En 1993, l’Association des journalistes sportifs du Burkina portait sur les fonts baptismaux la Super coupe AJSB. Sans discontinuer, la compétition a fait son petit bonhomme de chemin. Elle se prépare à vivre son 32e round le 14 septembre prochain. Retour sur la première édition disputée, le 19 septembre 1993 à Bobo-Dioulasso, remportée par l’ASFB devant l’EFO.
La rencontre entre l’Association sportive des Fonctionnaires de Bobo-Dioulasso (ASFB) et l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) est à sa 40e minute au stade Wobi de Bobo-Dioulasso en cet après-midi glacial du dimanche 19 septembre 1993. Sur une action bien menée depuis le flanc droit, Salif Sanou, à la fin, la conclue en but. Ce sera la seule réalisation qui consacre l’ASFB comme le premier à soulever le trophée de la Super Coupe de l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB) et Salif Sanou le premier à faire trembler les filets de cette compétition.
Comme si c’était hier, le buteur se rappelle.
« C’est à la suite d’une action élaborée depuis le couloir droit de notre défense, détenue par Salif Simporé. Il a traversé la balle et j’ai changé la direction pour la mettre au fond des filets », raconte Salif Sanou. Transfuge de Bobo Sport à l’ASFB quelques jours seulement avant cette rencontre, Salif Sanou n’envisageait pas être de la partie, car, dit-il, il était à-court de compétition. « Je n’étais pas au courant du match parce que j’étais un commerçant. C’est le jour du match que j’ai appris que l’ASFB devait jouer contre l’EFO », se remémore-t-il.


Informé par son coach de l’époque, feu Lambert Bayala, secondé par Békour Kambou, Salif Sanou décline la proposition à lui faite par la tête pensante du club
« jaune noir » de disputer la rencontre. A force d’insister, Salif cède.
« Comme une prémonition, le coach m’a dit d’accepter disputer le match. Il a ajouté qu’il voulait seulement que je marque un but. Et que si j’arrive à faire trembler les filets même 5 minutes après le début de la rencontre, il me fera sortir. Comme un défi à relever, je lui ai promis de marquer le but », explique-t-il.
500 000 FCFA pour le vainqueur pour commencer
Pour le premier buteur de la Super coupe AJSB, ce match sonnait comme une revanche. Car, quelques semaines avant, l’EFO avait disposé de l’ASFB en finale de la Coupe du Faso. « En son temps, la rivalité était grande et quand on te bat, il fallait forcément prendre ta revanche », soutient-il. Son coéquipier Hyacinthe Koffi, lui, ne veut pas parler d’une revanche.
« C’était une finale et il fallait la gagner. Surtout aussi que c’était une première compétition, nous avons voulu marquer l’histoire. A l’époque, on avait une bonne équipe », fait-il remarquer. Dans le camp de l’EFO (qui avait réalisé le doublé cette saison), l’on préfère plutôt attribuer cette défaite à l’excès de confiance.

« Pour les avoir battus quelques semaines avant, nous nous sommes mis dans la tête que le match est plié », éclaircit Alain Nana. L’ex-capitaine de l’EFO a apprécié positivement la naissance de la Super coupe AJSB, « une compétition de plus pour les équipes ». Pour Hyacinthe Koffi, être les premiers à remporter cette compétition est une fierté. « Nous avons marqué le pas avec l’ASFB », se félicite-t-il.
« Sur le feu de l’action, vous ne ressentez rien. C’est avec l’étendu de la chose que vous vous rendez compte après de ce sentiment de fierté et de reconnaissance envers ceux qui ont contribué pour que cela soit ainsi », déclare l’actuel coach de Neuf Athletic club, Salif Sanou. Il se souvient n’avoir pas reçu une récompense particulière comme pécuniaire, mais, plutôt « juste une récompense morale ». Mais, pour son sacre, l’ASFB a reçu en plus du trophée, la somme de 500 000 F CFA contre 300 000 F CFA à l’EFO.
Combler un vide
Pour cette première Super coupe AJSB, une trentaine de journalistes sportifs avait effectué le déplacement de Sya pour remporter ce pari : celui d’apporter leur modeste contributionà la promotion du sport burkinabè et du football en particulier. Elu à la tête de l’AJSB, la même année (1993), Alexis Konkobo et son équipe composée, entre autres, de Victor Sanou au secrétariat général, de feu Joseph Bonzi à la trésorerie, de Philippe Tougouma au secrétariat général adjoint et de Richard Yaméogo aux relations extérieures avaient eu l’ingénieuse idée de la création de la Super coupe AJSB, en football.

Sur les raisons qui ont prévalu à porter cette compétition sur les fonts baptismaux, M. Konkobo a laissé entendre qu’ils sont partis d’un constat après une observation au niveau de la sous-région. « Il manquait au Burkina Faso une Super coupe qui oppose le champion national au détenteur de la Coupe du Faso. C’est ainsi que nous avons décidé de combler le vide avec cette coupe qui permettait en même temps aux deux équipes engagées en coupe d’Afrique des clubs de se mesurer et de tester les recrues avant le début de la campagne africaine », commente Alexis Konkobo.
Sur le choix de Bobo-Dioulasso pour accueillir la Super coupe AJSB, Alexis Konkobo précise que c’est une reconnaissance du fait que la capitale économique, Sya, reste la ville pépinière du football burkinabè. « En plus, c’était pour nous une occasion de décentralisation en permettant à la ville d’accueillir un grand événement de portée nationale », éclaire-t-il. Avec cette première édition, l’AJSB venait de poser les jalons d’une compétition devenue incontournable dans le gotha du football burkinabè.
Yves OUEDRAOGO
Fiche technique
Dimanche 19 septembre 1993 : Stade Wobi de Bobo Dioulasso
Temps frais et beau
Pelouse praticable
Public : environ 5 000
Finale Super Coupe AJSB
ASFB – EFO : 1-0
But : Salif Sanou (40e)
Arbitrage : Bénito Touré, Mamadou Ouattara, Seydou Ouattara
EFO : Ibrahim Diarra, Inoussa Zongo (puis Bemba Bengaly), Boureima Gadiaga, Adama Yanogo, Robert Zongo, Alain Nana, Abou Ouattara, Yabré Guira (puis Kanté Fall), Edmond Zèba, Théophile Béda Béda, Issaka Tassembédo (puis Bakary Koné).
ASFB : Mamadou Traoré, Hyacinthe Koffi, Achille Azoupé, Ousséni Fofana, Boureima Zoungrana, François Bado, Drissa Traoré, Salif Sanou (puis Sikiru Ulumboudoum), Lassina Fofana, Emmanuel Traoré (puis Ibrahim Coulibaly), Hermann Bado.
