Cette formation de l’ASFA-Y tombeur de l’Ashante Kotoko a marqué l’histoire du football burkinabè.

La performance réalisée par l’ASFA-Y le 24 mars 1991 au Baba Stadium de Kumassi en 16e de finale de la 17e Coupe d’Afrique des clubs vainqueurs de coupe restera gravée dans les annales du football burkinabè. Ce jour-là, feu Taonsa Wendwaoga et ses coéquipiers avaient endormi tôt le tout Kumassi.

L’ASFA-Y a foulé la pelouse du Baba stadium de Kumassi avec un but à son avantage. Car, au match aller disputé le 10 mars au stade du 4-Août à Ouagadougou, M’Bemba Touré avait permis cela grâce à un pénalty transformé en fin de partie (88e). L’Ashante Kotoko, elle, a entamé la partie auréolée de son ancien prestige par le mythe ghanéen. En cet après-midi du dimanche 24 mars 1991, le Baba Stadium de Kumassi avec ses 70 000

Malick Jabir (droite) et Daouda Sanou sont entre autres héros de cette expédition victorieuse.

places est plein à craquer. Le tout Kumassi est là. Dans cette marée humaine, les supporters de la princesse Yennenga ressemblent à une goutte d’eau. La partie accuse un retard d’un quart d’heure de son temps d’entame. La raison : l’arbitre a ordonné un ultimatum de 5 minutes au représentant burkinabè de changer ses culottes rouges selon les vœux de Kotoko qui recevait. L’ASFA-Y y résiste à la pression. Le match peut enfin commencer.

L’équipe princière sans complexe

Feu Noufou Ouédraogo (boubou) alors président de l’ASFA-Y passant en revu sa troupe au match retour.

L’ASFA-Y l’aborde sans complexe. Au fur et à mesure que le temps passe, l’arbitre s’illustre par sa médiocrité et son parti pris. Toutes ses alertes sont à l’avantage de l’équipe hôte. Et en toute logique, l’Ashante ouvre le score juste avant la pause par Ben Kussi. La deuxième partie est très heurtée. Les « jaune et vert » de Ouagadougou, mentalement au point refusent de céder aux provocations. Ils restent concentrés sur l’objectif. Aucun but ne sera inscrit pendant cette dernière période malgré les 8 minutes de temps additionnel. A égalité parfaite après les deux manches, le règlement prévoit la séance des tirs au but. Du côté ghanéen, sur les cinq tirs, John Benson a mis le sien sur le poteau. Manso Frimpong loge la balle à portée des pieds d’Ibrahim Diarra qui l’arrête. Quant à Ampiah Emmanuel, paniqué et désorienté, il fait un tir en force sur le poteau. L’ASFA-Y, elle, réussira trois tirs sur quatre notamment par Daouda Sanou, Jean Marie Nana, M’Bemba Touré. Suffisant pour vaincre 2-3 et arracher une qualification méritée sur l’Ashante Kotoko, après celle de 1979 réalisé par le Kadiogo à peu près dans les mêmes conditions.

Yves OUEDRAOGO


Les héros de Kumassi

Ibrahim Diarra, Taonsa Wendwaoga, Côme Gnimassou, Inoussa Zongo, José Mévi William, Daouda Sanou, M’Bemba Touré, Alassane Fofana, Mohamed Diallo, Sylvain Sanou, Edouard Gnimassou, Aboubacar Fofana, John Baderman, Afrey Mensah, Ibrahim Traoré dit Baya, Inoussa Tapsoba.
Entraineur : Malick Jabir


 

Daouda Sanou, un des héros de la qualification de l’ASFA-Y

Aucun joueur n’a mangé dans le restaurant de cet hôtel

Membre de l’équipe de l’ASFA-Y pour cette performance, Daouda Sanou se rappelle des péripéties de ces 16e de finale de la Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe face à l’Ashante Kotoko.

Quel a été votre ressenti après cette qualification ?

J’ai ressenti une grande fierté pour la belle et méritoire qualification pour les 8es de finale.

Y-a-t-il eu une préparation spéciale pour cette double confrontation ?

Affirmatif ! Il y a d’abord eu une mise au vert avec 2 séances d’entraînement par jour avec des séances tactiques sous la houlette d’un coach de renom Malick Jabir. Nous disposions de deux kinés. Un chauffeur était à la disposition des joueurs étudiants dont je faisais partie, pour les transferts à l’université. Les dirigeants avaient mis les petits plats dans les grands.

Quels ont été vos atouts qui ont permis cette qualification ?

Nos atouts étaient la solidité de l’équipe, la solidarité sur le terrain et un mental à toute épreuve, mais, surtout l’expérience et l’expertise d’un coach compétent, psychologue, fin connaisseuse du football ghanéen et continental. Ancien joueur de Kotoko, il avait sa famille à Kumasi.

Y a-t-il eu une prime spéciale après cette performance ?

Oui bien sûr, nous avions toujours une prime à chaque victoire, que ce soit en championnat et en coupes du Faso ou des Leaders. Pour rappel, l’ASFA-Y était l’équipe la plus nantie du Faso, grâce au Groupe Fadoul et à des mécènes comme Noufou Ouédraogo & cie. Le budget de la section-foot avoisinait au bas mot les 25 millions de FCFA par saison avant la devaluation.

Comment s’est passé l’accueil à votre retour ?

Un déplacement par la route avec un accueil d’exception au retour. Les commandos du Centre national d’entrainement commando, CNEC nous ont accueillis avec une salve d’artillerie à l’entrée de Pô. Dans le bus, nous étions tous à plat ventre. On s’est presque chiés dessus. A Ouaga c’était l’effervescence. C’était beau. Le terrain d’entrainement était noir de monde à chaque séance.

Des anecdotes ne manquent pas dans ces genres d’événements…

L’anecdote majeure et inoubliable c’est le fait qu’aucun joueur n’ait mangé dans le restaurant de cet hôtel qui nous abritait. Nous mangions tous les jours chez le “Naaba de Kumasi”, le chef de la communauté mossi de Kumasi. Des supporters triés dans le contingent qui nous suivaient, se faisant passer pour joueurs. Cette précaution était due à la suspicion d’une possible intoxication volontaire des repas des équipes étrangères. Une pratique courante en son temps. Cette victoire en terre ghanéenne nous a donné confiance pour la suite. C’est ainsi que nous avions atteint les 1/4 de finale. Le sacre en cette 17e édition de la Coupe d’Afrique des Vainqueurs de Coupe, s’est joué entre nous et les Zambiens du Dynamo Power. Nous avons été éliminés sans avoir perdu de match. Les Zambiens sont passés grâce à l’ancienne règle du but marqué à l’extérieur. J’espère voir un autre club burkinabè battre notre record de quart de finaliste en Coupe d’Afrique. Il n’a que trop duré.

Entretien réalisé par Yves OUEDRAOGO

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