Seulement 4 années d’existence ont permis à Lowgoin FC de montrer ses preuves dans le gotha du football burkinabè. Après 2 essais infructueux en D3 dans la quête d’une accession en Ligue 2, le 3e a été le bon. Ainsi, pour la première fois dans l’histoire du football burkinabè, un club du Nayala accède à ce niveau de compétition. Une performance à mettre à l’actif de son fondateur et président Jacques Dala. Passionné de football, il revient sur les péripéties qui ont conduit à ce sacre.

Quel est le ressenti d’un président qui vient d’obtenir son accession en D2 ?

Je ne sais pas comment vous l’expliquer. C’est plus fort que moi. Cette montée en Ligue 2 est historique. Je le dis, car, c’est la toute première fois qu’un club de football du Nayala accède en Ligue 2. C’est tellement profond que je n’arrive pas à vous exprimer mon ressenti. Nous pouvons ainsi nous targuer d’avoir participé à écrire un pan de l’histoire de notre province.

Une grande fierté quand vous recevez les appels de félicitations ?

Affirmatif, car, en tant que fils, nous avons aussi commencé à taper dans le ballon dans la même localité. Et l’histoire a voulu que le dernier match se joue là-bas. Et c’est là-bas que nous avons acquis la montée. C’est vraiment une fierté. D’une part, cela te donne même la chair de poule de savoir qu’aujourd’hui, on ne parle plus de Lowgoin, mais, plutôt de l’équipe de Toma. Mieux, de l’équipe de la région, parce que nous n’avons pas une équipe de Ligue 2 dans toute la région. Et quand les premiers responsables de la région, les fils et les filles t’appellent pour te féliciter, c’est vraiment une fierté.

L’accession en D2 était-elle l’objectif au départ ?

Oui, nous avons terminé deux fois à la 2e place du championnat D3. Pour ce 3e essai, nous n’avions qu’un seul objectif : accéder en Ligue 2.

A partir de quel moment avez-vous cru à cette ascension ?

En début de saison dernière, nous avons renouvelé notre effectif à 95%. Et à travers les matches amicaux, nous avons constaté que nous avions un groupe soudé. Aussi, j’ai été approché par un monsieur un jour. Il m’a appelé en se présentant comme Lalé Issoufou. En tant que fils de la région et bien connu du milieu du football, il m’a dit qu’il souhaiterait si possible nous accompagner. Après ma petite enquête sur sa personne, le retour a été positif. Beaucoup m’ont parlé de sa droiture et m’ont avoué que nous avons une chance réelle d’accéder en Ligue 2, si nous acceptons travailler avec ce monsieur. C’est ainsi que nous lui avons confié la direction sportive. Quand il a commencé, il a apporté des modifications au niveau du staff technique. Outre notre satisfaction sur sa façon de travailler, nous avons remporté tous nos matches lors de la phase régionale en ne concédant aucun but. Nous avons donc commencé à croire. Pour le premier match de la phase nationale, nous sommes allés battre Bafudji à Gaoua.

Outre cet état de fait, y a-t-il eu une motivation spéciale pour galvaniser les joueurs à se surpasser ?

Effectivement, on ne peut pas accéder en D2 sans aussi des motivations. Mais, à Lowgoin, notre atout a été notre sincérité envers les joueurs. Tout ce que nous avons promis aux joueurs a été honoré. Nous avons respecté notre parole. C’est sûr que vous voulez faire allusion à la prime. Si c’est effectivement le cas, ce n’est pas forcément le montant qui compte. Même si vous vous accordez avec quelqu’un pour 5 francs, il faut respecter votre engagement. C’est cela qui a été aussi l’une de nos forces.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées au cours de cette saison aboutie ?

Les difficultés n’ont pas manqué. La durée même du championnat est l’une des difficultés majeures. La spécificité aussi du championnat D3 est le calendrier qui n’est jamais connu d’avance. Prenons l’exemple du précèdent championnat. Nous l’avons entamé depuis septembre 2023 pour l’achever le 26 octobre 2024. Nous avons enchainé avec la saison 2024-2025 qui a pris son envol vers décembre. Ce qui fait que nous étions essoufflés financièrement. Une autre difficulté est la modification du calendrier en cours de saison. Vous faites 10 jours sans jouer et brusquement, on sort un autre calendrier pour vous dire que vous jouez les mercredis. Pourquoi ne pas jouer les matchs les samedis pour permettre à nos fans et même nous qui sommes des fonctionnaires, de pouvoir accompagner notre équipe, le week-end. Je n’oublie pas les difficultés financières dont nous ne faisons pas exception à la règle.

Quel a été le match le plus difficile de la saison de Lowgoin ?

Il y a eu deux matchs qui ont été difficiles, selon moi. Il s’agit d’abord de celui contre Impact à Koudougou. Il a été difficile, car, nous sommes bien entrés dans notre match. Et dès l’entame de la 2e partie de jeu, nous perdons notre capitaine à la suite d’un carton rouge. En infériorité numérique, j’avoue que nous avions eu des sueurs froides. Le match s’est sanctionné par un score nul. J’ai eu l’impression que l’exclusion de notre capitaine a donné plus de tonus à l’équipe, car, les joueurs ont livré l’un des plus beaux matchs de la saison. L’autre match difficile a été le dernier à domicile contre notre poursuivant immédiat, le Bafudji de Gaoua. Il y avait 3 points d’écart entre nous. Eux aussi y croyaient. Ce fut une partie difficile et nous avons partagé la poire en deux 1-1.

Quelle a été votre plus grande satisfaction de la saison ?

Il y a d’abord cette montée en Ligue 2. Au passage, il faut noter que quand vous prenez l’équipe qui a fait monter Lowgoin, il y a six joueurs formés dans notre centre à Toma, issus de la 1re et la 2e promotion. Et pour la petite histoire, sur la photo de notre dernier match, y figure ces 6 joueurs. Vous comprenez que pour un président, avoir un centre de formation d’à peine 4 ans d’existence et avoir 3 qui participent à la montée, je pense que c’est une fierté. Et cela voudrait dire aussi que nous ne sommes pas trompés de choix.

Qu’avez-vous déploré ?

Je dirai très sincèrement que c’est la modification du calendrier au cours de la saison. Pour les régionales, nous sommes allés jouer un match à Dédougou et le retour était prévu à Toma. A notre grande surprise, on nous envoie une modification du calendrier. Ensuite, nous entamons la phase nationale. Pendant que tout se passait très bien, à notre grande surprise, quelqu’un par sa volonté a décidé de modifier le calendrier. Ce qui n’est pas intéressant parce que le calendrier se déroulait normalement. Et on nous fait comprendre que le fait de jouer deux fois par semaine n’est pas règlementaire. Alors que le règlement de la FIFA autorise un match 72 heures après l’autre. J’étais surpris qu’il y ait du deux poids deux mesures. Dans notre poule, on nous dit que nous allons jouer une fois par semaine et dans l’autre poule C, eux, pouvaient jouer 2 matches par semaine. Ce qui veut dire que pendant que nous jouons uniquement les mercredis, les autres jouent mercredi et samedi. Ce sont des choses à corriger si nous voulons que le football se développe. Moi, je tiens à préciser que cela m’a profondément marqué.

Quelle appréciation faites-vous du niveau du championnat D3 ?

Il faut reconnaître que le niveau est très élevé. De l’avis de personnes avisées de notre football, le niveau de la D3 est très élevé. La preuve, il y a certains matchs où ils sont obligés de monter le niveau des arbitres qui doivent officier à ce niveau de la compétition. De nos jours, les uns et les autres s’organisent à la base. Aussi, il y a beaucoup de présidents qui font venir des coachs d’un certain niveau. C’est très important, parce que quand vous prenez aujourd’hui les équipes de D3, surtout la phase nationale, vous constaterez que ce sont des coachs qui ont le niveau. Tout cela prouve le bon niveau de ce championnat.

Maintenant que la montée est un acquis, quelles sont les perspectives, surtout la Ligue 2 considéré comme un « enfer » par certains ?

Nous n’avons pas le choix. Si nous voulons accéder en Ligue 1, nous sommes obligés de vivre l’enfer pour y accéder. Je pense que nous réfléchissons déjà à ce que nous allons faire. Il est vrai que la D2 est un acquis. Mais, nous n’ignorons pas que ce qui nous attend est plus difficile que ce que nous avons déjà fait. Pour vous dire que nous sommes en train de mettre les petits plats dans les grands pour renforcer aussi l’équipe. Que ce soit au niveau du staff technique que des joueurs. Nous avons joué les phases régionales jusqu’à la phase nationale sans enregistrer la moindre défaite. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, car, il y a certains compartiments où nous sentons qu’il y a des insuffisances. Avec le staff technique, nous sommes en train déjà de travailler pour voir comment nous pouvons corriger en faisant venir un peu de renfort.

Décrivez-nous le club Lowgoin FC…

Lowgoin FC est un club qui a été créé en 2019 et affilié à la Fédération burkinabè de football en 2020. Nous avons commencé à participer aux compétitions en 2022. Mais, nous avons ouvert le centre de formation en 2021 avec un système d’internat. Nous donnons aussi la possibilité à certains enfants de Toma qui ont de la famille dans la localité de pouvoir s’inscrire en externat.
Qu’est-ce que vous a motivé à porter sur les fonts baptismaux ce centre ?
La première motivation est la passion du football. L’autre est venue d’un constat. En tant que passionné et ancien pratiquant, il était inconcevable que nous ayons la plus grande région du Burkina et que nous n’avons aucun club en Ligue 2. Nous avons pensé que la solution viendrait peut-être de la formation. Aujourd’hui, nous pensons que l’histoire nous a donné raison et que nous ne nous sommes pas trompés.

Vous avez décidé de remettre votre prime de montée à l’Initiative présidentielle Faso Mêbo. Un signal fort tout de même ?

Nous avons décidé d’accompagner l’initiative du camarade capitaine Ibrahim Traoré, car, nous avons pensé que c’est parce qu’aujourd’hui, il y a la sécurité que nous sommes allés jouer à Banfora. C’est parce qu’il y a la sécurité que nous partons jouer à Toma et que le championnat se déroule. Lorsque nous avons senti que nous avons la possibilité d’accéder en Ligue 2, j’y ai pensé. Et à la fin du championnat, j’ai partagé l’idée aux membres du bureau. A l’unanimité, ils ont trouvé que l’idée était géniale. C’est ainsi que nous avons décidé d’octroyer la prime de notre première place à l’Initiative présidentielle. Ce n’est pas un secret, cette prime est dans le règlement intérieur et les premiers ont droit à 750 000 F CFA.

Quel est le prochain grand objectif, la Ligue 1 d’ici la prochaine saison ?

Nous prenons les choses telles qu’elles se présentent. Nous ne pouvons pas dire que nous voulons automatiquement accéder en Ligue 1 dès la saison prochaine, sachant bien que la Ligue 2 est aussi difficile. Pour nous, c’est d’aborder la Ligue 2 de la plus belle des manières. L’histoire s’écrira toute seule. Dans l’immédiat, nous voulons à travers notre centre fournir beaucoup plus de joueurs aux équipes nationales. Je voulais saisir l’opportunité pour remercier les filles et les fils de la région. Je ne citerai pas de noms de peur d’en oublier. Je voulais relever que nous avons été soutenus par les premiers responsables de la région, à travers, le gouverneur de la région de la Boucle du Mouhoun, le haut-commissaire du Nayala, les autorités coutumières, religieuses tant au niveau régional que celui provincial nous ont beaucoup accompagnés. Nous leur disons au passage merci d’avoir fait confiance à Lowgoin. Nous invitions les ressortissants et les entreprises du ressort régionale de la Boucle du Mouhoun d’accompagner et de croire en Lowgoin en associant leur image. Nous promettons de tenir haut le flambeau. Nous n’allons jamais faillir.

 

Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO

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