Discipline millénaire, la lutte a toujours occupé une place de choix dans la vie sociale et culturelle des peuples africains. Au Burkina Faso, elle demeure un sport d’honneur, de bravoure et de cohésion. Aujourd’hui, la Fédération burkinabè de lutte (FBL) entend lui redonner tout son éclat, entre préservation du patrimoine et ouverture vers la compétition internationale.
Des fresques vieilles de plus de 5 000 ans témoignent déjà de la pratique de la lutte en Egypte et en Mésopotamie. En Afrique, cette discipline s’est imposée comme un véritable rite d’initiation et de reconnaissance sociale. Chez les Mossé, Gourounsis ou Peulhs, chaque combat est plus qu’un affrontement : c’est une célébration de la force, du courage et du respect. La lutte moderne se décline sous deux formes principales : la lutte gréco-romaine et la lutte libre, régies par l’Union mondiale de lutte (UWW).
A côté, la lutte traditionnelle africaine, plus festive, s’accompagne de tambours, de danses et de chants, transformant chaque tournoi en véritable fête populaire. L’objectif reste le même : faire tomber l’adversaire ou le faire sortir du cercle. Les bastions de la lutte burkinabè. Certaines régions du Burkina Faso se distinguent par la force de leurs traditions dans la lutte : Nando ex- Centre-Ouest (Boromo, Réo, Koudougou) : berceau de nombreux champions gourounsis et mossis. Les Koulsé (Kaya, Barsalogho, Kongoussi) : région où la lutte fait partie intégrante des festivités locales. Est (Fada N’Gourma, Bogandé, Diapaga) : les lutteurs gourmantchés sont réputés pour leur rapidité et leur technique.

Yaadga ex-Nord (Ouahigouya, Titao) : fief de lutteurs peulhs et mossis connus pour leur endurance. Sahel (Dori, Sebba, Djibo) : la lutte y garde une dimension initiatique et communautaire très forte. Pour le président de la FBL, Ousséni Kabré, « la lutte est une discipline tant aimée par les Burkinabè, et nous voulons apporter notre pierre à son édification ». Elu à la tête de la Fédération, il prône le rassemblement de toute la famille de la lutte et la relance des compétitions à travers le pays. « Nous avons pêché au niveau de la relève », reconnaît-il, avant d’ajouter : « Les foyers de lutte sont en train de s’éteindre, il faut les rallumer pour préparer la nouvelle génération. »
Son programme « Nééré » prévoit la relance des compétitions régionales, la formation de jeunes lutteurs et la vulgarisation de la lutte gréco-romaine, discipline olympique encore peu pratiquée au Burkina. « Nous avons les techniciens, il nous manque le matériel. Nous irons dans les 13 régions pour détecter les talents », précise-t-il dans une interview accordée au Sidwaya Sport. La Fédération envisage également une politique de reconversion pour les anciens champions et souhaite associer les pouvoirs publics à la professionnalisation du sport.
Au-delà du combat, la lutte véhicule des valeurs de courage, de respect et de résilience. « Imaginez quelqu’un qui tombe au milieu de mille personnes, se relève et revient le lendemain : c’est cela le Burkinabè », résume Ousséni Kabré. Entre tradition et modernité, la lutte burkinabè veut désormais se tailler une place sur les podiums internationaux, tout en restant fidèle à son âme culturelle et communautaire.
Pengdwendé Achille OUEDRAOGO










































