Il règne sur l’haltérophilie burkinabè depuis maintenant cinq. Depuis sa première médaille d’or au championnat national en 2021, Abdoul Razack Ouandaogo n’a cessé de confirmer sa suprématie dans cette discipline au pays des Hommes intègres. Une discipline dont il est tombé amoureux un peu par hasard et pour laquelle, il nourrit désormais des ambitions à l’international.

Sur le circuit Z (arraché et épaulé- jeté) au Burkina Faso, un homme est intouchable ces cinq dernières années. Il se nomme Abdoul Razack Ouandaogo et allie avec aisance
technique et force dans cette discipline qu’est l’haltérophilie. Ce 22 octobre
2025, à la faveur de la 30e Nuit des Champions de l’Association des journalistes sportifs du Burkina (AJSB), sa régularité dans la performance est reconnue une fois de plus par une distinction. « Ça fait toujours plaisir de recevoir ce trophée, une reconnaissance
du travail qui est fait et cela m’encourage à persévérer », confie le champion national 2025 d’haltérophilie.

Avec un cumul de 265 kg soit 30 kg de plus que son dauphin, Abdoul Razack Ouandaogo a été sacré début octobre pour la 5e saison consécutive. Deux semaines plus tard, il décrochait une médaille d’Argent aux 2es jeux de la zone 3 de l’Association des comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA), tenus à Ouagadougou. « Le fait de rater l’Or
m’a énormément fait mal. Je sais que cela est dû à notre manque de conditions
adéquates d’entrainement par rapport à nos adversaires mais, nous allons nous remobiliser en espérant que la situation va changer », explique-t-il.

En effet, le géant natif de Bobo-Dioulasso (1,90m) manque quasiment de tout pour exploiter pleinement son potentiel. Son objectif, dit-il, c’est de représenter brillamment le
Burkina Faso à l’international mais il est conscient que cela passe d’abord par une
bonne préparation, donc un bon encadrement. « Actuellement, je n’ai pas d’entraîneur en tant que tel. C’est mon frère aîné et un ami qui me suivent », avoue-t-il. L’ami en question c’est André Ouédraogo, un camarade athlète dont il a fait la connaissance, il y a trois ans, au lieu qui leur sert de site d’entrainement et qu’ils ont nommé Dragon Club. Il s’agit
de l’enceinte d’une cour d’habitation ordinaire au quartier Sarfalao de la ville de Sya. Le matériel est rudimentaire.

Composé de quelques blocs de béton et de métal, il présente des signes de fatigue
avancée. Il faut donc le ménager pour pouvoir continuer à en profiter. Car, en plus d’être inadapté, il est insuffisant au regard du nombre d’utilisateurs. « Comme c’est du béton pour la plupart, nous ne pouvons pas trop exécuter certains mouvements de peur de les
briser. Les disques sont par exemple des roues usées de machines à moudre que
nous récupérons. Ce qui fait que pour les séances, nous estimons la charge car, nous n’avons pas la possibilité de mesurer exactement le poids des outils utilisés », raconte André Ouédraogo.

Un modèle nommé Iron Biby C’est dans ces conditions que, cinq jours par semaine, Abdoul Razack Ouandaogo, André Ouédraogo et les autres, animés par le même amour pour l’haltérophilie s’échinent à donner le meilleur d’eux. Et pour permettre à un des leurs de performer au plus haut niveau possible, aucun sacrifice ne semble être de trop. « Comme nos moyens sont limités, lorsque Abdoul prépare une compétition, tout le monde
se prive de certains outils pour lui permettre de faire le maximum. Donc, le niveau des autres stagne durant le temps que nous préparons notre champion.

C’est alors une satisfaction pour tout le groupe lorsqu’à l’arrivée ça marche pour lui », précise l’encadreur de fortune. Agé aujourd’hui de 30 ans, Abdoul Razack Ouandaogo, commerçant de profession, a développé l’intérêt pour les épreuves de force, un jour de l’année 2017, lorsqu’il assistait à une cérémonie de présentation de médaille de Iron Biby à
Bobo-Dioulasso. « C’est à partir de ce jour que j’ai décidé de me donner à fond dans quelque chose qui se rapproche de ce que Iron Biby fait et j’ai choisi l’haltérophilie. Mais, c’est en septembre 2018 que j’ai véritablement commencé à m’entraîner », relate-t-il.

En 2019, il participe au championnat national et s’en sort avec une médaille de bronze. Depuis lors, il travaille à repousser ses limites à chaque occasion. Il va ainsi se révéler et
s’aguerrir en enchainant avec succès, quelques compétitions au niveau
national, pour s’installer depuis 2021 dans le fauteuil de champion national.

A l’international où il s’essaye, il y a deux ans maintenant, il s’est fait remarquer au Mali d’où il est revenu avec la médaille d’or en 2024 après une compétition de Strongman. Faute de ressources pour prendre part à des compétitions plus relevées hors du pays, les cadres d’expression pour se frotter à une concurrence de taille font défaut. Mais, cela n’entache en rien la détermination de l’homme le plus fort du Burkina connu pour son ardeur au travail.

Le journaliste sportif Adama Ouédraogo retient de lui d’un garçon très discipliné « et discret ». « Il travaille dur et sans relâche ce qui fait qu’il n’a plus rien à prouver sur le plan national. Lors des compétitions comme le championnat national, il est très respectueux des règles du jeu, ce qui est à son honneur », affirme-t-il. « Comme athlète, il est têtu, indique pour sa part André Ouédraogo. Il lui est arrivé une fois de venir s’entrainer pour une
compétition, quelques heures après avoir été sous perfusion et cela à notre insu.

Les performances de ce jour étaient faibles mais, c’est lorsque qu’une séquence de la séance a été publiée en ligne que quelqu’un, qui était informé de son état de santé, a attiré notre attention à ce sujet. Ceci pour dire qu’il exagère parfois dans le travail », relate son entraineur. Le cri du cœur du quintuple champion du Burkina, c’est pour un accompagnement conséquent afin qu’il puisse relever désormais des défis à l’international.

Voro KORAHIRE

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