Les militants et sympathisants du président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, qui a pris le contrôle du pays à la chute de Robert Mugabé en novembre 2017 sont dans la tourmente depuis l’attentat qui a failli lui coûter la vie samedi dernier.
Alors qu’il prenait la parole pour s’adresser aux militants de son parti, la Zanu-PF lors d’une réunion à laquelle il participait à Bulawayo, au sud du pays, en vue de l’élection présidentielle du 30 juillet 2018, une violente déflagration s’est produite à côté de la tribune où se tenait le chef de l’Etat. Semant ainsi la panique dans la foule des militants qui ont pris leurs jambes à leur coup. Si le président Mnangagwa a été exfiltré avec succès par les éléments de sa sécurité, ce n’est pas le cas des deux vice-présidents, Constantino Chiwenga et Kembo Mohadi, qui ont été touchés par l’explosion dont le bilan se chiffre à des dizaines de blessés.
Principale cible de l’engin explosif, le président Mnangagwa a réagi dans le feu de l’action quelques instants plus tard sur la toile. « Cet après-midi, alors que nous nous étions rassemblés à Bulawayo, il y a eu une explosion. Continuons à être unis et à régler nos différends pacifiquement. La réponse la plus forte à la violence est la paix. La réponse la plus forte à la haine, c’est l’amour », a-t-il posté. Propulsé à la tête du Zimbabwé pour une période de Transition au lendemain de la chute de l’imprévisible Robert Mugabé, le 21 novembre 2017, après 37 ans de règne sans partage, Emmerson Mnangagwa est candidat à sa propre succession.
Mais depuis la survenue de l’incident, nombre de militants du parti présidentiel zimbabwéen, craignent pour la vie de leur leader. Eux, qui sont de plus en plus fondés à croire que des adversaires, travaillent souterrainement pour empêcher le président de la transition de se faire élire et de poursuivre les différentes réformes déjà engagées pendant la phase de la transition. Si ce n’est pour le « liquider » purement et simplement vu sa détermination à combattre certaines pratiques qui ont fait leur lie sous le règne de son prédécesseur. En effet, le nouveau chef de l’Etat a fait de la relance économie nationale et de la lutte contre la corruption deux grandes priorités.
Et de toute évidence, sauf tremblement de terre, Emmerson Mnangagwa devrait pouvoir passer haut les mains lors du premier tour du scrutin, face une opposition politique zimbabwéenne devenue orpheline depuis le décès de son leader charismatique Morgan Tsvangirai en février passé. Le principal challenger, Nelson Chamisa, le candidat du Mouvement pour un changement démocratique (MDC), parti de Morgan Tsvangirai étant déjà affaibli par des querelles de leadership au sein de sa famille politique. La peur des militants et sympathisants d’Emmerson Mnangagwa est d’autant plus justifiée que ce dernier a signifié que ce n’était pas la première fois qu’un complot du genre est mûri pour attenter à sa vie.
« Je suis un habitué de ces tentatives », indiquant qu’il a déjà échappé à plusieurs autres projets d’assassinat depuis l’éviction du «vieux crocodile» du pouvoir. Lâché par l’armée et son parti, pour avoir limogé le vice-président Emmerson Mnangagwa qui faisait certainement ombrage à son épouse, Grâce Mugabe, l’ancien chef de l’Etat du Zimbabwé, avait été contraint à la démission par les Zimbabwéens. Quoi qu’il en soit, le nouveau régime zimbabwéen qui tient à organiser des élections libres et transparentes n’entend pas céder à la peur. D’ores et déjà, le pouvoir a convié la communauté internationale, dont les premières délégations sont arrivées sur le sol zimbabwéen à l’observation des élections.
Beyon Romain NEBIE
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