Sept matchs, deux défaites, cinq nuls et une vague de doutes… L’Etoile Filante de Ouagadougou (EFO), club le plus titré du Fasofoot, traverse un début de saison compliqué malgré un recrutement ambitieux et l’arrivée d’un nouvel entraîneur étranger en début de saison. Entre reconstruction, pression des supporters et espoirs de renouveau, la Reine des stades cherche encore ses repères.
Les supporters de l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) attendaient une renaissance de
leur club en cette saison 2025-2026. Après des années difficiles, l’arrivée du technicien marocain, Rachid Ghaflaoui, et un recrutement jugé ambitieux avaient ravivé les espoirs.
Pourtant, après sept journées du championnat, le constat était amer : zéro victoire pour
seulement 5 points au compteur (cinq matchs nuls et deux défaites). Dans les gradins, les murmures se sont transformés en interrogations, parfois en critiques ouvertes. Certains pointent du doigt le coach, d’autres la jeunesse de l’effectif. Pour beaucoup, l’EFO semblait encore loin du niveau qu’exige son rang historique.

« Les résultats n’ont pas suivi, je le reconnais, mais la réalité du terrain est plus complexe », explique Rachid Ghaflaoui, lucide et serein. « A mon arrivée, la base n’était pas solide. Beaucoup de joueurs ont été libérés, et nous avons dû repartir presque de zéro avec un budget limité », précise le technicien marocain.
Si les débuts sont poussifs, ils s’expliquent aussi par la profondeur du chantier
entrepris. L’EFO a lancé l’une des reconstructions les plus ambitieuses de son histoire récente. En juillet 2025, le club a officialisé la signature du Marocain Ghaflaoui, connu pour sa rigueur et son profil de formateur. Sa mission : redonner une âme et une identité à une équipe en perte de repères. Pour cela, le club a multiplié les renforts dans l’intersaison.
Deux expatriés ivoiriens ont débarqué à Ouagadougou : Junior Zamma, avant- centre du Stella Club d’Abidjan, et Emeric Kouakou N’Guessa, formé au Centre Impérial de Football. Sur le plan local, le retour du défenseur Yacouba Derra et du latéral droit Alex Silga (tous deux de l’ASEC de Koudougou), ainsi que la signature de Omar Fofana dit Ramos (Sporting Club des Cascades), complètent un effectif largement renouvelé. Résultat, près de 95 % des joueurs sont nouveaux, beaucoup découvrent même la première division.
Un défi énorme pour un club de la stature de l’EFO. « Le bureau voulait une équipe compétitive mais aussi tournée vers la formation. J’ai accepté ce projet pour bâtir quelque chose de durable. Mais sans les moyens nécessaires, on doit avancer étape par étape », explique Rachid Ghaflaoui. Les débuts mitigés ont rapidement suscité des remous. Dans le milieu, on évoque un « malaise interne » et même un départ imminent de l’entraîneur.
Ghaflaoui, lui, préfère rester mesuré : « Si ma démission peut aider le club à aller mieux, je le ferai. Mais, je sais que les dirigeants comprennent la réalité du terrain. Nous avons posé les bases d’un projet solide ». Il déplore cependant le ton de certaines critiques médiatiques : « la presse a un rôle important à jouer, mais elle doit aller à la source des
problèmes. L’EFO a beaucoup changé. On ne peut pas juger une équipe reconstruite en deux mois avec les mêmes attentes qu’une formation championne ». Malgré la pression, le
technicien reste concentré sur son travail. Il promet de poursuivre sa mission « dans le respect du public et de la grandeur du club ».
Une victoire dans le derby pour souffler
Le succès lors du dernier derby face à l’ASFA Yennenga (ASFA Y) a apporté un peu de baume au cœur des fans. Après sept contre-performances (0 victoire), la victoire tant attendue à la 8e journée (2-0) a permis de calmer les esprits. Les supporters, longtemps inquiets, ont retrouvé le sourire. « C’est avec enthousiasme et un cœur plein de joie
qu’on reçoit ces trois points », confie Amadou Diarra dit Balaké, fidèle
supporter des Bleu et Blanc.
« Depuis le début du championnat, on voyait du jeu mais pas de victoire. Ce succès prouve que l’équipe progresse. Il y a de la jeunesse, de l’envie, et surtout du sérieux », ajoute-t-il. Pour ce supporter passionné, le projet Ghaflaoui mérite qu’on lui accorde du temps. « L’équipe a été renouvelée à 95 %. Beaucoup de joueurs découvrent la D1. Ce n’est pas facile, mais ils apprennent vite. Il faut continuer à les encourager », plaide-t-il.
L’ancien international Alain Nana, qui a longtemps porté les couleurs de la Reine des stades, appelle également à la patience : « quand on renouvelle un effectif et qu’on change
tout le staff, il faut s’attendre à des débuts compliqués. Le football est une affaire de
travail et de continuité. Cette victoire dans le derby montre que le travail commence
à payer ». Pour lui, il faut éviter la panique et accompagner le staff technique. « Rien ne sert de brûler les étapes.
Le projet est cohérent, il faut le laisser se construire », indique l’ancien capitaine des Etalons. Même son de cloche du côté d’Arouna Dermé, sage du club et observateur attentif. « Le jeu de l’EFO est intéressant, mais la finition pose problème. Le système actuel, souvent en 4-5-1, fatigue beaucoup l’avant-centre. Il faut peut-être repenser l’animation offensive. Mais dans l’ensemble, le coach fait son travail. La mayonnaise finira par prendre », estime-t- il. L’Etoile Filante de Ouagadougou n’est plus l’équipe conquérante qu’elle fut autrefois, mais elle tente de retrouver son identité.
Le projet actuel repose sur trois piliers : la formation, la discipline et la reconstruction progressive. Un pari risqué mais nécessaire pour un club en quête de stabilité. Les supporters, eux, oscillent entre exigence et compréhension. Ils savent que la gloire ne se reconstruit pas du jour au lendemain, mais l’impatience grandit à mesure que les points s’échappent. Le coach, pour sa part, garde confiance : « Rien n’est perdu. Le championnat est long. Nous avons une marge de progression importante.
L’essentiel, c’est de garder la tête froide et de travailler ». La première victoire tant
attendue sera-t-elle suffisante pour convaincre les dirigeants et les supporters
de lui accorder le temps nécessaire pour que « la mayonnaise prenne » ? Pour
l’heure, l’EFO, malgré les turbulences de ce début de saison, est remontée au
classement à seulement six points du leader. Les prochaines journées confirmeront si le Fassico remporté face au rival légendaire, l’ASFA-Y, a marqué le véritable coup d’envoi de la saison pour la Reine des Stades.
Pengdwendé Achille OUEDRAOGO








































