
Il est entré dans l’histoire du karaté do burkinabè comme celui qui aura permis au pays d’obtenir sa toute première médaille d’or continentale dans la discipline. Arafat Gouem a hissé le Burkina Faso sur la plus haute marche du podium chez les juniors lors du championnat d’Afrique 2025, fin juillet à Abuja en s’imposant en kumite. Une performance qui résulte de l’abnégation au travail du garçon dont la confiance en soi est citée en exemple.
Les étoiles plein les yeux encore, Arafat Gouem est déjà de retour au travail. Quelques semaines après son sacre au championnat d’Afrique de karaté do à Abuja, il est parmi les premiers arrivés cet après-midi du mercredi 27 août pour la séance d’entrainement de son club, Dakupa karaté club. Le souvenir du couronnement encore vivace, il exprime sa joie, mais surtout la fierté d’avoir réussi quelque chose d’utile pour son pays. « Je suis très content de donner cette médaille au Burkina.
Mon objectif était de batailler pour rapporter une médaille au pays peu importe la couleur. Mais avec les conseils des coaches et l’enchainement favorable des combats cela a été l’or et j’en suis fier », confie-t-il. En tout, le jeune karatéka burkinabè a livré quatre combats lors de cette compétition avec la même détermination et la même envie de prendre sa revanche sur l’édition passée. « J’étais plutôt confiant au regard de l’entrainement que j’ai eu. Le reste se jouait au mental. Pour ma première expérience l’année dernière en Tunisie on m’a battu et j’en ai eu très mal.

Cette année je m’étais promis de ne pas partir me faire ‘’frapper’’ encore », explique-il. Son coach en équipe nationale reconnait que la clé du succès de l’athlète de 17 ans, se résume au sérieux dans le travail et la grande confiance en soi qui le caractérisent. « C’est quelqu’un qui est généralement calme, serein, confiant, je dirais même trop confiant car par moments on se demande s’il nous écoute, tellement il est calme dans son coin.
A la compétition je lui ai juste dit de s’appliquer et d’avoir cette confiance car certains de nos athlètes ont cette phobie des adversaires maghrébins mais nous leur avons fait comprendre que ceux-ci n’étaient pas invincibles si le travail est bien fait », précise coach Yaya Traoré. Enfant très timide aux dires de sa mère, Arafat a toujours été de ce calme olympien. Ce qui a poussé sa génitrice, passionnée du karaté, à l’inscrire à ce sport.
« Même à la maison il n’aime pas trop s’exprimer ou chercher des histoires aux autres. C’est en partie pour cela que je l’ai amené au karaté pour qu’il soit plus dégourdi », affirme Adjaratou Gouem. En 2018 alors qu’il avait 11 ans, le petit Arafat découvre ainsi le karaté en plus du football qu’il expérimentait. Et c’est le Dakupa karaté club du directeur technique national Corneille Maré, au quartier Patte d’Oie qui l’accueille.
« Dès le début il était très déterminé, ne manquait pas les entrainements, travailleur. Et très jeune je l’ai présenté au championnat des enfants où il a arraché plusieurs médailles de manière polyvalente c’est-è-dire en kata et en combat. Il a continué à glaner les médailles en grandissant et en partant à Abuja il était champion national de sa catégorie et champion au niveau de la région ouest B africaine », se souvient le DTN, son premier entraineur.
Continuer à performer

Le petit Gouem y trouve Abdoul Kawilou Dabré qui sera vite séduit par l’engagement du nouveau venu. « Son sérieux nous a rapprochés et c’est grâce à lui que je me suis intéressé au kumite sinon je m’étais focalisé sur le kata. Nous travaillons depuis lors ensemble même en dehors des jours et heures d’entrainement normaux de club ou de l’équipe nationale », témoigne-t-il. Ayant pris goût au karaté, Arafat va abandonner le football pour s’y consacrer et développer des qualités qui lui permettent de s’imposer, de passer sa ceinture noire en 2023 et rejoindre l’équipe nationale dans la foulée.
« La nonchalance était son trait de caractère que j’ai tout de suite remarqué et qui posait problème. Mais il a été réceptif aux conseils et aujourd’hui il est rapide des bras avec un bon déplacement et cela est très important car un bon déplacement dénote d’une bonne capacité à bien lire le combat et dominer son adversaire. Les jambes étaient un peu lourdes mais nous y avons beaucoup travaillé. Ce qui reste à améliorer ce sont ses déplacements sur les côtés c’est-à-dire dans les angles », indique son coach en équipe nationale Yaya Traoré.
Il n’y a donc pas de répit pour le nouveau champion qui devra redoubler d’effort pour les futures échéances qui s’annoncent plus rudes et il en est conscient. « C’est vrai que je suis félicité de toutes parts mais cette performance n’a pas d’effet négatif sur ma détermination au travail car si je veux avoir plus, il faut redoubler d’effort et ne pas baisser les bras. Je veux continuer le travail et espérer une participation réussie au championnat mondial dans l’avenir », avoue-t-il. A ce propos, le programme de travail concocté pour lui est spécial.
« Il avait trois séances au club ici et deux au niveau de la fédération avec l’équipe nationale. Mais désormais nous avons ajouté une séance spéciale pour lui et le vice-champion. Nous sommes également en train de peaufiner un plan de travail avec nos coachs qui sont en France pour permettre à ces jeunes d’y aller en immersion pour deux à trois mois de travail.
Nous sommes également en partenariat avec l’Egypte qui est prête à nous envoyer des techniciens de haut niveau qui préparent l’équipe nationale égyptienne au championnat du monde. Ils viennent pour un séjour de deux mois pour faire travailler l’ensemble des médaillés », fait savoir le DTN Corneille Maré, son entraineur en club. La prochaine échéance pour le nouveau lycéen qui a obtenu le BEPC cette année, c’est le championnat du monde des petites catégories en 2026 à Rabah au Maroc, un tremplin pour aborder le championnat du monde.
Voro KORAHIRE
