Malgré le coup de l’âge, 14 reste une voix vivante du Tour du Faso.

Aboubacar Tiemtoré, connu de tous sous le surnom de «14», est bien plus qu’un simple animateur : il est le cœur battant et la voix historique du Tour du Faso. De coureur à ouvrier, puis « d’amuseur public » à icône du micro, son parcours est indissociable de la petite reine burkinabè, qu’il sert avec passion, depuis 1989.

Aboubacar Tiemtoré, 71 ans, est une légende vivante du cyclisme burkinabè, une voix qui a bercé des générations de spectateurs et dont l’héritage du micro aux compétitions, continue d’animer la flamme du Tour du Faso. L’histoire de l’ancien coureur cycliste est celle d’une reconversion inattendue. Son célèbre surnom, «14», vient de ses années de compétition, où il avait la capacité d’attaquer un sprint avec le petit pignon à 14 dents, une prouesse technique. Pourtant, c’est loin des pistes et des compétitions qu’il trouve sa véritable voie.

Après avoir raccroché, il devient ouvrier au stade du 4-Août. Passionné, il s’amuse à commenter les courses cyclistes sur l’ancienne avenue Charles-De-Gaulle, aujourd’hui Boulevard Thomas-Sankara, distillant blagues et analyses pour tenir le public en haleine. « Je fus coureur à mon jeune âge. Quand l’âge avançait et que je ne pouvais plus faire les compétitions, je me suis fait engager comme ouvrier au stade du 4-Aout. En faisant cela chaque fois, le ministre en charge des sports de l’époque, Abdoul Salam Kaboré m’a remarqué », raconte-il. Repéré par les autorités sportives de l’époque, le tailleur de formation se retrouve propulsé au micro.

C’est le début d’une longue et fructueuse carrière. En 2019, El hadj Aboubacar Tiemtoré célébrait ses 30 ans de carrière sur le Tour du Faso, une longévité qui force le respect. Il a co-animé les plateaux pendant des années, notamment en formant un duo mythique avec Baudoin Koudougou dit Jeune Premier, après leurs prédécesseurs Mo Alim et Sofiane Coulibaly. Leur style est une signature, mêlant culture générale, sens de l’humour et rhétorique pour distiller la bonne humeur sur les différentes étapes.

Mais Quatorze est aussi un mentor. Il a pris Jeune Premier sous son aile, le considérant comme son «fils» et celui-ci est en train d’assurer la relève, confirmant ainsi sa présence jusqu’aujourd’hui. C’est aussi à Quatorze que l’on doit un terme désormais célèbre dans le jargon cycliste burkinabè :
« l’échappation ». Une anecdote amusante sur un lapsus dû à une maîtrise imparfaite du français, qui est rapidement devenue un mot culte, preuve de l’impact de son micro. Si l’époque où il pouvait revenir de la compétition avec des sommes importantes en dons des sponsors est révolue, Aboubacar Tiemtoré reste mu par le patriotisme.

Son engagement va aujourd’hui au-delà du micro. Sur insistance du Moogho Naaba Baongo, El hadj Aboubacar Tiemtoré a initié une compétition qui porte son nom : « le Grand prix El hadj Aboubacar Tiemtoré dit 14 ». L’objectif est d’abord, d’honorer les anciens coureurs du Faso et ensuite pérenniser l’élan cycliste. La 8e édition, tenue en février 2025, a rendu hommage au Moogho Naaba Baongho, tandis que la 9e est prévue en hommage à Francis Ducreux. Un engagement constant qui vise à assurer une meilleure prise en charge des athlètes. El hadj Tiemtoré dit 14 n’a qu’un souhait, une bonne prise en charge des coureurs. Ancien athlète, il connait bien le besoin alimentaire d’un coureur après l’entrainement.
« Que les autorités se penchent sur une bonne prise en charge des cyclistes », telle est son vœu.

Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

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