Le RCK veut entamer une course contre la montre pour remonter au classement

Longtemps considéré comme l’un des clubs les plus réguliers du Fasofoot, le Rail Club du Kadiogo (RCK) traverse en ce début de saison une zone de turbulences qui contraste fortement avec son histoire récente. Quadruple champion du Burkina (2005, 2016, 2017, 2022) et habitué aux titres nationaux, le RCK se trouve, après les huit premières journées du championnat 2024-2025, dans une situation sportive délicate qui interroge autant les supporters que les observateurs du football burkinabè.

Pour comprendre ce passage à vide en ce début de saison, il faut se plonger au cœur d’un club en pleine mutation, où les changements administratifs, les choix sportifs, les tensions internes et la perte de repères semblent avoir retardé la fameuse “mayonnaise” que tous espèrent voir prendre. L’arrivée d’un nouveau bureau exécutif, habituellement synonyme de renouveau, s’est transformée en marathon à obstacles. Le président du club, Bassibiri Simporé, raconte un atterrissage plus que mouvementé : « avant que notre nouveau bureau ne prenne effectivement les commandes, l’ancienne direction avait opéré des recrutements avec notre autorisation.

Nous voulions un effectif de 25 à 27 joueurs, mais ils en ont recruté 37. Certains anciens se sont même fixés leurs propres salaires ». Cette révélation résume toute la complexité de la situation. D’un côté, un effectif pléthorique et coûteux, de l’autre, des joueurs choisis par l’ancienne direction et non par le bureau actuel. Résultat, avec une masse salariale qui

Après la victoire éclatante face à l’EFO, l’intérimaire Roger Sirima et …

dépasse les 5,4 millions de francs CFA par mois, difficile à gérer pour un club dont la stabilité financière dépend surtout de la situation de son premier responsable. Pourtant, le président insiste : « il n’y a pas de crise financière.

Les salaires sont à jour, les primes ont été payées. Nous avons fait notre part ». Ce qui complique davantage les choses, ce sont les tensions dans l’encadrement technique. Une mésentente persistante entre le coach principal Mousso Ouédraogo dit « Mourinho » et ses adjoints a paralysé le travail collectif. Malgré une tentative, la conciliation est restée vaine. L’entraîneur principal a fini par jeter l’éponge, invoquant l’insuffisance de résultats. Ainsi, entre un effectif trop large, un staff divisé et des résultats catastrophiques, le nouveau bureau découvre les difficultés d’un club dont il ne soupçonnait pas la profondeur des fissures. Pour Bamoussa Traoré, le directeur sportif, les difficultés du RCK sont d’abord la conséquence logique d’un bouleversement total.

Une équipe totalement remaniée, en quête d’identité

« L’équipe a été remaniée à 90 %. Nouveau groupe, nouvel encadrement, nouveau bureau…, il faut du temps pour que tout cela prenne », se convainc-t-il. Pour lui, les joueurs ne manquent pas de talent, mais peinent à s’adapter les uns aux autres. Le manque d’automatismes est visible dans la finition. Le jeu est construit, l’intention est là, mais les buts ne suivent pas. « L’équipe joue bien au ballon. On s’entend, on se crée des occasions, mais on n’arrive pas à scorer.

C’est la baraka qui nous manque », regrette M. Traoré. Des insuffisances se font également sentir dans certains compartiments, notamment au poste de gardien. « Nous n’avons que

… le capitaine Nana sonnent la révolte

de jeunes gardiens. Ils sont prometteurs, mais il leur manque l’expérience des grands rendez-vous », détaille le directeur sportif. Le RCK travaille déjà à renforcer l’équipe et le staff. Un nouvel entraîneur est attendu. Le directeur sportif, malgré les difficultés, reste optimiste : « vous allez bientôt voir une autre figure du RCK ».

Dans un contexte où plusieurs clubs du Fasofoot connaissent des tensions budgétaires, le RCK fait figure d’exception. Les dirigeants le répètent. Le problème n’est pas financier. « Les joueurs sont payés à la fin du mois. Il n’y a aucun problème d’arriérés », assure Bamoussa Traoré, avant d’ajouter avec lucidité : « ce sont les résultats qui ne suivent pas. Quand ils viendront, tout rentrera dans l’ordre ». La plus grande inquiétude reste la position du club au classement. Derniers après huit journées, les Faucons du Kadiogo flirtent dangereusement avec la zone de relégation, un scénario impensable pour un quadruple champion du Burkina. Mais là encore, le directeur sportif refuse de céder au pessimisme : « nous sommes à seulement 11 points du leader. Rien n’est joué. Le haut du tableau reste notre objectif ».

Une 1re victoire lors de la 9e journée

Un message fort, qui rappelle que le championnat est encore long et que les équipes en difficulté peuvent rebondir spectaculairement, comme cette lumière venue lors de la 9e journée, avec une victoire convaincante des Faucon du RCK, la 1re de la saison, contre l’EFO. L’entraîneur intérimaire, Roger Sirima, fraîchement propulsé au premier plan, savoure cette bouffée d’air frais : « cette victoire était attendue depuis longtemps. On l’a fait avec la manière. On a gagné nos duels, on a été plus déterminés. L’efficacité est revenue, on a concrétisé 80 % de nos occasions ».

Le Directeur Sportif Bamoussa Traoré :
« il faut du temps pour que tout cela prenne »

Un succès qui pourrait servir de déclic. L’intérimaire Sirima insiste sur le travail effectué à l’issue de leur belle victoire. « Nous avons renforcé notre bloc, pour ne plus encaisser facilement. Et cela a payé », explique-t-il. Pour une équipe frustrée par son manque de réussite, cette victoire sonne comme une délivrance et un point de départ. Le capitaine, Eric Mohamed Nana, incarne la résilience du groupe : « match après match, on restait solidaires. On se parlait beaucoup. La frustration était là, mais on ne s’est pas laissé abattre ». Pour lui, les joueurs savent que la situation est grave, mais rien n’est irréversible. « On joue bien. Le problème, c’est la chance devant les buts.

Avec une victoire comme celle contre l’EFO, l’état d’esprit va changer », promet-il. L’unité du vestiaire pourrait être l’un des atouts majeurs du club dans les semaines à venir. Le président Bassibiri Simporé conclut avec un message qui dépasse les frontières du terrain : « le nouveau bureau est en apprentissage. Nous avons besoin de l’unité de toute la famille du club. Le RCK est au-dessus des egos ». Les Faucons possèdent l’histoire, l’identité, le public et le potentiel pour rebondir. Reste à savoir si la victoire contre l’EFO marquera réellement le début d’une nouvelle dynamique. Les prochaines journées seront décisives pour savoir si les Faucons sont prêts à reprendre leur envol.

Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

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