois réaliser étant sur terre.

Avez-vous déjà fait des aventures pareilles de par le passé ?

Je n’avais jamais fait une aventure pareille, mais, voyager à moto, oui. J’ai voyagé à moto du Burkina jusqu’en Espagne, redescendre jusqu’en Guinée￾Bissau, Guinée-Conakry, Sierra Leone, Libéria et autres.

Quel sera votre prochain objectif ?

Pour l’instant, je n’ai aucune idée. Je verrai ce que ça va donner. J’ai plein de choses en tête, mais j’attends de voir ce qui est le plus favorable à un moment donné, à une période donnée, avant de m’y lancer. Je voulais profiter de l’occasion que vous m’offrez pour
demander aux Burkinabè de rester soudés. Nous avons plus que besoin de cela. Nous avons besoin présentement d’un peuple uni pour la même cause : le développement du pays. J’invite tous ceux, dans leurs disciplines respectives qui peuvent travailler à
valoriser le pays, de le faire. Car, s’il y a des gens qui se battent pour salir l’image du pays, il faut bien que d’autres fassent le contraire.

Interview réalisée par Yves Ouédraogo

Laisser un commentaire